Revolution
4.7
Revolution

Série NBC (2012)

Mauvais acteurs, scénario en bois et morale gerbante. Ca va faire un tabac!

Bon... Je savais que c'était de la merde avant de la regarder, cette série. Je me renseigne un minimum. Mais étant en plein trip survivaliste, je me suis laissé tenter. Après tout, le pitch est valable: l'énergie électrique disparaît d'une seconde à l'autre et laisse l'humanité revenir au moyen âge. J'oublie sciemment tous mes cours de chimie pour gober la pilule et je me lance... Et bien c'est effectivement une belle merde.

Je pourrais vous énumérer tous les moments risibles qui ne font même pas de cette série un bon nanard de 20 épisodes, mais ce serait probablement assez pénible. Je vais plutôt essayer d'avoir une approche plus générale.
Commençons par le casting: mauvais.
On a quelques visages connus des amateurs de séries américaines, ainsi on ne s'étonnera pas de retrouver quelques acteurs de Lost quand on sait que J. J. Abrams est à la production. Après ça commence à puer quand on découvre que d'autres sont passés par la saga Twilight. Mais bref, à quelques exceptions près le casting est foireux. L'héroïne a le mérite d'avoir de magnifiques yeux bleus, d'avoir une chevelure impeccable en toute circonstance et de super bien porter les jeans taille basse mais... elle joue comme une merde. Un ex-vampire indien (WTF?) de twilight incarne un tirailleur solitaire aux motivations troubles qui joue à fond le grand brun solitaire qui aime la gonflette et les t-shirt trop petits pour lui... m'a pas fait un gros effet mais en même temps je ne suis pas une pucelle en rut. Le vieux militaire taciturne qui prend des bataillons entiers au sabre sans avoir d'auréoles sous les bras est joué par une espèce de veille rock star quinquagénaire taillée dans une allumette et relookée par le costumier de Matrix. Comme l'héroïne est axée virginale, blonde et pure, il lui fallait son pendant sulfureux: la rebelle catin du vieux militaire qui est une révolutionnaire spécialisée dans les explosifs, brune et qui a l'air d'avoir des heures de vol; ça ne pouvait décemment pas être une vraie américaine pure souche, on a bien naturellement préféré prendre une latino. Elle finira d'ailleurs en sous-tif et culotte à chaque éraflure. Et il nous manque la caution humoristique et décalée, l'intello qui sert à rien dans un monde sans technologie, mais qui te boucle un groupe bien ficelé. Prenons un bon gros barbu avec une panse à bière de fou, lui qui est censé incarner un gars qui bouffe des racines depuis 15 ans. Et faisons en un geek, tiens, c'est vendeur ça. Donc le personnage est, en toute simplicité, l'ex PDG de Google avant le black-out. Véridique, pourquoi se priver? Donc, on a notre galerie de personnages principaux... Et on se dit qu'on va en chier pendant 20 épisodes. J'épargnerais le personnage de Rachel, joué par Elizabeth Mitchell (Juliet dans Lost), qui arrive à mettre un peu d'intensité et d'émotion à défaut de nous surprendre, et le personnage de Monroe, dans le rôle du dictateur psychotique qui s'avèrera peut-être un peu moins manichéen que prévu sur la fin de la saison.

Continuons avec le background: USA post-apo, villes en friche et survivants en tenue de chanvre revenus à l'état tribal. Un pseudo état autoritaire s'est installé et a instauré un monopole des armes à feux et se fait appeler la Milice. Jusque-là, moi ça me va très bien. Là où ça commence à coincer, c'est qu'on nous a foutu la Milice en rangs de soldats au garde-à-vous, dans des costumes sombres à bottines et aux officiers tous plus cruels les uns que les autres. On l'a pas venu venir, mais une armée nazie a pris le contrôle du nord-est américain. Attention, pas des néo-nazi mode white power, ça pourrait encore être crédible. Non non, une armée cosmopolite qui s'est trouvée spontanément à ressembler très fortement au troisième Reich. Etrange.
Et la résistance à la Milice - attention, encore plus puant que les méchants forcément nazis - ce sont les vrais patriotes américains. Bah oui, voyons, c'est logique. Le monde se casse la gueule, les enfants crèvent de faims dans les rues des grandes villes pendant que leurs parents s'entretuent et qu'un régime pseudo nazi gagne l'Amérique, et l'acte le plus subversif de la résistance, c'est de posséder un drapeau américain. Littéralement, c'est puni de peine de mort. Et là encore entendons-nous bien, on est soit tout blanc, soit tout noir; jamais gris. Si vous êtes contre la milice, vous êtes donc obligatoirement prêt à mourir dans la seconde pour la bannière étoilée, main sur le cœur et larme à l'œil. Et si vous êtes dans la milice, vous êtes prêt à abattre n'importe qui qui arbore le drapeau américain (c'est vrai que sur le sol américain, il doit juste y en avoir quelques milliards; c'est parfaitement crédible d'abattre à vue toute personne qui serait dans un périmètre de 20 mètres de l'un d'eux...). Donc là, vous savez que ça va être du grand spectacle qui fait pas mal à la tête, calibré pour la famille moyenne américaine, voire en dessous de la moyenne, et qu'il va pas falloir être allergique au patriotisme le plus basique.

Et enfin, attaquons nous aux valeurs que porte la série: puantes.
Travail, famille, patrie. Haaa, ça n'a pas pris une ride. Bon, que les héros doivent passer par leur parcours initiatique classique, ou doivent atteindre la rédemption par leurs actes, OK. La Patrie, je l'ai déjà évoquée, j'y reviens pas. Ca me laisse la Famille. Et là on se fait plaiz', on déconne pas avec la famille. On peut viander des soldats par centaines (littéralement sur la première saison): on flingue, on bombe, on empale, on égorge, on brûle, on découpe à la machette, etc... des soldats de la milice à tour de bras. Ça commence à l'arc et au sabre, ça finit au M16 et au lance missile, voire plus high-tech. Ca ne pose aucun problème moral à personne, ce ne sont plus de vrais américains (je vous rappelle qu'ils ne se prosternent plus devant la bannière étoilée, ils peuvent donc crever comme du bétail). Par contre, si tu décoiffes ma sœur, ou que tu gifles mon frère, je te fous le pays à feu et à sang pour te retrouver. Accroche toi à ton slip, t’es parti pour un tour de grand huit, dans la famille on est des barges. Voire même si t’es pas de la milice : je te pique ta bouffe, si t’essayes de la récupérer on te décime la moitié de ton clan. On est les gentils, on fait ce qu’on veut et on t’emmerde.

Enfin voilà. Pas besoin de vous raconter les péripéties des uns et des autres. J'ai pas besoin de vous dire que vous allez bouffer des raccourcis scénaritiques, des bons sentiments à 2 balles et des mauvais rebondissements. J'ai même pas besoin de parler de la repompe éhontée des mécaniques de Lost, avec des flashback avant blackout pour développer la psychologie des personnages (et faire passer des revirements de scénario absurdes), et des flash-forward pour créer du suspens (alors qu'on comprend très vite que la seule qualité de l'héroïne, c'est d'arriver systématiquement à se foutre dans une merde noire en un temps record). Quand vous connaissez la galerie de personnage, l’univers et la morale qui va suivre toute l’histoire, vous savez où vous foutez les pieds.
Je vais même rajouter quelque chose que j’ai pas relevé pendant le visionnage, mais qui m’est apparu en dressant la liste des principaux protagonistes : fait pas bon être black où latino dans cette série. Quitte à légèrement spoiler, ils arriveront rarement en un seul morceau à la fin de cette première saison. Alors que dans le même temps, les 2 grands méchants blancs se refont presque une virginité dans le season finale. Je dis ça, je dis rien.
Celebrimbor
3
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le 22 juin 2013

Critique lue 680 fois

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Celebrimbor

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