C’est avec 11 ans de retard (ou d’attente, c’est selon) que le collectif canadien s’en revient dans les bacs avec Allelujah! Don't Bend! Ascend! La nouvelle a quelque chose d’inespéré, d’inattendue et d’inévitable vu le contexte. Non que l’album soit un chef d’œuvre de la maturation ou du retour messianique. Mais on est en droit de se demander aujourd’hui, après un tel silence assourdissant, ce que les précurseurs (inventeurs, thuriféraires, cochez la mention utile) du post-rock ont à proposer.
Mogwaï, Archive ou Leech, accrochez-vous au pinceau, le groupe de Montréal scotche d’emblée avec les vingt minutes de « Mladic » et sa construction par briquettes, d’abords étranges, puis barrées d’un mur de guitares saturées et de circonvolutions orientales avant de dégénérer dans un baroque tout aussi déglingué. C’est puissant, racé. Du férugineux baigné au napalm, achevé d’un sample de casseroles enregistré à Montréal lors des manifestations contre la hausse des frais de scolarité (puis envers la loi 78).
La suite se distord autour de deux morceaux drone (« Their Helicopters' Sing » et « Strung Like Lights At Thee Printemps Erable ») qui n’apportent pas grand-chose à l’affaire et d’une nouvelle longue incartade, fidèle au style, appliqué, presque étudiant de l’album. Vingt nouvelles minutes cadrées sur gimmick savamment répétitif, peu à peu encerclé de percussions défouloirs, de saturations colorées, avant une dernière partie qui crapahute et termine à bout de souffle, achevée par ces excès d’efficacité. On quitte le navire pas franchement renversé mais plutôt content que l’absence soit terminée avec autant d’éclats.