Une série qui a commencé sur les chapeaux de roue, un concept à la fois simple et évident mais tellement bien trouvé, une phrase d'accroche du meilleur effet. Ici Kyan Khojandi et Navo prennent le contre-pied de la majorité des défauts que l'on reproche à la plupart des scénarios en mettant en scène quasi systématiquement des personnages stéréotypés ce qui rend encore plus évident l'assimilation à ceux-ci.
La principale force de "bref." c'est de présenter très rapidement les scènes de tous les jours en ne faisant ressortir que les plus gros défauts de sociabilité des personnages. C'est ainsi que seront plus ou moins ridiculisés (en fait, surtout médiatisés) nos tics, habitudes, expressions et gestuelles les plus courants.
Son format 3min permet de présenter uniquement l'essentiel et octroie aux créateurs la possibilité d'étayer dans un autre épisode ce qui aurait pu leur échapper mais permet surtout de condenser les situations pour ne pas vraiment laisser le temps au spectateur de réfléchir engendrant la situation comique par mécanisme. Dans chaque épisode, sont présentés deux formes de narration, le dialogue (interne à la situation) et le récit (qui présentera la plupart des didascalies et autres faits, gestes et pensées du ou des personnage(s)). C'est aussi ce qui permet de rendre certaines situation comique comme le "je l'ai regardé, il m'a regardé, je l'ai regardé", ça paraît bête, mais les situations dans la vie courante sont finalement très bien retranscrites.
Le thème étant toutes les petites choses communes de la vie courante, les sujets pouvant être abordés dans chaque épisodes sont donc extrêmement variés et ne s'épuiseront pas de si tôt.
Les épisodes sont souvent exagérés (parfois pas assez) pour être sûr d'impacter le maximum de personnes, l'épisode de l'ascenseur par exemple, est tellement commun qu'énormément de gens pourront s'y identifier et pourtant, bien moins de personnes, dans un ascenseur, oseraient se ... détendre. A contrario, un épisode comme celui de la policière semble déjà bien moins courant.
Par ailleurs, le titre est également le plus gros coup marketing jamais réalisé. On ne peut désormais plus dire "Bref" sans penser au fond de sa tête à la série, alors que je défie quiconque de ne pas dire une seule fois ce mot lorsqu'il est en société.
Le point noir de cette série est que son humour est essentiellement basé sur son comique de situation général et qu'il devient drôle uniquement du fait de voir à l'écran une situation qui nous est déjà arrivé dans la vie de tous les jours, et que lorsqu'on à fait le tour des situations les plus répandues et les plus basiques, on se retrouve à "perdre" un certain publique (moi notamment) qui s'identifie de moins en moins aux situations. Effectivement, la série à su conserver une bonne linéarité, lorsqu'un épisode n'était pas apte à réunir suffisamment de personne autour, une blague était présente (le coup du psy avec le chat par exemple), maintenant, ces blagues sont de moins en moins récurrentes, les comiques de plus en plus prosaïques et la série est obligée de laisser place à une histoire (d'amour, ou de tromperie, enfin un peu de tout) ce qui casse d'une certaine manière à la fois le rythme de la série mais aussi ce qui faisait son charme initial ("cette fille" est devenue "ma copine", le père est drôle mais parfois trop présent etc...).
De plus, certains "guest" ne sont pas anodins, notamment ceux avec Norman, Davy Mourier et Mr Poulpe, le Palmashow etc, sont présent parce qu'au final, faut être honnête, ils font exactement la même chose, la seule différence sont: l'approche, la réalisation des épisodes et l'humour, mais les thèmes et sujets sont majoritairement piochés dans le même panier.
Donc au final une série qui au début comptait ces épisodes gâchés sur les doigts de la main mais qui s'est très vite essoufflée pour répondre à une demande très forte et qui maintenant compte ses épisodes réussis au compte goutte. C'est dommage, car parfois le sujet est bien, mais mal abordé.
Avant de conclure, un second défaut est de mise dans cette série, dû à son format très rapide, c'est la mémorisation des noms des personnages. L'épisode allant vite et le personnage pouvant parfois ne pas être apparu depuis un bon nombre d'épisode, son prénom (ou sa dénomination) passe vite à la trappe.
Edit: Je viens d'apprendre que "bref." s'arrête. Leurs raisons sont honorables, finalement un petit regret de ne pas avoir vu certains personnages plus souvent, de ne pas avoir eu certains aspects plus détaillés mais ils ont su s'arrêter au bon moment. Certains récents épisodes étaient les mêmes que d'autres plus anciens selon un différent point de vue, c'est là la preuve que la série voyait ses dernières heures arriver mais c'était un procédé finalement assez intéressant puisque le rendu s'avérait plutôt pas mal. Le grand avantage de la série est qu'on ait pu voir certains acteurs/humoristes dans un autre contexte que celui auquel nous étions habitué, qu'on sait désormais qu'ils pourront se renouveler et on espère donc avec impatience les voir dans d'autres projets tout aussi innovants et frais que "bref.".