C'est très déçu que j'ai regardé cette série du génial Ricky Gervais. Bon, je n'ai pas vu la conclusion finale avec l'épisode spécial de Noel, mais les deux saisons m'ont vraiment paru faibles.
Le premier problème vient du sujet qui n'est pas respecté; on s'attend à une série sur le monde des figurants tourné en dérision, ce qui est une très bonne idée de base, mais finalement cet aspect est à peine exploité. En effet, la plupart des dialogues et des scènes pourraient avoir lieu sur n'importe quel lieu de travail; les dialogues sont souvent très bons et très drôles, mais ça n'a aucune importance que les personnages soient figurants ou non, la plupart du temps.
Les guest star, censées renforcer l'idée présentée par le titre, ne servent pas à grand chose, à part surprendre un peu le spectateur... Mais personnellement je m'en suis vite lassé: la plupart de ces invités ne font que jouer le gros mégalo un peu boeuf... Même Ben Stiller en type pas drôle dans la réalité ne m'a pas fait rire... car c'est trop facile comme gag. je dirais que Patrick Stewart , Kate Winslet et Robert De Niro sont ceux qui réussissent au mieux leur apparition, parcequ'ils surprennent; ils font quelque chose de totalement innatendu et pas seulement... le gros boeuf mégalo.
Ensuite, si les dialgoues sont bons, ils se répètent tout de même; on retrouve toujours les même blagues sur l'homosexualité et le racisme, sans vraiment de grandes différences de mises en situation... résultat, les dialogues se ressemblent et le spectteur s'ennuie, sauf s'il ne se lasse pas de voir encore et encore les même situations. Pourrait on appeler ça un running gag? Pas vraiment, car le running gag fonctionne justement avec cette répétition, comme une private joke, du coup l'auteur en ellipse toujours des parties, par exemple la chute, que le public connaît déjà. Ici, Ricky nous répète tout depuis le début jusqu'à la fin, et la chute est donc juste prévisible perdant alors de sa spontanéité.
Souvent, les idées de gags sont très bonnes à la base, mais ne vont pas très loin. Il y a par exemple un épisode où des vieux donnent des conseils en matière de sexe à Maggie, qui est sur le point de conclure... C'est drôle, mais l'idée s'arrête là: des vieux qui parlent de cul... Je n'ai pas la solution toute faite, mais ça aurait clairement pu aller beaucoup plus loin que ça grâce à une mise en situation plus ingénieuse... au final il reste surtout l'impression que l'auteur se veut plus marrant par la provocation. Pourquoi pas? Mais ça m'intéresse moins , ce type de provocation facile plutôt qu'un véritable approfondissement du sujet. Le gag sur Maggie qui essaie de ne pas être raciste envers l'élu de son coeur possède par exemple des situations plus riches (le bus, les nounours). Hélas c'est rarement aussi poussé.
Il y a également ces scènes atroces de la sitcom dans la série. Andy Millman dit que c'est mauvais. Ricky gervais aussi. Et effectivement, à regarder la série, le spectateur peut se dire que ce n'est pas très glorieux... alors pourquoi nous donner 5 minutes de cette série dans chaque épisode? Ce n'est pas drôle. Et si c'est pour rendre le personnage pathétique, c'est mal montré, car trop long et mal mis en scène par rapport au monde qui tourne la série. Le premier épisode mettant en scène la sitcom rend bien ce côté là puisqu'on y voit Andy se haïr au plus au point et terriblement humilié... mais pas les suivants.
En fait, la série est plus une mise en abîme de la carrière de l'auteur qu'autre chose; les personnages secondaires sont tous maigrement exploités, extrêment simples, et interagissant toujours dans les même situations. Ainsi, Maggie ne prend de l'importance que dans le dernier épisode de chaque saison... Entre temps, elle est juste là pour mettre en valeur le personage de Ricky, et faire rire un peu par sa naïveté (là encore dans chaque épisode on a droit au même gag). Dans le dernier épisode de la première saison, il semblait arriver quelque chose à ce personnage féminin non dépourvu d'intérêt; le spectateur aurait pu penser alors qu'elle prendrait plus d'importance, mais la deuxième saison n'a fait que la montrer encore plus vide qu'auparavant... pour terminer sur un épisode un peu douteux de par son mélodramatisme éloquent.
Enfin, le pire que Gervais ait pu faire, c'est tuer son propre personnage; qui restait le seul intérêt de la série. Pendant une saison et demie, il nous le présente comme un type qui veut absolument percer mais qui s'en prend plein la tête malgré lui (BBC qui démolit son oeuvre, son agent qui ne fait rien de bon -c'est d'ailleurs illogique qu'il le garde comme agent... rien ne les lie vraiment, ni de gré, ni de force- , ...); Ensuite, pour les trois derniers épisodes, Andy Millman devient son propre ennemi et s'autosabote de scènes en scènes, sans qu'on sache pourquoi... Autant l'altercation avec le nain ou le trisomique pouvaient se comprendre comme des accidents, autant le fait que Ricky quitte la scène, outré de devoir embrasser un homme, reste de l'autoflagellation. En soi, ce n'est pas une mauvaise idée d'avoir un personnage qui s'autosabote... c'est d'ailleurs tout le génie de Larry David. Mais le personnage n'ayant pas été présenté comme quelqu'un de si stupide, puéril, et homophobe, ça ne tient simplement pas la route qu'il agisse de la sorte en fin de course, et il en ressort une véritable déception, non pas par rapport au personnage, mais bien à l'auteur, qui tente de glisser vers le drame sans transition.
Bref, une autre série qui part vite en vrille malgré un pitch d'origine assez sympathique. Larry david restera mon meilleur conteur du 'rien', et Party Down le meilleur exploiteur des ratés du cinéma.