Les fans de la première heure n'imaginait pas DREAM THEATER poursuivre l'aventure sans le bateleur en chef, Mike Portnoy. Bon gré, mal gré, il leur fallu se faire une raison lorsque le chevelu crachouillard aux baguettes de fonte se fit éjecter pour des raisons sur lesquelles nous ne nous étendrons pas. Après le feuilletonesque recrutement de son fringuant remplaçant, Mike Mangini (moins pieds de plomb), la formation se voit aujourd'hui juger à l'aune de son onzième opus subtilement intitulé A Dramatic Turn of Events. Tu l'as dit, bouffi ! Et l'illustration se veut au diapason pour identifier cet équilibre précaire pouvant s'effondrer au moindre emportement furtif déplacé.

Car les américains peuvent toujours se targuer de tenir la corde d'un genre aujourd'hui rebattu : le métal progressif virtuose avec plein de notes coincées dans des écheveaux mélodiques dignes d'un mécano pour agrégé de sciences. Seulement, aussi doués soient-ils, Dream Theater se contente depuis quelques années de suivre (trop) fidèlement son chemin allant rarement au-delà de son univers codé habituel.

Premier indice, l'album enfonce une nouvelle fois la durée légale avec plus de 77 minutes au garrot, ce qui le place dans les mêmes eaux que ses prédécesseurs. Digestion compliquée à prévoir, mais tout le monde sera servi.

Ballades tièdes (« This is the Life », « Far From Heraven », « Beneath the Surface »), titre heavy pop formaté mais efficace (« Build Me Up, Break Me Down »), passages intenses, puissants, évocateurs (« Bridges in the Sky» et ses cœurs tibétains), des synthés un peu particuliers (« On the Backs of Angels »), des twists prévisibles mais toujours impressionnants de maîtrises (« Outcry »), quelques réminiscences comme « Lost Not Forgotten » qui rappellera le sous-estimé Falling Into Infinity.

Sous ses arceaux ultra-techniques, A Dramatic Turn of Events s'avère un album extrêmement produit avec son côté calibré. Le trio guitare-claviers-batterie reste aux avant-postes abandonnant une nouvelle fois la basse de John Myung aux utilités. Heureusement, le groupe ne se laisse pas noyer par l'abondance. Toujours aussi généreux, ils détricotent les structures conventionnelles dans les règles (« Breaking All Illusions »). Ultime paradoxe pour un album à qui il manque un titre véritablement porteur de flambeau. Il pourra malgré tout être pris comme un acte de contrition nécessaire, une transition indispensable pour trouver un monde à part.

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AmarokMag
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le 13 janv. 2012

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