Déclaration d'amour envolée à l'imaginaire...

Mathias Malzieu est connu pour le plus grand nombre comme le chanteur du groupe Dionysos. Pourtant, cette voix sautillante cache au fond de ses cordes vocales une sensibilité qui ne peut s'épanouir qu'en écriture. Une combinaison de mots entrelacés qui donnent comme résultat une mélodie d'images poétiques toutes cocasses et agréables à visualiser inconsciemment. Malzieu n'est peut-être pas le plus grand écrivain pour tous, mais il possède un style particulier qui, même étant nourri de références évidentes, sait trouver un chemin d'union pour se rendre unique.

"Métamorphose en bord de ciel" raconte les péripéties surréalistes d'un fou courageux, nourri et détruit par son rêve obsessionnel de voler. Ce personnage, entre Don Quichotte et le Petit Prince, apparaît d'abord comme un joyeux marginal mais il se révèle plus malin qu'il n'en a l'air. Il a la conscience de mourir et il ne demande qu'à voler peut-être vers un monde meilleur plutôt que de rester dans cette maisons aux murs transparents et aux gens habillés de blancs qu'est l'hôpital, qui lui rappelle avec souffrance sa condition d'être humain. Il est évident de constater que Mathias Malzieu joue encore une troisième fois avec le rêve et la réalité, de la même manière que Lewis Carroll maîtrisait l'absurde et le "non-sens' avec élégance. Seulement, l'accès qui aidera le personnage à s'élever reste ambigu : un amour indécis, qui hésite entre la passion charnelle ou les émotions à fleur de peau. L'écriture de l'auteur reste autant agréable pour les oreilles que pour son propre coffre à imagination. La force de style de Malzieu reste toujours de créer un monde merveilleux mouvant mais constamment identifiables par les métaphores truculentes qu'il véhicule.

Mathias Malzieu nous parle une fois de plus de sa sensibilité imagée, cette fois sous un regard plus contemplatif. Les péripéties ne sont pas nombreuses certes, ce qui peut ralentir l'effet de surprise pour le lecteur, mais la magie opère indéfiniment avec une brillance poétique dont sa candeur malicieuse se fait trop rare de nos jours. C'est un instant de poésie qui ne demande qu'à se savourer dans le présent, pour peu qu'on y adhère, tout simplement !