"Absolution" se terminait sur ces vers :

You're working so hard - And you're never in charge - Your death creates success - Rebuild and suppress

Dans "Take A Bow", ouvrant le quatrième album des anglais, on trouve ces paroles :

Hold - You'll behold - And beholden for all that you've done

Le trio parle t-il de lui même à travers ces mots ?

"Black Holes And Revelation" est souvent considéré comme le début de la fin pour Muse, figure de proue du Rock électrique et classieux au début des années 2000 avec l'épatant "Origin Of Symmetry" puis le plus travaillé (et médiocre) "Absolution" qui proposait des titres bien plus calmes et réfléchis, l'ardeur du précédent opus se muant en une chose hétérogène et peu reluisants dans son ensemble. "Black Holes And Revelation" continue dans cette voie, tout en ajoutant une touche de fraîcheur et de folie qui manquait cruellement à son grand frère.

Si Muse renoue à quelques occasions avec son passé brutal comme sur la chanson "Assassin" au riff simple mais très efficace où Dominic Howard propose un jeu hypnotique et costaud, il se porte bien plus sur les expérimentations en tout genre. Attention, nous restons toujours dans le cercle du Rock mais on retrouve tout au long de l'album des petites nouveautés qui forment, à la fin, un mélange savant et fort agréable.
Pour moi, trois chansons se démarquent du reste de l'album.

La première est "Supermassive Black Hole" où Muse (au grand dam des amateurs die-hard) effectue un large virage dans une Pop légère et aérienne, plutôt sensuelle et qui n'est pas sans rappelé les travaux de Prince dans les années 80. La chanson est tout simplement envoûtante et rapidement addictive, grâce en particulier à la voix suraiguë d'un Matthew Bellamy convaincant et un air syncopé assez amusant.

Si "Supermassive Black Hole" faisait bouger le corps, "Invincible" est un morceau idéal pour se recueillir. Se basant sur une montée en puissante lente et ensorcelante, elle débouche sur un solo d'un beauté quasiment sublime, tout en tapping (une constante dans le jeu de Bellamy : "New Born", "Hysteria" en sont les meilleurs exemples). Le solo, bien que dénue de difficulté est une petite pépite, gardant toujours un effet de puissance crescendo. Il faut l'écouter pour le croire.

La dernière est celle qui revient le plus souvent quand on parle de l'album : l'épique, la majestueuse, la "westernienne", que dis-je, le chef d'oeuvre qu'est "Knights Of Cydonia". S'étalant sur six minutes, la chanson est déstructuré entre parties grandiloquentes, riffs de fou-furieux ou beauté spontanée. Difficile de décrire cette composition d'une perfection rarement inégalée. Si il n'en fallait qu'en garder une, prenez celle-là.

Ces trois chansons citées, l'album sonne bien faible, non ? Que nenni. Le problème, avec le reste, c'est que la moitié sont médiocres voir anecdotiques. Je pense en particulier à l’enchaînement "Exo-Politics/City Of Delusion/Hoodoo", des compositions, qui sans être réellement mauvaises, peine à convaincre. Le côté poussif de "Exo-Politics" (oh ce vilain refrain), l'excursion ratée dans l'hispanisme de "City Of Delusion" (les orchestrations laissent présager la direction future prise sur "The Resistance"), l'aspect jazzy du pauvre de "Hoodoo" (Muse retombe dans les travers de "Absolution" ici)... des choses qui bloquent l'écoute et qui laissent un goût peu agréable dans la bouche. Citons aussi l'horrible et terriblement pénible "Soldier's Poem", moment poétique d'une mièvrerie insupportable.

Du côté des bonnes chansons, on retrouve donc "Assassin", citée plus haut et qui reste sans conteste la chanson la plus énergique de l'album (avec "Knights Of Cydonia", bien que celle-là se trouve être dans une autre galaxie). "Take A Bow" essaye de refaire le coup de "Apocalypse Please". Tout en restant fort acceptable et hypotonique à souhait avec sa grandiloquence assumée, elle souffre de la comparaison avec son aînée, les deux étant tout de même fort similaire au niveau de l'ambiance. L'agréable surprise se trouve être "Map Of The Problematique", délivrant une ligne de piano magique, rappelant je ne sais pourquoi le "New Years Day" de U2. Pourtant, la composition revêt une certaine beauté, une réussite même !
Finissons par "Starlight", single de bonne facture au début mais qui devient lassante à force du matraquage radiophonique.

Que dire pour conclure ? "Black Holes And Revelation" est assurément meilleur que "Absolution", dont il est la suite logique. Même si il reste inégal, il propose d'excellentes choses qui finissent d'assouvir la puissance de Muse sur la musique des années 2000. La suite sera un peu moins rose avec un "The Resistance" raté. Pourtant, 2012 marquera l'apogée du trio avec "The 2nd Law", mon petit préféré.

(critique simultanément publiée sur le site Forces Parallèles sous le pseudonyme KingKilling)
Nikki
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le 11 avr. 2014

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