Stolen Dreams

Depuis X&Y, j'aborde chaque nouvel album de Coldplay avec méfiance mais aussi avec une once d'espoir. Espoir que le groupe revienne à un style plus humble et posé, plus intimiste, en se concentrant sur la beauté des mélodies plutôt que sur le rendu de leur musique dans un stade. Ghost Stories, bien que raté, m'avait redonné un peu de cet espoir. On y sentait leur style original poindre par moment. Mais après l'écoute de A Head Full of Dreams, Coldplay n'est définitivement plus que l'ombre de lui-même depuis dix ans...

A cause de son style électro-pop tapageur et de ses mélodies faciles, A Head Full of Dreams n'est destiné qu'à tourner en fond sonore (pour les plus courageux) et à ne jamais être écouté avec attention. Tout au mieux, il constituera une belle banque sonore pour un tas de remix (encore plus dégueulasse que les originaux) que les DJ du monde entier entonneront avec joie. Ou encore on retrouvera certaines pistes (je pose une pièce sur Adventure of a Lifetime et Army of One) en fond du prochain épisode des Reines du Shopping ou d'un Diner Presque Parfait, parce que Paradise ça va bien au bout de 5000ème fois. Nul doute que les "ouhou" et autres "aahaa" feront mouches en concert, mais on sait tous que l'ami Martin les chantera faux ou laissera gentiment l'audience faire le boulot en connaissance de cause. La palme de la déception revient à Up&Up complètement quelconque sur laquelle Noel Gallagher a posé sa guitare, que l'on doit sûrement entendre trois fois faire du bruit en fond, à moins qu'il fasse aussi le second solo... Bref, il avait rien à faire là et ça me fait d'autant plus mal de le voir cachetonner sur un album de ce genre.

Alors, tout l'album est-il à jeter ? Si j'étais méchant, je dirais oui, et honnêtement je ne pense pas revenir sur un seul de ces morceaux dans le futur. Mais on peut tout de même trouver son compte notamment avec Everglow et la surprise Amazing Day qui, malgré sa grosse caisse electro affreuse, aurait pu avoir sa place sur X&Y. Même l'intro hip hop, parfaite pour la boom de votre neveu de 7 ans, s’écouterait presque (phrase à dire avec un peu de honte dans la voix). Hormis ces deux chansons et les deux pauses (Kaleidoscope et Colour Spectrum), le reste ne mérite pas vraiment qu'on s'y attarde.

Après ce quatrième album à la ramasse consécutif, il serait temps que je fasse mon deuil de cette époque révolue où Coldplay faisaient de belles chansons et créaient autres choses que des hymnes de stades sans âme. Pourtant il ne tenaient qu'à eux que j'aie de nouveau des rêves plein la tête...