Breaking Bad
8.6
Breaking Bad

Série AMC (2008)

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Du père de famille enfermé dans sa bienséance étouffante et son écrasement permanent au grand Heisenberg, chauve, marqué de traits rudes et au bouc rutilant, il s'est déroulé beaucoup d’événements... Et oui, voilà maintenant cinq saisons que les "BreakingBadAddict" suivent le récit sombre de la vie de "Mr White". Le 11 août prochain, sera diffusé le premier épisode de la deuxième partie de la cinquième et ultime saison de Breaking Bad. Une attente qui torture les fans du chimiste va donc s'estomper en partie. Une occasion pour se replonger dans cette série devenue culte et voir pourquoi il est nécessaire pour les néophytes de rattraper leur "retard".

Le pitch de départ paraît simple mais original : Walter White, un professeur de Chimie soufflant pratiquement ses cinquante bougies apprend qu'il a un cancer des poumons, incurable. Un bouleversement dans sa vie qui va le pousser à reconsidérer l'avenir de sa famille. Il décide de se plonger dans la fabrication de méthamphétamines pour subvenir aux futurs besoins de ses proches.
L'évocation du scénario nous amène à un premier point, l'une des forces principales de la série : la construction profonde de son univers et ses personnages. TOUS sont exceptionnellement réalistes, fascinants et captivants. Ils structurent un ensemble dense qui n'appuie que très rarement la prépondérance du personnage de Walter White.
Sa femme, Skyler, que certains trouvent agaçante, tient un rôle important. Son personnage doit faire partie de l'intimité de Walter, ce cercle précis qui, opposé au monde cruel de la drogue crée un contraste profond et surtout efface toute trace de manichéisme. Le jeu d'acteur est exceptionnel. Celui qui gigotait efficacement dans tous les sens en père de famille inconscient dans Malcolm, offre ici un jeu subtil, reposant sur de légères variations, et appuyant la complexité du personnage. En effet, Bryan Cranston, fascine par la progression autant psychologique que physique, de son personnage. On trouvera ainsi la différence frappante si l'on compare les saisons 1 et 5 mais suivre la série de bout en bout rend cette progression savamment déroulée. Il en est de même pour tous les personnages, animés par des acteurs brillants (Aaron Paul, Dean Norris, Anna Gun, RJ Mitte, Betsy Brandt, Giancarlo Esposito, Bob Odenkirk, Jonathan Banks) auxquels on s'attache. Un attachement, qui, associé à une mise en scène grandiose, encercle les personnages d'une vulnérabilité inhabituelle. Certaines scènes se dotent ainsi d'une tension parfois oppressante. Il n'est pas surprenant de stopper tout clignement d’œil ou de cramponner son canapé dans certaines fins d'épisodes tant le destin des personnages est incertain.
Le duo White-Pinkman n'a rien de niais mais comporte plutôt un caractère oscillant selon les épisodes. Les relations inter-personnages ne sont jamais fixées, elles mutent intelligemment en servant une intrigue dense et riche. Aaron Paul donne à Jesse Pinkman un souffle parfait. On retiendra son fameux "Bitch" ou "Yo" qui s'inscrivent au Panthéon des répliques cultes. Répliques qui sont nombreuses dans la série tant les dialogues sont superbement construits.
Le jeu d'acteur nous permet d'aborder un autre point non négligeable : le doublage. Sans élitisme, je me permet de dire que le doublage français n'est vraiment pas bon. En tout cas pas pour cette série. En effet, le pauvre Jesse se voit affublé d'une voix d'ado tout juste post-pubère et la VF ôte toute puissance dramatique à la série. Non, vraiment, préférez la VO.
De plus celle-ci s'inscrit dans une bande son de qualité. Les saisons 4 et 5, notamment comporte des scènes qui deviendront certainement cultes en associant mise en scène rythmée et thème musical connu.

Le dernier aspect que nous aborderons est celui de la mise en scène. Ingrédient majeur, celle-ci permet d'aborder principalement de rendre les épisodes plaisants, fluides et captivants. Mission remplie. Les pré-génériques sont d'une qualité exemplaire, par leur simplicité et l'effet de surprise inexorable qu'ils suscitent. Une petite pastille terriblement jouissive qui ferme les portes de votre réalité et vous fait entrer à part entière dans cet univers fascinant. Il est rare, voir impossible, de trouver dans un épisode une fioritures ou effet de mis en scène cache-misère. Seuls quelques plans accélérés placés à bon escient parsèment une mise en scène simple mais terriblement efficace.
Il y aurai une dizaine d'autres pages à remplir sur cette série tant celle-ci regorge de qualités indéniables. Les personnages sont énigmatiquement géniaux, la mise en scène et le sens de la photographie flattent la rétine, l'intrigue est véritablement addictive, tout relève de l'excellence et je pèse mes mots.
5 saisons, 62 épisodes, plus de 2700 minutes de pur bonheur, de frissons, de rire, de pleurs... Un fichu succès !
Un succès autant public que critique car les Emmys pleuvent sur Breaking Bad, et c'est bien mérité.
Je met cette série en deuxième dans mon classement, derrière RIS : Police scientfique (parcequ'il ne faut pas déconner non plus).
Par ailleurs, je donne un 10, carton plein, ne serai-ce que pour rendre hommage à BREAKING BAD.

Note à part : j'espère que cette critique vous a plu et surtout qu'elle vous incitera à filer voir cette petite merveille de la petite lucarne. N'hésitez pas à commenter pour me donner votre avis sur mon écriture, mon avis et tout le tintouin. ;-)
Waltor
10
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Créée

le 5 août 2013

Modifiée

le 5 août 2013

Critique lue 675 fois

4 j'aime

Waltor

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4

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