Hero Corp
6.5
Hero Corp

Série France 4 (2008)

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DEUXIÈME VERSION :


Sur les pas de son demi-frère, Simon Astier a su impacter le monde de la télévision et d’internet de son empreinte. Suivant des codes bien définis pour les faire évoluer, la conclusion de sa série Hero Corp amène la même vague de nostalgie que l’avait fait Alexandre Astier avec Kaamelott. Certes moins populaire que son prédécesseur (Hero Corp n’ayant remplacé aucune mini-série à proprement parler puis étant apparue lors de l’effervescence des web-séries style Bref, Théorie des Balls, Le Visiteur du futur etc., créant une véritable diversité des programmes dont certains clins d’œil sont d’ailleurs parfois présents), la communauté qu’elle a atteinte était cependant plus fidèle. Aujourd’hui, comment aborder une série qui, bien que maladroite et manquant d’expérience, fut construite et diffusée quasi exclusivement grâce aux fans de la première heure, ceux-là même qui n’ont jamais désespéré quant au projet de son créateur ? Lorsque le public a un amour si fraternel envers l’œuvre, cela semble hypocrite d’avoir des choses à redire dessus tant leur dévouement fut impressionnant.


Il faut dire que le projet de Simon Astier est assez atypique. Faire un tel pied-de-nez à l’industrie cinématographique hollywoodienne en détournant ses genres les plus populaires et mettre l’industrie audiovisuelle française devant le fait accompli grâce à l’engouement qu’il a suscité, c’est une sacrée performance. Alors que Marvel et DC se battent littéralement à qui proposera le meilleur univers de super-héros sur grand écran, notre cher auteur français, lui, se ramène avec une idée très improbable, des super-héros vieux. Quel intérêt ? Pour quoi faire ? Qui regardera des vieux croûtons dont les pouvoirs sont sur le déclin ? C’est ce projet aux antipodes de l’actualité qui séduit, le trop-plein et l’overdose ont permis à la provocation gentille et au cynisme de se faire une place. Si le squelette du projet s’affaire à titiller le genre super-héroïque, Simon Astier ne s’arrête pas là dans les références puisqu’il y ajoute également sans sourciller des vampires, des zombies, des robots et même un voyage spatial. Ce n’est pas anodin qu’une telle série ait eu autant de succès. Il y en a pour tous les goûts.


L'inexpérience et la maturité croissante de son créateur ont grandement bénéficié à l'accroissement qualitatif notable de la série. Là où la série se démarque c’est dans l’évolution même de son histoire (diégèse et mimesis). C’est une série qui a occupé près de 10 ans de la vie de son créateur, de son adulescence à son passage dans le monde adulte de plein-pied. Toutes les influences et les doutes qui ont rempli l’esprit de Simon Astier peuvent se percevoir. C’est ce qui en fait à la fois une série riche émotionnellement et souvent maladroite. Hero Corp ne parle pas à tout le monde uniquement parce qu’elle propose un mélange des genres absolument dément, c’est avant tout une retranscription de toute une période de sa vie. John est un jeune homme tourmenté, perdu, abandonné, qui ne sait jamais à quoi se raccrocher. Des doutes qui affectent autant les ados que les adultes. Le message d’Hero Corp est universel car son créateur l’a développé sur plusieurs périodes clefs de sa vie. Voilà pourquoi cela en fait une série si appréciée et convaincante malgré des défauts notoires.


En effet en 5 saisons, la série a eu le temps d’être assez inégale. Les 2 premières saisons démarrent sur les chapeaux de roue, mais pas sûr que la suite était prévue initialement ni à ce qu’elle dure aussi longtemps. L’écriture reste bonne car elle développe la plupart des points essentiels, en revanche elle semble parfois incomplète. Il y a énormément de rebondissements dans Hero Corp, voire un peu trop. Des retournements de situations et des nouveaux personnages comme s’il en pleuvait, difficile de suivre jusqu’au bout une saison, ou même passer de l’une à l’autre, sans omettre une foule de détails. Pourtant ce n’est pas si grave car tous ne seront pas pleinement exploités. Certains mystères restent en suspens jusqu’au bout, certains personnages ont des fins tristes emportant leurs histoires avec eux et d’autres ne sont qu’à moitié utilisés. Ne parlons pas des nombreux personnages qui tombent rapidement dans l’oubli sans que cela gêne vraiment l’histoire. Peut-être verrons-nous plus tard voir apparaître des épisodes spin-off ? L’univers est assez large et offre encore beaucoup de possibilités, Simon Astier ne semble juste pas avoir jugé important de les développer ici. Ce n’est pas incorrect, après tout, c’est l’histoire de John et non de Jennifer ou Jean Micheng. Même si beaucoup de personnages nous sont chers car on peut s’identifier à eux où ils se rapprochent plus de quelque chose auquel on porte un attachement, malheureusement ils resteront à jamais des personnages secondaires par rapport à John.


C'est une série qui a grandi avec son public, c'est tout ce qui en fait son charme et la rend si intéressante. De plus il y a aussi une part d’inexpérience de la part de Simon Astier, il s’agit de sa première création originale dont il est le créateur et chef de projet. Il avait certes grandement aidé à la réalisation d’Off Prime sous la direction de Christophe Fort et avec l’aide de Bruno Solo, ou encore ses quelques courts-métrages qui ont été diffusés sur internet, notamment chez le Golden Moustache. Malgré quelques expériences derrière la caméra, le travail n’était jamais aussi imposant. Bien que l’écriture soit bonne, le cadre également, on sent de nombreuses incertitudes, quelques épisodes passent un peu rapidement leur action et manquent de détails ou d’attention pour permettre au spectateur de suivre correctement. Il y a aussi des ellipses, notamment pour faire le lien entre chaque saison, mal gérées. L’écart temporel trop important, ou pas assez, les changements trop différents. Bref on sent qu’il y a des erreurs, les éclaircissements viennent parfois trop tard, certains agissements trouvent un écho difficile à cerner etc. L’histoire reste suffisamment fluide pour bien saisir la trame principale, ce sont seulement divers éléments parsemés dans toute l’histoire qui manquent de clarification en temps et en heure. Et quand on se questionne sur certains personnages, la trame de fond change de direction et ne revient plus sur ces personnages mystérieux.


Mais tout ceci n’est pas uniquement dû à un côté légèrement inexpérimenté, c’est aussi une question de maturité. Et la saison 5 en est un exemple très probant. En grandissant l’auteur a aussi changé ses priorités, a parfois trouvé une paix en lui-même sur un sujet. Tous ces changements font que la direction scénaristique peut dériver vers quelque chose qui offre plus d’écho à Simon Astier. A l’image ce sont tous ces personnages qui changent complètement, Doug qui suit la voix de son ami et mentor Klaus, Klaus qui trouve une paix intérieure, Mique qui prend enfin conscience de ses responsabilités et qui les assume ou encore le lien fraternel qui unit le quatuor Stève, Burt, Stan et Karin. Tous ces personnages qui ont changé et ont évolué mentalement dans la saison 5 pour s’affranchir d’un système qui les bride dans leur envol est aussi une énorme métaphore de la série pour montrer aux gens qu’ils ont changé en même temps que Simon Astier et en même temps que la série.


Hero Corp n’est pas uniquement une série de super-héros sur le retour, c’est un projet qui cherche à montrer aux gens à quel point ils changent au quotidien. De leur faire prendre conscience que tout ce qui les entoure, à commencer par la série, influe sur leur psychologie. Ce qui est fou avec Hero Corp, c’est que c’est une preuve d’amour mutuelle entre le projet et son public que les erreurs et les défauts n’affectent pas. Les nombreux changements de format ne sont pas un effet de style pour faire comme Kaamelott, c’est une recherche constante d’amélioration et une preuve d’imperfection. Hero Corp est une série qui vit de sa communauté et qui fait vivre cette dernière. C’est un projet qui transcende tellement son simple média, que si on devait redéfinir le terme transmédia, on le nommerait Hero Corp.


Critique disponible sur Rétro-HD


PREMIÈRE VERSION :


Hero Corp, la petite série des super-héros made in France créée par Simon Astier, le demi-frère de l'illustre Alexandre Astier (Ouais j'ai dit illustre ouais, t'es pas jouasse? Tu veux qu'on se la donne?). Comment ne pas tout d'abord penser que Simon Astier se sert du succès de la série de son demi-frère comme tremplin? Finalement, il apparaît que, même si effectivement cette notoriété lui a été grandement favorable, Simon ne nous sert pas une série inutile que les fans regarderons simplement parce que "c'est le mec qui joue dans kaamelott, lol, ça va forcément être drôle".


Non, non, Simon Astier débarque avec un vrai projet, une vraie idée, une vraie série qui gagnera en intensité et en importance.


Donc, Hero Corp raconte l'histoire d'un jeune homme qui part en voyage dans un petit village pour enterrer sa tante, dernier membre qu'il restait de sa famille. Seulement, au bout d'un certain temps, de nombreuses choses paraissent de plus en plus étranges dans ce petit village au grand dam de ce jeune homme qui apprendra de sombres révélations au cours de l'histoire.


Le principe de la série est tout con mais ô combien captivant. Une société de héros reclus dans un village abandonné et inconnu dont les pouvoirs s'estompent en même temps qu'ils vieillissent. On apprendra donc que la majorité des personnages étaient de grands héros par le passé qui se retrouvent maintenant à faire office de four ou de réfrigérant (ou pire encore, producteur illimité et gratuit de shampoing)... À l'image des meilleurs comics américains, ici aussi les protagonistes se verront affublés d'une quête qui consistera à contrer les plans des grands méchants.
Le scénario de la première saison est bateau, elle met en place les personnages par des situations sans véritable intérêt et amorce l'histoire par le retour d'un super vilain prétendu mort. Ils devront donc s'allier pour le contrer et c'est là que le héros apprendra qu'il a lui aussi des pouvoirs. C'est à partir de la deuxième saison que la série prend véritablement son envol. Les caractères des personnages sont très approfondis, le scénario ne se restreint plus au village et donne enfin une signification au titre, tous les mystères ou incompréhensions prennent enfin un sens et les enjeux se multiplient et se complexifient.


L'avantage de cette série est qu'elle surfe sur la tendance des super héros du moment (les productions US sortent à un flot ininterrompu) tout en exploitant des aspects rarement développés, comme principalement le vieillissement. Elle se permet également de se moquer de tous ces super héros, tous plus puissants les uns que les autres avec des pouvoirs toujours plus recherchés (et à la fois grotesques) en présentant ici des pouvoirs complètement idiots ou inutile comme Captain Sport Extrême. Mais en même temps, cette innovation poussée au ridicule octroie en quelque sorte un tournant du genre, notamment avec Sérum (Doug, Sébastien Lalanne) qui a l'inconvénient de se raidir lorsqu'il entend un mensonge (même s'il n'est pas au courant de l'histoire, il détecte que c'est un mensonge), cette faculté, en dehors de plusieurs scènes comiques, s'avère être un véritable pouvoir puisqu'il peut permettre d'éviter les pièges, de ne pas se faire avoir pour quelques raisons que ce soit, et même poussé à l'extrême pourrait permettre de prévoir certaines situations inconnues, sans parler du fait que raidit, son corps devient ultra résistant.
A contrario avec les films de super héros US qui mettent souvent bêtement en scène, soit les mutants contre le reste de la société (les X-Mens), soit une menace extra-terrestre prête à dévaster la Terre et l'univers (Green Lantern ou plus récemment Avengers) ou parfois des sujets plus terre à terre avec des méchants humains (Batman ou Captain America), bref des méchants contre des gentils; ici, Simon Astier prend le contre-pied de cette généralité et met en scène une entreprise qui répertorie les super héros et qui est manipulée par un être maléfique qui cherche à faire main basse sur cette entreprise en exploitant l'avidité des super héros qui la composent. En effet certains ne cherchent que le pouvoir au sein de l'entreprise et veulent juste être gradé pour donner des ordres, d'autres sont simplement feignants et ne s'occupent pas vraiment de leur responsabilités. Pour faire simple, au lieu de montrer des héros toujours justes et bons, qui prônent toutes les valeurs morales possibles que l'on puisse imaginer, on nous présente une corporation à l'image de la société actuelle, corrompue, solitaire, cherchant à faire du profit et à manipuler autrui. Des gentils qui sont méchants et des méchants qui sont gentils, les rivalités sont internes donc.
D'une certaine manière, on pourrait assimiler Hero Corp à la série Flander's Company. Les deux mettent en scène une compagnie de personnes ayant des super pouvoirs où la hiérarchie jouera un rôle prédominant à l'histoire. Les deux proposent des pouvoirs un peu débiles, la seule différence concrète se place dans le fait que l'un expose le côté des gentils et l'autre celui des méchants. Cependant Hero Corp suit un tracé précis que Simon Astier à dû penser dès le début, alors que Flander's Company s'apparente plutôt suivre son histoire sans vraie structure prévue. Les deux scénarios sont également différents et suivent un chemin opposé mais plusieurs idées sont là.


Le scénario en général s'appuie par conséquent énormément sur ces thèmes et atouts, c'est ce qui le rend principalement intéressant, mais en parallèle, sa structure reprend la majorité des événements qui façonnent les plus grands classiques, faisant du suspens de Hero Corp un flop assez total. Tout est attendu ou prévisible, en dehors des pouvoirs et des mystères propres à l'histoire. Les grandes lignes peuvent se deviner. Mais heureusement l'histoire conserve une complexité croissante qui maintient l'équilibre du scénario et laisse prévoir une furieuse suite qui dépote (si tant est qu'elle sorte un jour).


En comparaison avec Kaamelott, Hero Corp démarre son histoire de la même manière, pas d'histoire vraiment précise, simplement une vague idée qui se développe et qui aboutit vers quelque chose de bien plus sérieux. La différence étant que Hero Corp ne traîne pas, l'histoire évolue très vite, juste le temps de poser les bases et le déroulement de l'histoire se met en route. On reconnaît quelques similitudes au niveau de l'humour mais rien de vraiment transposé. Le personnage de Yvain auquel nous étions habitué peine à disparaître, c'est encore plus flagrant avec le personnage joué par Alban Lenoir qui conserve intégralement son jeu d'acteur de Kaamelott. En revanche, Simon a choisi un format 26 min (durée moyenne de la plupart des séries de maintenant) et ne semble pas prévu pour être changé. Chaque épisode peut donc s'attarder sur l'essentiel, rien n'est laissé au hasard, et fait fi de tout passage inutile ou obsolète. D'autre part les pouvoirs sont assez bien exploités et de façon relativement équitable ce qui permet de ne pas voir toujours les mêmes (bien que certains seront évidemment plus présents) et au vu de l'évolution de l'histoire, certains personnages voient leurs temps de présence à l'écran diminuer au profit d'autres personnages. Seul défaut que l'on peut réellement imputer à Kaamelott où l'on voit Alexandre Astier très souvent (là aussi on peut aisément comprendre pourquoi, mais on applaudira quand même Simon Astier qui réussit à jongler parfaitement avec les rôles qu'il a crée).


D'ailleurs, comme dans Kaamelott, les Acteurs dans Hero Corp jouent très bien leurs personnages, les dialogues sont dit naturellement, les situations et les réactions sont réalistes et bien développées, la particularité de chaque personnage est très bien adaptée par l'acteur, pour une série sans prétention, sa qualité théâtrale friserait presque la perfection. Par ailleurs, c'est avec plaisir qu'on retrouve de nombreux acteurs de Kaamelott et d'autres (comme Pascal Légitimus, vraie surprise de casting pour ma part).
Visuellement c'est acceptable aussi, la réalisation est propre, peu d'effet spéciaux mais bien incrusté et donc tout à fait honorables, le rendu est de bonne facture. Même la musique est très belle.


En conclusion, rien à redire sur la série, son seul véritable défaut réside dans la prévisibilité du scénario. Le reste est tout à fait honorable, une très agréable surprise donc.

Notry
6
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le 15 juin 2012

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