After the Disco
6.4
After the Disco

Album de Broken Bells (2014)

Passer une année sans Danger Mouse, voilà une idée qui ne serait vraiment plus envisageable aujourd’hui. Ce serait même une torture, un manque terrible, et provoquer un ennui que rien ne pourrait combler. Depuis dix ans, le producteur new-yorkais a.k.a Brian Burton, a produit une trentaine d’albums. Il est passé par tous le genres, tous les projets majeurs, au point de devenir incontournable. Beaucoup d’artistes se l’arrachent, comme le groupe Gorillaz qui lui confie les manettes de son Demon Days en 2005, suivi par The Black Keys pour Attack & Release (2008), et El Camino (2011). Plus récemment, on a été surpris par sa collaboration improbable avec Norah Jones, et par son travail sur la première galette d’Electric Guest. Puis 2013 est arrivée, et n’a pas fait exception puisqu’il a signé le dernier Portugal The Man. Enfin cette année, il pourrait piloter le nouveau U2…

Au milieu de tout cet univers musical, Broken Bells figure sans doute parmi ses projets les plus excitants. Il met cette fois ses talents au service d’un groupe au sein duquel il a une place au premier plan, comme producteur évidemment, mais aussi en tant que musicien. A ses côtés, James Mercer chanteur, guitariste et leader des Shins, formation indie rock connue pour son style country/folk. Deux univers différents pour un même duo, et un premier résultat réjouissant en 2010 avec le 1er LP éponyme Broken Bells. Quatre ans après, ils se retrouvent donc pour After The Disco, après toute une série de vidéos, teaser et singles haletants.

Si le premier essai avait surtout donné la part belle à Mercer, les douze nouveaux sons du duo portent davantage l’empreinte de Burton. Ce dernier distille à nouveau une série de productions diaboliquement vintages et consolide son statut de machine à tubes. Le duo nous emmène cette fois ci dans un univers autant marqué par le disco très funky des 70’s, qu’à la folk americana des 60’s. Un pur délice musical qui place la barre encore plus haute que sur le premier LP.

Le ton a vite été donné avec la sortie du premier single, Holding On For Life, dans lequel la voix génial de Mercer atteint des sommets, accompagnée de chorales gospel et d’une prod disco futuriste realisée par Burton.
L’album tout juste arrivé ne trahit pas ce départ prometteur, il part même en trombe avec les synthés de Perfect World, premier tube aux accents new-wave, résultant de l’alchimie la plus parfaite qu’on pouvait espérer entre les deux artistes. Quelques minutes plus tard, avec la lourde ligne de basse d’After The Disco et le chant de Mercer signant la résurrection des Bee-Gees, la 3ème piste commence à peine que tous les ingrédients semblent déjà réunis pour que Danger Mouse remplisse à nouveau son contrat annuel. Le producteur n’a en effet pas faiblit et parvient toujours à surprendre. Sa patte semble indissociable du LP. Pour s’en rendre compte il suffit simplement de tendre l’oreille sur The Changing Lights, une de ces pop songs dont il a le secret, et pourrait être aussi bien un nouveau son qu’il aurait produit pour Electric Guest. Les tubes s’enchaînent, sur des tons et des styles différents. Après un départ sur un riff de guitare funky, Medicine vient ainsi inclure un accordéon et un xylophone avec une inspiration bien parisienne. Quand à Leave It Alone, c’est un voyage dans l’americana New Yorkaise des 60’s, tant ses harmonies vocales folk feraient une joli BO pour Inside Llewyn Davis.

Néanmoins l’album fait aussi escale dans des contrées moins attrayantes. Lazy Wonderland figure ainsi parmi les morceaux dispensables, et dont le manque de folie rend l’écoute vite oubliable entre deux dynamites disco. Heureusement, les deux pilotes ne manquent pas le redécollage en enchaînant avec le pétillant No Matter What You’re You Told. Et si les deux titres qui clôturent le trajet sont un peu moins intenses, on ne boude pas notre plaisir car l’ensemble reste très solide, et permet de baigner dans une euphorie pop parfaitement réglée pour la morosité de l’hiver. Difficile de manquer le rendez-vous proposé par le groupe à La Cigale le 27 mars !
Charliiiie78
7
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le 12 août 2014

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Charliiiie78

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