Les séries françaises sont bien souvent médiocres, la faute aux producteurs frileux qui ne tentent jamais quelque chose de plus audacieux qu'une énième série policière. Il existe toutefois quelques rares exceptions comme par exemple Engrenages et Un Village Français, qui ont bonne réputation, ou bien encore Un Gars Une Fille, qui à défaut d'être original est bien écrit. Et puis parmi cet océan de déjà vu arriva Kaamelott, un concentré de bonne idées et d'originalité qui fait du bien.
Pour revenir rapidement sur l'histoire, la série raconte les déboires du Roi Arthur qui a pour mission de retrouver le saint Graal à l'aide des bras-cassés que sont les chevaliers de la Table Ronde. Le tout prend bien évidemment un ton humoristique assez unique. Il repose sur le décalage entre l'époque de l'action et le langage familier employé, mais aussi sur les fameux "fions" que s'envoient les personnages. En effet la plupart des épisodes mettent en scène une prise de bec entre plusieurs personnages, les dialogues se transformant alors en véritables joutes verbales remplies de répliques assassines. Les dialogues font partie des gros points forts de la série, ils sont millimétrés et tapent toujours juste.
La production continuera sur cette lancée pendant quatre saisons (ou "livres") qui ne souffrent d'aucune baisse de qualité (malgré un petit coup de mou lors du Livre IV). Toutefois, le créateur, Alexandre Astier, se sentait à l’étroit dans ce format shortcom et a décidé de produire des épisodes d'environ quarante-cinq minutes pour les Livres V & VI afin de développer des enjeux dramatiques plus importants et de faire de Kaamelott une aventure plus épique et sombre. Ce changement avait été amorcé dès la fin du Livre II et il fut confirmé dans les deux saisons suivantes, qui multiplient les épisodes en deux parties dans le but de raconter des histoires plus importantes. Comme toutes les séries ayant développé un autre ton en cours de route, le changement ne plaira pas à tout le monde.
Beaucoup se sont plaint du mélange comique/dramatique qui fonctionne mal. Ce ne fut pas mon ressenti lors du visionnage. J'ai trouvé que le développement de l'intrigue permettait vraiment d'accrocher le spectateur et j'avais personnellement très envie de voir la suite à chaque fin d'épisode. Par ailleurs Astier a su créer des scènes possédant une tension dramatique folle, je pense au dernières secondes du Livre V qui m'ont scotché sur place. J'ai aussi beaucoup aimé l'évolution de la relation entre Arthur et Guenièvre qui devient très belle. En revanche j'ai souvent trouvé que les épisodes étaient prévisibles, dans le sens ou je voyais où le scénariste voulait m'emmener. On ne peut pas s'empêcher de ressentir une petite pointe de déception quand on sait que l'écriture a toujours été quasi parfaite dans cette série. Ce défaut sera peut-être corrigé dans la future trilogie de films annoncée mais toujours pas mise en chantier (le dernier épisode se termine sur un cliff-hanger).
Que dire pour résumer ? Kaamelott est une série unique, qui se démarque par sa volonté de faire quelque chose de différent et qui ne cherche pas à reproduire bêtement ce que font les anglo-saxons. C'est une des séries qui m'a fait le plus rire et qui continue de me donner le sourire quand je regarde un épisode au hasard. Et puis, elle a engendré un grand nombre de réplique culte qu'il est toujours bon de replacer dans une conversation avec des amis pour avoir une bonne tranche de rigolade. Maintenant Alexandre Astier, s'il vous plaît, dépêchez vous de faire la suite, parce que nous, on en a gros !