(attention, spoilers!)

Pour ma toute première critique sur ce site, je décide d'écrire sur l'édition poche et française du tome 4 de l'épique saga « A song of Ice and Fire », intitulé « A Feast for Crows » en VO. Tome 4 saucissoné en 3 volumes par chez nous, « Le Chaos », « Les Sables de Dorne » et « Un Festin pour les corbeaux » constituant en effet les derniers chapitres de la saga traduits à ce jour dans notre belle langue de Molière.
Pourquoi ce volume, alors qu'il est communément admis qu'il était le plus « faible » de tous ? Pourquoi vouloir argumenter en faveur du « vilain petit canard » de la saga, alors qu'il serait tellement plus plaisant de souligner une fois de plus l'incroyable qualité des trois premiers livres ? (9 en VF) Cette incroyable lutte de pouvoir, ce crescendo insoutenable dans les rebondissements et révélations en tout genre, ces coups bas, trahisons et autres meurtres, qui nous laissent sur le c**, avec la simple envie de continuer, encore et toujours... Jusqu'au somptueux final de cette première trilogie !
Oui, cela aurait été peut-être plus agréable. Mais voilà, après avoir refermé ce douzième et dernier tome (à ce jour, en VF, précisons le encore une fois), je me suis tout naturellement dirigé vers Internet afin de récupérer quelques avis, quelques infos sur ce que je venais de lire, tout en évitant bien évidemment un spoil malencontreux (le tome 4 VO ayant été disséqué depuis le début de l'été à ce moment là).
Et je dois dire que ce que j'y ai trouvé m'a semblé pour le moins exagéré, voir d'une mauvaise foi évidente, car certains n'hésitant pas à qualifier ce volume d'erreur stratégique, de déception, voir d'arnaque, lui reprochant sa brusque cassure avec le rythme effréné des premiers volumes, de trop nombreuses longueurs, et surtout, la disparition intégrale du récit des trois personnages favoris des fans, à savoir Tyrion, Daenerys et Jon.
Certes, la cassure est plus que brutale, le récit reprenant sur des bases presque plus lentes que celles du premier volume. La lecture peut laisser d'autant plus perplexe que ce quatrième tome inaugure des chapitres qui ne nomment pas expressément le personnage qui va nous conter les évènements qui vont suivre. De ce fait, je peux comprendre que certains trouvent ce volume trop long, étant « forcés » de s'attacher à de nouveaux personnages, pas tous au niveau de leurs prédécesseurs, je vous l'accorde (les Greyjoy en premier lieu, mais même si leur querelles intestines m'ont quelque peu ennuyé au départ, je dois leur reconnaître un certain potentiel, et j'ai fini par suivre leurs aventures avec avidité !).
De même, je comprends tout à fait la déception quant à la disparition des personnages « principaux » de la trame du récit, la lecture devenant encore plus pénible sachant que nous devrons attendre encore de longues années avant de connaître le dénouement de nos arcs scénaristiques favoris. Cette attente étant encore plus douloureuse pour ceux qui suivent cette saga depuis les tous débuts –ce qui n'est malheureusement pas mon cas (après une première et timide incursion aux alentours de 2003, où j'avais difficilement parcouru les deux premiers livres en VF, je ne m'y suis de nouveau intéressé qu'à l'annonce de la mise en chantier de la série TV).
Donc OK, il est tout à fait concevable d'être quelque peu déçu par ce « Festin pour les corbeaux ». Mais de là à le qualifier d'arnaque, non.
Passons rapidement sur les « excuses » avancées par Martin à la fin de ce quatrième volume. Non pas qu'elles ne soient pas valables, au contraire ! (l'auteur a préféré découper l'histoire en fonction des personnages et non pas de la chronologie des événements, ce qui nous donne une focalisation sur le Royaume de Dorne, sur les Greyjoy, sur la quête de Brienne, et sur les jumeaux Lannister.) Ces explications (plutôt qu' « excuses »), sont, en ce qui me concerne, tout à fait recevables. Mais le livre n'en avait tout simplement pas besoin (mais nous, oui ! ;).
En effet, Martin n'a rien perdu de sa superbe et repart avec d'autres personnages pour nous raconter son « chant de la glace et du feu ». Son style est toujours aussi immersif, direct, il lui suffit de quelques mots, de quelques lignes pour que l'on se retrouve aux côtés de ses personnages, à voyager, combattre, comploter, vivre avec eux. Comment ne pas s'intéresser à Cersei, sombrant chaque jour un peu plus dans une paranoïa totale ? Comment ne pas ressentir de l'empathie pour Jaime, lui qui n'arrive plus à dessiner clairement les limites de son camp, qui n'arrive plus à être fier de son rang ? Comment de pas se réjouir de l'évolution de Sansa, potiche et transparente jusqu'ici ? J'ai parlé plus haut des Greyjoy, s'ils nous laissent au départ pour le mieux indifférent, leurs développements nous les laissent entrevoir comme une des plus sérieuses futures menaces de Westeros. De même pour les Dorniens, si j'ai tout d'abord été intéressé par eux uniquement grâce à l'ombre d'Oberyn et de son duel épique avec La Montagne, j'y ai ensuite découvert des personnages complexes et intrigants, bref, ne dépareillant pas un seul instant du casting de cette magnifique saga.
Et enfin, comment ne pas être touché par Brienne, à la poursuite des filles Stark, et dont le dénouement de la quête est on ne peut plus tragique ?
Non, ce « festin pour les corbeaux » ne mérite absolument pas tant de critiques, surtout aussi sévères. Il est normal d'être déçu par rapport à l'envie de connaître la suite des aventures des personnages « principaux », mais on ne peut être déçu de ce volume ci en tant que tel, car Martin nous en donne une fois de plus pour notre argent. Ses personnages sont fouillés, ont des évolutions passionnantes, il y a certes moins de rebondissements, mais c'est quelque part normal du fait de tous ces nouveaux personnages. On ne peut reprocher cette focalisation sur King's Landing / Port Réal, sur l'Ouest et le Sud de Westeros à Martin. C'est sa saga, c'est lui qui mène le récit, il est conscient de ses choix, et de l'attente insupportable que cela va créer chez ses fans.
Mais, encore une fois, c'est lui qui décide, et, d'un point de vue purement qualitatif, ce quatrième est à la hauteur de ces prédécesseurs.

Donc non ce n'est pas moins bon, attendez vous juste à être surpris, confus, perplexe puis vous serez happé comme vous l'avez été au tout début d' « A Game of Thrones ».
RatedR
8
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le 26 sept. 2011

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9 j'aime

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