La douce musique des premiers jours ensoleillés

Tous les ans, les premières belles journées ensoleillées font résonner dans ma tête ces quelques notes de flûte légères comme un courant d’air qui s’en vient faire voltiger vos cheveux dans le ciel bleu d’une après-midi printanière, et puis aussi ces quelques notes de guitare qui sonnent comme un après-midi paresseux allongé dans l’herbe à l’ombre d’un arbre et la chorégraphie de ses branches et de ses feuilles qui dansent sur vos paupières, et puis aussi cette voix qui sent bon le Ricard et le rosé et le doux fumé du barbecue et le melon et puis aussi le parfum des fleurs qui flotte doucement dans l’air.

Oui chaque année, les premières belles journées ensoleillées avec sa douce chaleur, ses terrasses qui débordent, ses parcs qui vivent, ses couleurs qui s’illuminent, sa verdure qui rayonnent, ses fleurs qui éclosent, sa lumière qui éblouit, ses oiseaux qui chantent, ses fenêtre qui baillent, ses tuiles qui s’embrasent, son macadam qui luit, ses bancs qui brulent, ses ballons qui rebondissent, ses vélos qui crissent, ses enfants qui crient, ses adultes qui rient, ses glaces qui fondent, ses chiens qui aboient, ses chats qui ronronnent, ses coccinelles qui émerveillent, ses chenilles qui hypnotisent, ses journées qui s’étirent, ses nuit qui raccourcissent, ses jupes qui ondulent, ses cheveux qui volettent, ses yeux qui pétillent, ses nuques qui scintillent, ses apéros qui s’éternisent, ses glaçons qui s’entrechoquent, ses bières qui dégoulinent, ses saucisson qui brillent, ses saucisses qui grillent, ses pastèques qui rafraîchissent et ses après-midi qui n’en finissent plus s’accompagnent dans ma tête de cette douce mélodie et je me vois dans ma chemisette flamants roses fonçant sur une route infinie, filant entre les plaines et les montagnes, les villages et les champs, le soleil à l’horizon, les arbres qui défilent, les vagues des épis de blés qui s’en vont se briser là-bas au loin, traçant vers un de ses couchés de soleil rouge incandescent qui illumine un ciel au dégradé enchanté.

Puis, les belles journées ensoleillées se succèdent, l’été arrive, cette flûte et cette guitare et cette voix s’envolent doucement dans les airs et voilà que déboule l’automne, sa fraîcheur et ses averses et il est temps de repartir sur les routes, mentalement au moins, envoyant tournoyer les feuilles orangées dans les airs pour accompagner notre procession à jamais.