Inutile de présenter la série de Science-Fiction à la durabilité la plus longue sans aucune interruption (dix ans). Tirée du film du même nom, il fallait oser dériver en série le scénario incroyablement absurde des extra-terrestres parasites (les Goa'ulds) qui occupent un corps humain pour se faire passer par la suite pour un Dieu Egyptien, qui fait construire des pyramides qui sont en fait des pistes d'atterrissage pour vaisseaux spatiaux, contenant des sarcophages lumineux qui guérissent le cancer et la mort. Ok.

Pourtant, on regarde quand même, curieux (et puis, aussi, on avait dix ans en 97 - ça joue), et surtout aguiché par la présence de Richard Dean Anderson (aka McGyver) dans le rôle (précédemment tenu par Kurt Russel) du Colonel O'neill. Pas de doute, au départ, c'est lui qui donne l'impulsion à la série. Des petites blagues second degré, un charisme phénoménal, il semble tenir toute la série sur ses épaules. Et pourtant, il faut bien reconnaître que toute la sauce prend. Le concept de la série reprend cette bonne vieille exploration de mondes différents du nôtre, un par un, épisode par épisode (Sliders a débuté deux ans plus tôt), et, au fil des épisodes, l'Univers gagne en profondeur et en intelligence. Si si.

Si vous n'attendez pas de Stargate une profonde réflexion sur la nature de l'être humain ou un conte philosophique destiné à vous faire comprendre que la guerre tue des gens, vous pourrez apprécier que l'on vous conte cette histoire merveilleuse où chacun des quatre personnages (O'neill, Carter, Teal'c et Daniel Jackson) ont leur rôle (commandant militaire, scientifique militaire, mec bizarre alien qui lève un sourcil, linguiste civil), et leur personnalité propre (chef qui fait des blagues, fille sérieuse intelligente avec des seins, mec bizarre alien qui lève un sourcil, et geek beau gosse).

Au fil des saisons, la série gagne en richesse. La géopolitique intergalactique se densifie (on a mal à la tête avec toutes ces alliances et pactes), l'arc narratif est complexifié. Les mésaventures de chacun des personnages ne sont pas oubliées et servent d'appui dans les épisodes suivants et parfois quelques saisons plus tard (Carter et Jolimar, Jackson et son ascension, Teal'c et ses histoire d'honneur, ses potes, et sa famille relou, etc). Bien sûr, il y en a un qui meurt et qui renaît à chaque épisode, au point que le jeu à boire circulant sur Internet ne donne que deux gorgées en cas de décés d'un personnage principal (bon moyen de comprendre le style d'une série, au passage). Mais que voulez-vous, c'est la dévaluation de la vie à cause du sarcophage magique. Petit à petit, la série gagne en finesse et certains des défauts du début sont gommés. En dix saisons, il y a de quoi faire. Et, à l'origine soutenue par McGyver, la série continue de voler de ses propres ailes sans lui (saison dix), sans pour autant perdre son intérêt.

Le seul défaut de Stargate reste son identité un peu "planplan", enfantine, souvent très prévisible (on peut deviner l'épisode rien qu'aux dix premières minutes). Les Goa'uld ont déporté des humains aux quatre coins de la galaxie il y a des milliers d'années, mais au final tout le monde parle anglais, par exemple. Mais le gros avantage est que la série, en contrepartie, ne se prend pas au sérieux et sait rire d'elle même (plusieurs épisodes fonctionnent comme une mise en abîme avec des civils qui sont tenus au courant des activités de SG-1 et qui jugent l'histoire "peu crédible" "ridicule", le nom des aliens "risible", etc). L'épisode 200, dans la saison dix, est à ce titre un bijou de bêtise assumée.

Reste que le tout est très cohérent, bien construit, amusant, divertissant, rafraîchissant, et de temps à autre vraiment prenant. Si on omet les terribles saison 7 et 8, la série vaut le détour, pour qui sait apprécier son ton un peu léger. Lancez-vous au moins dans la saison un, vous comprendrez pourquoi bouder la série est dommageable.
Blèh
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le 4 juin 2010

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