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Code Geass fait parti de cette minorité de séries à être d'abord passée par la case animé avant de venir au manga. Une situation étonnante, mais qui est plutôt bonne vu que le principal soucis des adaptations c'est les temps morts (afin de garder une marge vis à vis de l’œuvre originale). Mais le plus surprenant c'est l'énorme qualité d'un animé qui, pourtant, apparaissait comme un pari risqué.
Code Geass en effet combine de nombreux univers. Le principal est l'aspect uchronique de la série bien sur. Un monde où Napoléon aurait vaincus les anglais, les poussant à s'exiler aux Etats-Unis, créant un vaste empire. Une division du monde en 3 forces principales qui n'a rien à envier aux plus célèbres récits futuristes ou uchroniques (fatherland, 1984). En plus de cela, nous avons un aspect science-fiction qui conduit à un dessin animé rempli de mécha. Nous avons donc beaucoup de combat, de guerre, de violence. Un côté Gundam qui ressort d'autant plus quand on voit les intrigues politiques liées à cette uchronie. Notons également un côté très "jeu d'esprit" avec un héros, Lelouch calqué en grande partie sur Light Yagami de Death Note. La série a effectivement une grosse influence de ce côté-ci avec deux héros très proches, notamment au niveau intelligence supérieur, alter-égo secret et franche tendance psychopathe. La différence réside cependant dans l'aspect émotionnel (voir humoristique) que Code Geass parvient à garder créant des relations sociales autour de Lelouch, le rendant plus humain, et donc, encore plus charismatique.

On a donc beaucoup d'intelligence, des combats de méchas, des intrigues politiques, des histoires de vengeances, mais aussi de l'amitié et des relations amoureuses. A ce point, notons que les auteurs se permettent toutes les folies (notamment une Nina lesbienne qui se masturbe devant des photos de la princesse Euphémia) puisque Lelouch a des émotions d'une rare complexité. Si il garde une sorte de béguin d'enfance pour sa demi-soeur Euphémia, il n'en est pas moins intéressé très fortement par Sharley sans savoir avec certitude si il l'aime ou non (bien qu'on puisse penser que oui), dans le même temps Kallen est amoureuse de lui sous son identité secrète de Zero tandis qu'il fait fondre C.C la sorcière qui lui a donné le geass, et qui commence à le séduire aussi.
Ha oui, parce que j'ai omis le fait qu'il y avait de la magie ...
On va donc reprendre. Dans ce monde (où il y a des méchas), le Japon a été envahi par le Saint-Empire de Britannia (en gros les méchants pas beau, méga facho qui gagnent des points godwin dès qu'ils parlent). 7 ans plus tard, les japonais sont appelé Eleven car le Japon est désormais la Zone 11 de l'Empire. Lelouch est un jeune étudiant britannien qui cache à tous son identité secrète. Lui et sa soeur (qui est aveugle et handicapé) sont des héritiers au trône (enfin, précisons qu'il y a une vingtaine d'héritier quand même) de l'empire, mais ils se cachent suite à un attentat qui a couté la vie de leurs mère et a condamné la petite Nunally (la soeur) a cette vie pas très facile (deux handicaps et pas de seins, ça fait chier quand même). Du coup, tous le monde les croit mort et Lelouch entend bien se venger de ce système pourrie en détruisant l'empire et en tuant son propre père : l'empereur de Britannia.
Or, il se trouve qu'un jour, suite à une attaque de terroriste (des japonais qui souhaitent retrouver leurs indépendance), il rencontre C.C, une femme immortelle qui lui donne le Geass, un pouvoir magique dans les yeux qui se manifeste différemment pour chacun. Dans son cas c'est simple : il peut ordonner n'importe quoi à n'importe qui à condition d'avoir un contacte direct avec les yeux de la personne. Par contre, ça ne marche qu'une fois par personne. Après avoir utilisé son pouvoir pour ordonner un suicide collectif à des soldats qui voulaient l'exécuter, Lelouch décide d'utiliser son Geass pour créer une nouvelle organisation (l'Ordre des Chevaliers Noirs) afin de reconquérir le Japon (avec l'aide des résistants japonais), une façon pour lui de commencer un plus vaste plan : détruire Britannia et tuer son père (toujours ce bon vieux complexe oedipien). Pour se faire, il prend l'identité secrète de Zero.
Mais en prime, son ami d'enfance, Suzaku, devient pilote d'un Knightmare, sorte de méga-mécha, mais le sien c'est le Lancelot et avec un nom pareil, il a forcément la classe. Donc en gros, à chaque fois il dégomme la gueule aux Chevaliers Noirs grâce à ce mécha-supérieur. Sauf que Suzaku est japonais, qu'il entend améliorer le système de l'intérieur pour mettre fin au racisme d'état (j'en avais pas encore parlé) et que donc il a de bonne fin, de bon moyen mais est dans le mauvais camp. L'exacte inverse de Lelouch qui lui est, grosso merdo, un bon connard, mais qui du coup, est dans le camp de la liberté du peuple japonais. Et en prime les deux amis ne savent pas respectivement qui ils sont réellement (enfin Suzaku sait que Lelouch est un prince, mais il sait pas que c'est Zero).

C'est bon ... Vous suivez ?

Ba rassurez vous, ce n'est que le début !
Parce que l'oeuvre ne cesse de se complexifier !
Enfaite, l'histoire est remplie de sous-faction, de sous-groupe et de plein de situation spécifique. Il y a ainsi un combat aux seins de Britannia entre ceux qui sont pour que seuls les Britanniens soient dans l'armée (les puristes) et ceux qui sont pour ouvrir les rangs à des britanniens honnaires (comme Suzaku). Du côté des chevaliers noirs, en plus des japonais il y a des britanniens renégats. Et n'oublions pas que les terroriste japonais ne sont pas tous avec Zero dès le début, il y a le front de libération du Japon, les 6 familles de Kyotos, le gouvernement exilé en Chine ... Bref un beau merdier !
Et bien sur, il y a aussi toute la famille royale qui vient foutre son grain de sel, et ça devient bien complexe.
Sans oublier les méchas, car il y a plusieurs modèles et donc chacun ayant ses forces, pouvant compenser des erreurs stratégiques dans les deux camps.
Et malgré cela, il ne faut pas oublier les histoires de coeurs, qui sans être méga présentes, sont quand même à ne pas omettre.

Bref, on a un énorme foutoir de plein de trucs ... Et ça reste incroyablement cohérent ! Pire : une fois les 3 premiers épisodes digérés (ce qui n'est pas facile, je le concède), on commence à bien comprendre l'histoire et tout rentre dans sa tête avec une facilité déconcertante.
Notons que les histoires sonnent souvent juste, notamment avec des complexités émotionnelles très développés. Le character design de Clamp aide à ce sujet, rendant les personnages très beaux, très fins et encore plus touchants.

Le hic finalement, c'est l'aspect "happy" qu'a cette série. Les morts sont souvent des "gros batards" que personnes n'aiment. Lelouch parait manipulateur mais pas tant que ça non plus ... Finalement ça reste très gentil durant toute la série. On dirait donc un Death Note complexifié mais aussi plus enjoué ... Grosse erreur !
Car cette série est en réalité l'introduction à la seconde saison, qui elle est vraiment sombre. En effet, dans l'épisode 22 de la saison 1 (la série que je commente), Zero n'a d'autre choix que d'accepter les ténèbres, le mal, et donc, le gentil Lelouch qu'on avait jusque là, qui n'était pas si méchant, qui était quand même un peu sensible, amoureux, etc ... Ba on l'oublie, il embrasse son sadisme, désormais, la fin (sa vengeance) justifie tous les moyens. Je ne spoile pas, je ne raconte pas la fin. Disons juste que finalement si on peut regretter le côté parfois un peu "gentil" de cette saison, c'est pour mieux amener à ce dénouement final.
Il y a aussi une volonté de parler des autres personnages dans cette série, pas que Lelouch ou Suzaku. Les quelques épisodes sur Mao (un autre possesseur du Geass) sont très intéressants. Les épisodes à l'école sont également très cool, notamment avec le personnage de Sharley, adorable ... Tout l'inverse de Nina qui représente bien le racisme inhérant à de nombreux britanniens, qui réagissent comme des petits vieux de la campagne face à un algérien ("ces étrangers, tous des voleurs/tueurs/égorgeur de chattons").

De par sa complexité dans l'histoire, dans les personnages et finalement, dans le dénouement qui ne peut que arriver, Code Geass est une série d'une grande qualité, qui devient vite addictive et qui amène rapidement à se bouffer tous les épisodes.


PS : J'ai pas eu l'occasion de le dire, mais la BO est génial, les musiques collent parfaitement à l'ambiance, tragique quand il le faut, joyeuse et festive pour les moments de "folies à la japonaise", et bien sur un côté royal, majestueux et même carrément pompeux dans les instants politique.
mavhoc
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le 4 avr. 2014

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mavhoc

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