David Jacobs, le créateur de Dallas, est un sacré roublard.
Vingt ans après le dernier épisode, et une ribambelle de séries "modernes" reléguant sa série-phare au rang de kitscherie parcheminée, il revient nous dire qu'à Dallas, son univers est toujours aussi impitoyable. Et même encore plus que ça.

Pari plus qu'osé. Entre-temps, on a eu Internet, Smallville, Dexter, Game of Thrones, les scandales écologiques, et surtout on a eu Georges W. Bush. Donc pas mal de handicaps pour son revival.
Fallait quand même en avoir dans le pantalon pour déterrer un mort, et faire un update qui tienne la route (Gros carton dans les audiences US, au passage).

Pari osé, mais pari plutôt réussi, je confesse ! Pourquoi ? Parce que Jacobs fait du moderne, mais en gardant les vieilles recettes qui ont fait son succès, tout simplement. Et les aficionados, dont je faisais partie, ont vite retrouvé leurs vieux marqueurs. En vrac, après avoir vu 2 épisodes en VOSTFR :

- Une atmosphère presque encore plus complotiste qu'avant.
- Des scènes toujours courtes entre les protagonistes, où un complot ou sur-complot, est échafaudé ou éventé, c'est selon.
- A la fin de chacune de ces scènes, l'un des deux acteurs a toujours les yeux perdus dans le vague (en général, il a appris un truc qui ne lui a pas fait plaisir...).
- Les grands chapeaux texans (ça c'est pour la blague).
- Et bien sur, le fameux cliffhanger de fin d'épisodes qui va nous pousser à télécharger le prochain.

Mais au-delà de ces "tricks", et d'une mise en scène modernisée, mais classique (un peu trop papier-glacée à mon goût), force est de constater que la sauce prend toujours grâce à un ingrédient essentiel : Ses "vieux" acteurs, au charisme encore intact :

Bobby, malade du cancer dès les premières minutes du 1er épisode, a encore une belle prestance.
Sue Ellen, reconvertie en femme de pouvoir, est époustouflante de beauté pour ses 74 ans.
Et bien sur, The Bad Guy, JR, 80 ans passés, le chapeau vissé sur sa tête blanchie, en maison de retraite, mais dont l'oeil n'a rien perdu DU TOUT de sa perfidie. Et on comprend que toute l'âme de la série, sa clé-de-voute centrale se trouve dans cet éclat maléfique-là : l'oeil de JR, maitre manipulateur.

En aparté, il y a quelque chose de bizarre de voir ces dinosaures projetés dans notre monde technologique (mail, caméras espions, iphone...), comme s'ils avaient été expulsés d'une machine à avancer dans le temps. Mais rassurez-vous ! JR se traite lui-même de "vieux schnock" qui préfère voir les gens en face plutôt que d'envoyer un mail : il vit toujours en 1980 dans sa tête.

A côté de la vieille garde, c'est "tels pères, tels fils". Entendez par là que Christopher, fils de Bobby, est le gentil qui veut tirer les Ewing vers les énergies renouvelables. Alors que John Ross, le fils de JR, est du même bois que son père, et ne croit qu'au bon vieux pétrole bien salissant. A certains égards, ce jeune con souvent énervé, et dévoré d'ambition semble même pire que son paternel, sans avoir le sourire du requin...

Et le ton est donné dès le départ : toute la série repose sur l'affrontement Christopher - John Ross, opposés en tout. Avec la famille, alliée ou ennemie, autour de ces deux héritiers bodybuildés (voir l'affiche : on se demande ce qu'ils foutent tous à moitié à poil).
Bien sûr, on voit davantage les jeunes que les vieux - question de santé on imagine - mais on ne peut s'empêcher de se demander si la série ne s'effondrerait pas si JR cassait sa pipe dans le vraie vie...

Espérons que cela arrive le plus tard possible, le temps que nos jeunes loups s'installent dans nos esprits, avec tous leur coups tordus, pour se rendre indispensables... jusque-là, leur succès repose encore entièrement sur notre plaisir et notre dépendance à revoir leur papa-maman...


franckwalden
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le 15 juin 2012

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Franck Walden

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