[...] Il y a dans Firefly quelque chose d'ambitieux lorsque l'on considère le genre de la science-fiction télévisée : l'histoire se déroule dans le futur ET dans un autre système où les humains se sont réfugiés, l'univers mélange haute technologie et esprit pionnier crasseux hérité des western spaghettis, et y balance des jurons en mandarin après avoir échappé à toute la flotte de l'Alliance - qui, soit-dit en passant, n'est pas un empire du mal - ce serait trop manichéen de la part d'un gars comme Whedon - mais des gens qui ont une fâcheuse tendance à vouloir tout contrôler. Un univers riche et malheureusement pas assez exploré au cours de la courte vie de la série.
Maintenant je vais sortir une énormité qui me vaudra peut-être une malédiction en mandarin, mais j'ai trouvé le film encore mieux que la série. Plus exactement, Serenity, que l'on peut regarder sans avoir vu la série puisqu'il récapitule efficacement les enjeux, reste néanmoins un season finale parfait pour Firefly : deux heures très bien rythmées, drôles, et qui offrent un dernier tour de piste à des personnages que, finalement, on a guère eu le temps de voir évoluer. Même durant ses 14 épisodes, j'avais parfois l'impression que l'intrigue stagnait par moment - on en apprend guère sur la mystérieuse River, jouée par la délicieuse Summer Glau. Mais le film vient tout casser dans la baraque et donner un souffle épique à l'ensemble, là où la série restait plus intimiste.
[...] Concernant la place de Firefly dans la science-fiction à la télévision, disons que son ton résolument second degré pourrait injustement la classer dans la catégorie "séries SF où on rigole bien" à côté de votre intégrale de Stargate (si si je vous ai vu). Mais attention, je le répète, on a affaire à du Joss Whedon ici, et derrière le côté simpliste de certains épisodes, on se prend des claques avant des retournements de situation peu communs et des réactions des personnages beaucoup plus nuancées. Malcolm Reynolds, par exemple, peut se montrer détestable et sans pitié par moment, alors qu'au détour d'un épisode on le surprendra à la jouer gêné et timide avec Inara. Firefly, c'est ça aussi : un univers où vous pouvez faire surprendre et où les personnages ne se comportent pas toujours comme vous vous y attendez. Une petite perle, donc, dans le genre de la SF (que j'adore au-delà de ça). Ah tiens, vous l'éloignez de votre intégrale de Stargate soudain ?
Alors, Firefly, objet de culte, pour de vrai ? Certes, la série a eu très peu de temps pour caractériser ses personnages et mettre en place son intrigue, et ce petit morceau de saison (qui ne risque pas de tomber dans l'oubli avant longtemps !) pourrait vous laisser sur votre faim. Mais pour peu que vous appréciiez la gouaille des personnages écrits par Whedon, un univers à la fois très réaliste (pas de son dans l'espace, j'en ai hurlé de plaisir !!) et complètement barré (mention spéciale à Jayne), alors Firefly est faite pour vous. Et si comme moi vous avez encore un restant de doute au fond du frigo, le film Serenity devrait vous convaincre que l'annulation de Firefly est le plus beau gâchis de l'histoire de la science-fiction télévisée des années 2000.
Et si vous n'êtes toujours pas convaincu, arrêtez le space opera. Ou le western. Ou Joss Whedon.
Au fait, où est-ce que j'ai mis mes grenades ?