Sous le Lierre est : un roman sur l'individualisation des adolescents. Non : sur les enjeux environnementaux vus sous la lentille de l'ère post révolution industrielle. Non ! Une histoire d'amour contrariée aux accents de Roméo et Juliette. Non ! Plutôt une satire au vitriol de modèles sociaux s'accrochant à leur survie au point de s'enkyster, et des illusions tant de l'aristocratie que de la démocratie. Non ! ... une mise en scène de rites religieux qui tombent collégialement 'à côté' et oppressent de façon équivalente leurs ouailles. Non non... disons plutôt la démonstration que les hommes, toutes écoles confondues, ne comprennent décidément rien à leur(s) dieu(x). Non : une apologie de la Nature sous toutes ses formes, qu'il s'agisse de notre habitat ou de celle que l'on dit 'humaine'. Non non non : c'est la simple restitution, dans le cercle tragiquement fixe d'une société qui peine à se décider entre deux siècles, de l'énergie, de la témérité, de l'optimisme de la (verte) jeunesse, qui veut croire malgré un amas impressionnant de preuves contraires, que rien ne lui sera impossible.


Bon, on le devine... Sous le Lierre est (entre autres) tout cela.
Je ne dirais pas "en vrac", tant cette formule ne peut trouver à s'accoler à une autrice aussi réputée pour la précision de ses scalpels que pour la verve enchanteresse de son style. Au contraire, le montage est aussi rusé et efficace que d'habitude. Seul tranche, pour le lecteur habitué aux stances poétiques de Vertigen et aux phrases engagées et coup-de-poing de Frontier, ce ton faussement léger, enlevé et infiniment drôle, qui nous montre à quel point cette prouesse de strates, réalisme et complexités est facile pour elle.


Sans doute, en apparence, l'un des livres les plus abordables de Léa Silhol, qui réussit, comme à chaque fois, à susciter notre réflexion et notre engagement sur de grandes questions de société sans jamais tomber dans le didactisme ou le pontifiant.
A lire sans hésiter en binôme parents / enfants, les uns pour se rappeler quel genre d'adultes nous devrions nous garder de devenir, les autres pour résister aux parents qui n'auraient pas compris la leçon. ;)


Imparable !

Jackalex
10
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le 17 août 2016

Critique lue 671 fois

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Jackalex

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