Into the Night

Evidemment, c’était très bien. J’ai terminé la série depuis une douzaine de jours, je voulais voir comment elle vieillirait dans mon esprit, et je n’en retiens quasiment que les meilleurs moments. Je dois avouer que j’ai vite été accro. 3 épisodes par jour, mais pas toujours évident de s’y tenir.

Déjà, la première saison, très courte, file en un clin d’œil. Le fascinant personnage de Laura Palmer semble être de chaque plan, contaminant la plupart des personnages, jusqu’à sa (trop) parfaite photo qui trône lors du générique final. Et c’est à peu près la même chose concernant la saison suivante.
Pourtant, il est vrai que la série tourne un peu à vide au milieu de la saison 2, car les sous-intrigues se font de plus en plus nombreuses et inintéressantes et que la principale est résolue. James et sa cougar, Benjamin Horne et son délire avec la Guerre de Sécession, tout ce qui tourne autour de Nadine, du maire de la ville.. etc. Et Twin Peaks sans Laura Palmer, c’est assez bizarre et ennuyeux à première vue. J'étais même surpris que l'on continue à voir son portrait en guise de générique final. Heureusement, ce n’est l’affaire que de quelques épisodes, et lorsque l'arc sur Windom Earle commence vraiment, ça redevient super chouette. Bref, je m’attendais tellement à pire après avoir vu certains commentaires médisants sur la saison 2. Evidemment, le final est aussi frustrant que génial, et nul doute que je serai de la partie pour la future troisième saison.

Aussi, je connaissais déjà la BO avant de mater la série, et inutile de dire que je la connais d’autant mieux désormais. Twin Peaks sans sa musique, ce serait beaucoup moins bon, tant elle contribue à magnifier l’ambiance de la série. Une note et on pense au générique d’intro, une autre et on voit Audrey apparaître à l’écran, une autre et c’est le nain qui danse dans la Black Lodge, une autre et c’est le cadavre de Laura qui apparaît, ou encore Julee Cruise qui chante à la Taverne.. En résumé: que de souvenirs !
Pour la petite anecdote qui n'intéressera personne, je connaissais déjà par coeur trois petites répliques de la série, puisqu'elles avaient été samplées sur des morceaux que je connaissais:
- le "Sorry to wake you, I forgot to tell you something. The things I tell you will not be wrong", lorsque le Géant vient rendre visite pour la seconde fois à Cooper, dans sa chambre (premier épisode de la saison 2) que l'on entends dans "The Thing I Tell You" de Biosphere.
- dans la même épisode, la "vision" dont fait part le Major Briggs à son fils, est utilisée dans le morceau "Hyperborea" du même groupe.
- Enfin, dans "What Does Your Soul Look Like, Pt. 1: Blue Sky Revisit" de DJ Shadow, on entend la réplique "It is happening again. It is happening again." prononcé par le Géant lors de l'épisode 14. Un épisode assez marquant d'ailleurs..

Concernant les personnages, inutile de préciser que Dale Cooper les surclasse tous. Le mec a un peu la classe incarnée, super bien écrit et interprété. Bref, on s’y attache très vite. On se rappellera tous de sa passion pour le Tibet, le café et les tartes aux cerises.. Et de son pouce levé. Quand on pense que seul Lynch a donné des rôles intéressants à cet acteur, c’est bien triste..

Néanmoins, de manière générale, je trouve les personnages féminins largement plus intéressants que les personnages masculins. Mais bon, difficile de donner autant d’intérêts à tous les personnages lorsqu’ils sont aussi nombreux, de toute façon. Dans les gros points négatifs, je retiendrai surtout Nadine, qui n’sert pas franchement à grand-chose, si ce n’est à meubler la saison 2 avec des scènes pseudo-comiques, et surtout le personnage de James, car son interprète me désespérait régulièrement. Idem pour Leo Johnson, qui n’est plus franchement intéressant en handicapé ou le couple Andy/Lucy, un peu énervant de stupidité, bien qu’attachant cela dit.
Mais bon, vu qu’on a le shérif Truman, Donna, Audrey et son père, Leland, Norma, Gordon Cole et ses grands moments de drague, Heather Graham (toute mimi), le Major Briggs ou encore David Duchovny dans un rôle assez surprenant, ça compense largement.

Puis c’est fou comme Twin Peaks semble être la matrice du cinéma de Lynch, même si la série doit surement beaucoup à Blue Velvet. On y retrouve son ton décalé, car il y a des scènes très drôles, comme celle ou le vieux majordome emmène le verre de lait à Cooper en tout début de deuxième saison et ne semble pas remarquer que celui-ci est mourant. Ses scènes fantastiques et oniriques. Ses personnages énigmatiques (le nain, Bob, le géant, la femme à la bûche). Sa satire d’un lieu à première vue paisible, car rien n'est ne l'est jamais longtemps avec tonton David. Ses scènes nocturnes, et on se rappellera tous de ces fameux bois. Sa thématique du double, matérialisée par le double rôle de Sheryl Lee, incarnant la cousine brune de notre regrettée blonde. On retrouve cette idée dans le titre même de la série. Et donc l'influence du film noir. Ou bien son kitsch délicieusement rétro, son romantisme, bref la naïveté de l'ensemble (et paradoxalement, bon nombre de personnages y perdront leur innocence), même s'il y a bien quelques effets de mise en scène un peu too much. Et ses putains de rideaux rouges.. Tout cela contribue à l'attachement que la série a entraîné chez moi. Bref, les nombreux défauts se font facilement oubliés.

Et enfin, faut avouer qu’il y en avait pour tous les goûts dans cette série, mais j’ai vite jeté mon dévolu sur Audrey en ce qui me concerne... Je l’aime ! Alors laissez-la tranquille, bon sang. A la place de Dale, je n’aurai pas tenu bien longtemps, faible comme je suis.