C'est la première fois que j'achète un album par résistance

Force est de constater qu'à son premier retour, avec Détroit, où il avait pourtant signé des chansons pour Trintignant comme sur son incarcération, on n'avait pas fait un tel bazar ; mais "Amor Fati" est sorti dans un contexte malchanceux... Alors autant je comprends à 100% qu'on ne veuille pas acheter son album par "bonne conscience", même si je trouve que c'est se mentir sois-même. Autant vouloir empêcher quelqu'un de se produire en concert, là, ça devient autrement plus inquiétant. D'abord pour le public : de quel droit on empêche des personnes d'écouter de la musique ? De quel droit peut-on priver des gens d'un loisir ? Ensuite d'un point de vue juridique : empêcher quelqu'un de se réinsérer... Voilà une abnégation qui a amené la moitié des prisonniers de France au suicide. Et moi qui sais ce que cela représente, c'est-à-dire un immense défi qui prend minimum un an à panser, je n'ose pas imaginer combien ça a été dur pour lui. Et c'est pour lui que c'est le plus grave: saviez-vous les enfants que les concerts sont les sources de revenus directs pour l'artiste ? Et beh oui, avec les disques, y'a tant d'intermédiaires qu'au final, le chanteur touche pas tant que ça, surtout avec les Deezer et compagnie. Et puis même, il aime la musique et ça se voit, alors autant d'acharnement, afin qu'il en chie un maximum, même sa dette payée, comme n'importe quel meurtrier... On est de retour au Moyen-Age, à jeter les pierres sur les lépreux. Le plus inquiétant, au bout du compte, c'est que ce n'est qu'un seul groupe qui a réussi à influencer les trois cibles : les féministes, que j'ai envie de dire extrémistes, parce que bien sûr le mouvement féministe n'est pas ce qu'elles promulguent. A titre personnel, les femmes que j'aime n'ont besoin de personne pour se faire respecter, parce qu'elles y arrivent très bien toutes seules. Mais surtout, ce qui est proprement dégueulasse: faire chier Orelsan 10 ans pour une chanson de jeunesse (la pas terrible "Sale Pute"), puis se servir de l'instrumental de "Basique" pour "défendre" leurs valeurs féministes... Les nanas, c'est pas Bertrand Cantat ou Orelsan qui vous donneront du travail. Ce ne sont pas eux qui vont faire progresser les lois pour vous mettre à l'égalité avec les hommes question salaire, déjà parce qu'ils sont impuissants là-dessus, ensuite parce qu'ils n'ont jamais incité à la violence contre les femmes, contrairement à ce que vous pensez. Alors, arrêtez de vous cacher lâchement pour attaquer les cibles faciles (car publiques), et allez attaquer ceux qui traitement réellement les femmes comme de la merde. Parce que vous êtes à 1000 lieus de vos combats, et vous décrédibilisez la femme plus qu'autre chose, ce qui me fait profondément chier.
Donc, c'est la première fois que j'ai acheter un album pour soutenir moralement et financièrement un artiste : ne vous en déplaise, j'ai envie qu'il bouffe.
L'album en lui-même : je préfère "Horizons", je suis apparemment un des rares, et c'est tant mieux d'ailleurs. Je lui aurais plus mis 7,5 ; dans tous les cas, ce disque est très beau. Ce qui frappe le plus, c'est la diversité des ambiances, étranges comme familières, qui fait évidemment penser tout de suite au génialissime "Des visages des figures". "Amie Nuit" a un charme magnétique ; "Amor Fati" s'illustre dans une sorte de rap assez unique, mais qui manque d'unité malgré tout ; "Sillicon Valley" est assez fascinant, malgré son discours qui exagère un peu, et la voix murmurée et feutrée de Cantat la rend d'autant plus oppressante ; "Excuse my French" est sympathique, sans plus ; "L'Angleterre" est carrément pas terrible : texte primaire, musique hyper-commerciale, rien d'innovant ; "J'attendrai" est magnifique, la meilleure de l'album, avec des sonorités très agréables, un refrain envoutant et une deuxième voix poétique ; "Les pluies diluviennes" a une acoustique émouvante ; "L'Anthracitéor", muni d'un refrain bouleversant et d'une fin surprenante, est lui-aussi à retenir ; "Chuis con" va pas plus loin que la recherche de mots commençant par con, et malgré qu'il ait l'air calibré juste pour le live, il n'a rien de marquant ; "Aujourd'hui" est motivant, rassurant, et même entrainant ; "Maybe" en english song s'en sort vraiment bien, et c'est avec plaisir que je retrouve son harmonica si particulier.
J'achèterai son prochain disque. J'irai le voir en concert là où ça sera possible. Et si y'a des pseudo-féministes près des queues, je leur brandirai l'affiche de "J'accuse" de Saez. Soit ça les fera chier, soit elles commenceront à prendre conscience des vrais combats: dans tous les cas, ça me donneras le sourire.