AmeriKKKa's Most Wanted synthétise a peu près 10ans d'évolution et d'essor du Hip Hop.
Du Old School il réhabilite quelque peu le scratch mais surtout pousse la gloutonnerie des samples à son maximum dans une utilisation plus linéaire que cyclique. L'enchainement souvent frénétique des sonorités manque de cohérence et a tendance à couper le fil des morceaux en dehors de quelques exceptions comme The Bomb et Endangered Species.
Il perpétue l'utilisation des séquenceurs Fairlight et EMU 4060 qui donnent ce socle sonore caractéristique sans fréquences extrêmes, qui à mes oreilles sonne dorénavant périmé, un peu comme le générique du Prince de Bel-Air...


Du New School il emprunte les thèmes contestataires, le look sombre et le son brut qu'il obtient par son flow bestial et binaire là où Run-D.M.C.. l'obtenait par une économie de moyen radicale (un simple échantillonneur, une boite à rythme minimaliste, pas de scratch ni mélodie instrumentale)


Il symbolise l'exacerbation ultime des tensions interraciales de son pays, période où Jesse Jackson échoue à représenter les Democrates. Les noirs accusant le lobby juif du fait de la prise de position pro-palestinienne du Pasteur Jackson. Sans leaders, marginalisés par les Républicains, les Afro-Américains ne trouvent plus leur place.
De la East Coast il prolonge l'esprit engagé de Public Enemy ou Gang Starr sans le souci de conscientisation ni les vertus constructives. Devenant en quelque sorte la caricature raciste, sexiste et violente que ces groupes dénonçaient.
De la West Coast il garde l'esprit gangsta sans compromission d'Ice-T et comme dit au dessus une musique qui renvoie à des pratiques datées et un flow presque scolaire qui subit le Beat plus qu'il ne le survole, mâtiné d'innombrables "fuck sous toute ses formes" déjà initiés avec N.W.A en faisant l'apologie de la vie de brigand...


Il fût un temps où tout ça m'amusait et agitait ma fibre de paysan rebelle...aujourd'hui la réalité a dépassé la fiction et on règle vraiment ces frustrations à coup de AK47 alors ça ne m'amuse plus.
Ice Cube a beau affirmer qu'il ne fait que mettre en lumière la vie misérable de la communauté noire de L.A. ses constats primaires, ses prises de positions infantiles colériques enrobées d'auto glorification incessante ne font qu'exacerber cette incapacité à proposer des alternatives crédibles.


Rapidement Dr. Dre et The D.O.C. sentiront l'impasse en fondant Death Row Record en 91, se substituant ainsi à Ruthless Record, devenant firme de référence du West Coast Hip Hop et ouvrant une page plus positive et moderne du genre.

Nicolas_Dritsch
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le 12 avr. 2016

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