De plus en plus de figures phares du cinéma se lancent dans l'interprétation de rôles principaux pour la télévision. Il faut dire que les formats sont de plus en plus cinématographiques, de plus en plus travaillés, de plus en plus scénarisés.
"House of Cards" est pleinement ancré dans cette dynamique créative, en proposant à son téléspectateur de se plonger dans les couloirs de la Maison Blanche, et plus largement, dans les coulisses de la politique américaine.
On parlait juste à l'instant de format cinématographique... Il faut dire que Fincher est à la production, ce qui assure une série documentée, habilement mise en scène et addictive dès le pilote.
Cependant, la vitesse des dialogues et la précision des différents échanges risquent de vous perdre quelques fois, si vous ne maîtrisez pas toutes les ficelles de la politique américaine.
Mais que l'on se rassure, l'intrigue principale est claire comme de l'eau de roche et met en exergue toute la perfidie et l'individualisme dans "la Politique". Franck Underwood, alias Kevin Spacey, est la figure symbolique et physique de ce milieu singulier. Ce membre du Congrès démocrate a participé pleinement à l'élection du Président de la République, en échange d'un poste en tant que Secrétaire d'Etat. Mais le chef de l'Etat n'honorera pas sa promesse, ce qui ne manquera pas de réveiller l'orgueil prononcé d'Underwood, bien décidé de grimper les sommets, mais en solo' ! Pour cela, il utilisera ses pions, sa femme, ses amis, ses ennemis, et ce avec une habilité déconcertante.
La force et la finesse de cette série se matérialise ainsi avec le personnage d'Underwood, admirablement bien porté par son acteur. En effet, Kevin Spacey est incroyable dans ce rôle. Son expression, son attitude, ses apartés face caméra... Tout est là pour en faire un personnage à la fois effrayant et captivant.
Robin Wright campe une beauté froide aux côtés de son mari. C'est elle qui l'aidera dans ses projets personnels, en jouant le rôle de la confidente et de la complice. Un personnage compliqué et mystérieux, donnant une réelle force à ce couple politique, ce qui assure une évolution intéressante dans les saisons à venir.
Tout le reste de la distribution permet de donner une véritable cohérence et crédibilité au récit tortueux d'Underwood. La petite sœur de Mara est saisissante dans le rôle de la journaliste à la fois rebelle et carriériste. Corey Stoll incarne le personnage le plus touchant de la série, car le plus humain et finalement, le plus faible. Enfin, Michael Kelly (le barbu dans "L'Armée des Morts" de Snyder) est excellent en tant que bras droit d'Underwood. Un homme bosseur, discret, loyal, mais pas tendre.
"House of Cards" dispose de nombreux atouts pour devenir l'une des nouvelles séries phares d'outre-Atlantique. C'est surtout un format taillé sur mesure pour son acteur principal, qui semble s'être grandement amusé à jouer aux échecs, cintré dans les costumes sur mesure de son personnage. Alors, on a hâte d'assister à la prochaine manche !