TTGL : Spin et Idéal

C'est dans le style maladroit et touchant d'un certain Kamina que je déclare fièrement : J'ai cru en cet anime qui a cru en moi. Et une fois terminé, Gurren Lagann m'avait investi d'un souffle d'énergie tel, que le pénible nœud des émotions complexes du garçon que j'étais s'était délié, libérant un seul et unique sublime sentiment: celui que rien au monde ne pourrait désormais m'arrêter. Je ne suis ni Kamina, ni Simon, je suis moi, Aden Gaki, un homme qui suivra ses rêves avec une fougue intersidéraaale! ORE WO DARE DA TO OMOTTE YAGARUUUUU?!

… Mais... qu'est-ce qui m'arrive? J'ai pourtant regardé cet anime avec l'humeur massacrante d'un ado à qui on a bu SON Yop, juste pour exercer mon cynisme tranchant sur une œuvre qui respire la naïveté et l'exagération japonaise à son comble, en cherchant le moindre défaut pour chipoter avec toute la mauvaise foi de l'univers, et enfin affronter la rotation de la spirale délirante de Gurren Lagann avec une « anti- »spirale lourde du pessimisme et de la négativité que le monde dans lequel je peine à plonger m'a inspiré jusque-là ! Alors que s'est-il passé?

TTGL ne possède pourtant rien de brillant d'originalité ou même de nouveau sur le papier : le trio 2 mecs-1 fille avec le pti loser, le leader charismatique, les boooobs, le ptit animal mignon qui s'cache dans les booooobs, les mechas, et toujours le même schéma de la montée de niveau prévisible. Sans pour autant ignorer les quelques surprises présentes dans l'anime, il s'agit clairement d'un Shônen très classique. Mais justement , très très très classique. Et très très trèèèèès shônen. Pour vous donner une petite idée, laissez-moi reformuler : TTGL nous rend au centuple, que dis-je, au milliarduple ce que l'on désirait voir et sentir, faisant d'une apparente faiblesse une grande force, dépassant toutes les limites fictives qu'on lui impose. Les sensations extrêmes que nous offrent, avec un rythme d'enfer, l'image, l'animation et la musique, redéfinissent totalement nos perceptions de l'incroyable et du spectaculaire.

Il m'est difficile de critiquer avec pertinence cet anime car il se fonde sur une expérience sensible flirtant avec le frisson cosmique, cette impression rarissime où l’œuvre nous fait prendre conscience le temps d'un court instant de l'immensité d'un autre monde nous submergeant, et ce au moyen d'un frisson résonnant des profondeurs de l'inconnu.
Plus encore qu'un frisson, j'ai vu mon âme nue se prendre le crochet du droit le plus honnête du cosmos. Gurren Lagann est une boule de motivation nous investissant d'une époustouflante énergie qui finit par devenir nôtre, si l'on croit dur comme fer (et poussière d'atmosphère) en la magie appelée « volonté », car elle seule nous donne la force nécessaire pour sortir des illusions de la caverne de l'ennui. Étymologiquement « in – odium » = dans la haine (de soi), l'Ennui est utilisé dans l'élaboration du concept de Spleen baudelairien, exprimant le fait de ne plus croire en rien, de sombrer dans un désespoir qui nous détourne de tout. Un péché que l'on partage tous. Cependant Simon, dans l'ennui ambiant, cultive secrètement un espoir : celui de mettre la main sur des trésors. C'est en trouvant la foi aux côtés de son frère Kamina, figure solaire et divine, qu'il obtient la force nécessaire à s'élever pour découvrir la surface, et s'ensuit la reconquête de ce monde oublié.

Au fil de ses aventures on peut remarquer finalement que le trésor que ce petit foreur avait découvert au fond de la terre est analogue au trésor qu'il déterre au plus profond de lui-même: un Simon qui croit en lui, et qui au lieu de se laisser aller au Spleen, façonne le paradis de son Spin ! Les trésors de cet anime ne se limitent pas qu'à la volonté, il y a des réflexions secondaires sur les rapports de domination en société, la politique, la superstition et j'en passe. Son propos est toujours plus large, et on pourrait dire que Gurren Lagann fait acte de foi envers l'humanité, animant un tableau complet de notre espèce dans sa version la plus têtue et colorée, meurtrie de cicatrices que l'on inflige et s'inflige. Un espoir qui n'ignore pas le lot de désolation que chacun a à traverser, mais cultivant l'idée que l'on possède, tout comme Simon, la clé... le secret... et le voici: Oubliez tout ce que je viens de débagouler, au diable la logique !!! Croyez en l'impossible, non, chérissez-le, non, façonnez-le, non !! Dépassez-le !!! NON !!!! Évoluez vous-même, millimètres par millimètres s'il le faut, car l'impossible n'est autre que le prochain pas à faire dans le noir, avant le pas suivant, puis celui d'après, semant encore et toujours la lumière sur votre passage.

-Alors ne vous retournez plus et percez les cieux de vos rêves, - mes semblables, - mes frères !