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Je me demande pourquoi on en a fait tout un foin. C'est franchement pas terrible. Si j'ai persévéré dans le visionnage de la série, c'est par acquit de conscience. Mais entre le design quelconque, les multiples incohérences, la bande-son insipide (j'ose à peine évoquer les effroyables génériques), le scénario aux fraises et la technique à l'ouest, j'ai bien peur de devoir déclarer cette série, au final, coupable de médiocrité et par le fait même d'engouement abusif. Comme si ce cher Zero avait flashé les connexions neuronales de millions de gens.

Code Geass cultive le classicisme et reproduit les clichés éprouvés par ses pairs. On ne peut pas être touché par une oeuvre qui n'expérimente rien, se repose sur les lauriers de la concurrence, et se complaît dans les formules toutes faites. A moins de n'avoir pas connu plus de trois séries de japanim'. Mais l'aversion que j'éprouve pour Code Geass vient avant tout du fait qu'il se montre mauvais à tous égards. La partie technique, tout d'abord, est d'une faiblesse rare pour une production de cette envergure. Le scénario, ensuite, n'est ni surprenant ni original (synopsis : un lycéen avec un super-pouvoir prend la tête d'une rébellion dans un monde futuriste délabré où se jouent des conflits territoriaux et des luttes de classes), et surtout la cohérence n'est jamais de mise.

A partir du vingtième épisode, les évènements prennent une tournure à vous hérisser les poils de cul. Ça verse dans le nawak le plus total, et les bons sentiments débordent de la cuvette (avec une princesse Euphemia qui nous la joue Cammie Dunaway). Zero, censé plus vicelard qu'un Yagami Raito, s'allie à son meilleur ennemi, Suzaku le décérébré, le temps d'un one-shot héroïque pour défaire les maychants Nippons qui veulent faire main basse sur leur propre nation par le biais de "violences déraisonnables" (dixit Lelouch, même si celui-ci n'a pas hésité à massacrer le front de libération du Japon à bord d'un tanker, juste pour créer une diversion lol). Franchement exécrable. A noter que l'épisode 9 revient sur les évènements passés, dans une succession de scènes déjà vues lors des huit épisodes précédents (stigmate bien représentatif du zèle inexistant de Sunrise à rendre une copie décente).

On va dire qu'à la limite, tout le côté artistique relève de la sensibilité personnelle, même si j'ai du mal à comprendre comment on peut considérer les personnages, l'univers, ou le scénario travaillés. En revanche, pour ce qui est de la technique, Code Geass est à la ramasse. L'animation est tout juste correcte, et le trait de dessin grossier au possible. Le rythme est bon et c'est bien tout. Ce qui ne m'a pas empêché de lâcher prise au milieu d'un épisode (j'ai du revenir en arrière, mon attention avait glissé vers des songes certainement plus accrocheurs). La faute à un scénario poreux comme pas permis et un univers pour le moins absurde. L'attitude du corps militaire brittanien en est l'illustration, avec une politique d'épuration ethnique qui côtoie sans complexe un sens exacerbé de la justice. Enfin le mieux c'est encore le comportement de Lelouch, qui efface tout souvenir de lui dans l'esprit de Shirley au lieu de lui faire simplement oublier la scène de l'incident à l'entrepôt maritime. Un recours minable, prétexte des scénaristes (stagiaires ?) pour conférer un aspect dramatique à une histoire en manque de souffle. Dans le genre bidon, j'ai bien aimé le fait que Lelouch emmène sur lui la photo de sa soeur kidnappée, tenue bien en main, comme si ça pouvait lui servir d'indicateur, pour mieux se faire prendre par Suzaku (malins ces stagiaires...). Il y a aussi le message vidéo que Lelouch prend le temps d'enregistrer à l'adresse de Mao, ayant deviné ses agissements avec une exactitude déconcertante, pour le diffuser sur un grand écran comme de par hasard disposé à proximité de son destinataire alors qu'on se trouve dans un parc d'attractions, dans un but indéterminé étant donné que la police débarque dans le même temps par la volonté de Lelouch pour buter Mao. Je pourrais aussi évoquer la partie d'échec dans l'église, durant laquelle Lelouch pourrait très bien se jeter sur la balance pour désactiver la bombe reliée à sa soeur, Mao n'aurait pas le temps de l'en empêcher même s'il connaissait son intention à l'avance. Mais il fallait que Suzaku surgisse par le vitrail pour que le spectateur comprenne l'astuce du Geass effectué par Lelouch sur lui-même, alors les scénaristes stagiaires grévistes ne pouvaient pas lui permettre d'agir de façon trop logique. *sigh* Je vais m'arrêter là pour les incohérences.

Même la bande-son ne peut venir en aide à ce fatras de nullités. On a droit à un thème récurrent pour chaque épisode, qui est assez plat bien que pas mauvais. J'ai du entendre une seule autre musique, et il s'agissait d'un morceau de J-pop abominable. Bon, cela étant, je dois reconnaître que le tout dernier plan est très classe. La fin en elle-même n'a rien d'exceptionnel, en revanche.
DrunkenBastard
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le 1 sept. 2010

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