Bon, comme souvent quand je lis de l'intello de choc, je vais commencer par une évidence : pourquoi utiliser une langue aussi ampoulée et absconse ?
Le raisonnement de Hannah Arendt est intéressant, mais mince ! si on a pas un niveau universitaire ou équivalent, bon courage pour la lire ! Et vas-y les citations en latin ou en Allemand pas traduite (et on remercie aussi l'éditeur du coup), et youpi les mots compliqués qu'on n'a jamais croisé de sa vie !
Bref, un essai intéressant, mais réservé à un public de spécialistes. Du gâchis. Et pas plus de 6 sur 10 pour sa peine.
Ceci étant dit, la pensée d'Hannah Arendt est très intéressante.
Cet ouvrage est une pure construction éditoriale. Il s'agit de fragments de textes rédigés par Arendt et tentant de répondre à la question : "la politique a-t-elle encore un sens ?", notamment à l'époque moderne (comprendre dans le contexte de guerre froide compte-tenu de l'époque de rédaction de ces textes).
Le texte commence donc par une définition de ce qu'est (ou plutôt ce que n'est pas la politique) et ce qu'on entend par "sens" lorsqu'on parle de politique.
Hannah Arendt critique les propositions philosophiques sur la politique, au motif que les philosophes, en s'intéressant à l'Homme en tant qu'entité collective, nie toute influence individuelle dans le fait politique.
Pour elle, la politique se définit avant tout comme l'ensemble des actions existant entre les hommes, en dehors de toute considération sociétale. Elle rejette notamment l'idée selon laquelle le fait politique serait inévitable dés lors que plusieurs individus vivent de concert.
Elle définit aussi les liens existant entre les notions de liberté, de loi et de politique. Elle y fait notamment le distinguo entre les deux interprétations de ces notions dont nous avons hérité de l'Antiquité : la vision grecque et la vision romaine. Une analyse intéressante, mais qui nécessite tout de même quelques bases si on veut en profiter à plein.
L'ouvrage se conclut enfin sur une analyse des liens entre violence, guerre et politique. Là encore, très intéressant, mais aussi symptomatique de l'époque de rédaction.
Deux éléments particulièrement sont au cœur de sa réflexion : les régimes totalitaires (dont le monde venait d'expérimenter la version nazie et expérimentait encore la version soviétique) et ce qu'ils impliquent en terme de renoncement politique ; les armes nucléaires (elles aussi fraîchement expérimentées "en conditions réelles" sur le peuple japonais).
On sent ces deux questions prépondérantes dans son processus de réflexion, à raison, et les conclusions qu'elle en tire sont de mon point de vue assez justes. On mesure, en la lisant, à quel point ces considérations, le temps passant, s'éloignent de nos propres préoccupations.
Et pourtant, alors même que ces arsenaux atomiques existent encore, et que la tentation de régimes sinon totalitaires, au minimum liberticides, est dans l'air du temps, il est frappant de voir à quel point ces réflexions qui pourraient encore avoir de l'écho, n'en ont, en définitive, aucun.
Un recueil intéressant donc, un brin daté en raison de son contexte de rédaction, mais qui reste éclairant sur la politique et ce qu'elle devrait être, et remet en perspective un peu de notre monde moderne.