Tout a déjà été dit sur Breaking Bad, mais je tiens tout de même à déposer mon grain de sable dans le désert, afin d'y laisser la trace de mon amour pour cette série.
Breaking Bad, c'est cinq saisons parfaitement maîtrisées sur l'histoire de Walter White, un homme simple, bon et honnête qui du jour au lendemain apprend qu'il est condamné à mourir de son cancer, et qui va changer de vie pour se tourner vers le milieu du crime. Cet homme tâtonne, se cherche, se construit, va se montrer hésitant, doux avec sa famille, puis va s'enfermer progressivement dans sa propre noirceur, dans son propre venin, du poison dans les veines, pour devenir une figure emblématique du mal. C'est l'évolution parfaitement menée d'un personnage qui petit à petit, épisodes après épisodes, péripéties après péripéties, grandira, se fortifiera de manière absolument logique et irrémédiable. C'est une spirale infernale que rien ne peut arrêter, qui aspire spectateurs et personnages dans un engrenage dont personne ne sort indemne.
Breaking Bad, c'est un voyage psychologique. Quels mécanismes de défense vont déployer Walt et Jesse pour faire face aux horreurs auxquelles ils sont confrontées, alors qu'ils vivaient jusqu'ici une existence des plus simples ? Comment ces deux hommes vont-ils réussir à surmonter ces épreuves ? Comment Walt, qui semble si faible, va-t-il supporter le fait de devoir tuer (dès le premier épisode) pour survivre ?
Ce voyage va se révéler intelligent dans sa manière d'aborder le rapport à la vie, à la mort, à la morale. Au départ, Walter sait qu'il va mourir et ne s'accepte pas en tant que truand. Il va ériger des barrières immenses pour faire en sorte que Heisenberg ne soit qu'un masque porté par Walter White. Mais que deviendra-t-il quand Walt sera obligé d'accepter Heisenberg comme faisant intégralement parti de lui-même ? Comment s'assumer ? Mourir... est-ce la solution qui permettrait de se détacher de ses responsabilités ? Tant de questions, tant de thématiques qui se révéleront passionnantes en début de série, et qui ne cesseront d'évoluer, de grandir avec les personnages et les événements pour devenir de plus en plus fortes et complexes.
Breaking Bad, c'est aussi des tas de personnages secondaires aussi complexes et fouillés que les principaux. Du bon ou du mauvais côté de la loi, ils seront tous passionnants et enrichiront l'univers de la série en lui apportant un contexte crédible et solide. Ils évolueront eux aussi, notamment Skyler et Hank, changeant presque de personnalité au cours de l'aventure. Contrairement à d'autres séries, les intrigues les concernant ne serviront pas simplement à combler un manque scénaristique, mais s'engageront dans l'engrenage parfaitement huilé de la série. Allez, je compte deux sous-intrigues qui n'apportent pas grand chose sur la série entière : la cleptomanie de Marie et la collection de minéraux de Hank. Et encore, ce n'est pas non plus inutile.
Breaking Bad, c'est un suspense à s'arracher les yeux, ce sont des péripéties grisantes, complètement folles car crédibles. Une des plus grande force de la série selon moi est de présenter ces aventures sans artifices. Ici, pas d’ellipses destinées à sortir les personnages de l'embarras, pas de facilités narratives pour oublier tel ou tel événement gênant... Non, chaque épisode a une répercussion directe sur le suivant. Je pense particulièrement au début d'un des premiers épisodes de la première saison, où les personnages lavent le sol imbibé des restes d'un homme dissous à la fin de l'épisode précédent. Même ça c'est montré, là où ça aurait été skippé ailleurs. Et ça, c'est la classe. Et c'est ainsi que se crée un suspense du feu de dieu, où chaque nouvelle situation semble plus désespérée que la précédente.
Breaking Bad, c'est une série qui ose. Une série qui assume son antihéros, et qui le fera être véritablement un antihéros. Méchant pour de vrai, pas pour aider les autres, par égoïsme, pour se sauver lui. Un antihéros qui fera du mal autour de lui, à ses ennemis, à ses proches. C'est une série parfois choquante, qui crache allègrement sur la morale. Breaking Bad va jusqu'au bout de son concept, et rien que pour ça cette série vaut de l'or. C'est de nombreuses scènes et répliques bouleversantes, dramatiques, intenses, cultes même, qui resteront à jamais gravées dans l'histoire de la télévision.
Breaking Bad, c'est Bryan Cranston qui incarne son personnage comme un dieu. C'est le père de Malcolm qui devient fou et qui joue encore mieux qu'avant. C'est sa voix rauque, sa voix marquante qui résonnera toujours dans ma tête. C'est aussi tout une panoplie d'acteurs excellents gravitant autour de lui, sans que personne ne soit en reste. Ils sont tous brillants, et qu'il est beau de les voir étinceler ensemble.
Mais Breaking Bad, c'est aussi quelques erreurs à certains moments qui lui évitent la note maximale. Par exemple les deux frères du cartel mexicain de la saison 3, trop clichés selon moi, pas assez intéressants, faussement badass, un peu ratés. C'est un petit flottement dans la saison 4 où les situations n'avancent pas. Rien de dramatique, mais c'est notable.
En somme, c'est une série brillante qui me marquera pour longtemps et que j'ai déjà envie de revoir. L'intensité de la dernière saison vaut à elle seule le visionnage. Si vous aimez les séries à suspense, ne vous en privez pas. A recommander chaudement.
Ce qui est marrant, c'est que vu que toute ma critique est la conclusion de mon avis sur la série, j'ai du mal à conclure cette conclusion. Pourtant, la conclusion de la série en elle-même est parfaite. Alors vu que je suis beaucoup moins parfait... on a qu'à dire que je deviens bûcheron, et on s'arrête là.
