Black Sabbath
7.8
Black Sabbath

Album de Black Sabbath (1970)

1970.
Quatre jeunes paumés de la banlieue de Birmingham écument les bars qui acceptent de les faire jouer leurs reprises de standards blues en quête de reconnaissance. La magie n'opère pas, et la lassitude d'un maigre cachet glané face à un public clairsemé a bientôt raison de leur enthousiasme.
Nous sommes en plein flower-power, l'amour et l'insouciance coulent à flot dans les tubes radiophoniques de l'époque, et nos jeunes gens ont l'idée saugrenue mais payante de prendre le contre-pied de ce mouvement, aidé en ce sens par les problèmes de phalanges amputées du guitariste, qui du coup, jouera avec les cordes plus souples que de coutume, et accordées plus bas. Combiné à une section rythmique menaçante et une voix nasillarde tout aussi inquiétante, l'histoire se met en marche.
Cela démarre par une sinistre cloche appelant les fidèles à se réunir sous un orage grondant. Puis 3 notes, et la messe est dite. Ou dans le cas présent, le sabbat. Noir.
Ce premier titre de l'album éponyme du groupe éponyme annonce de suite la couleur, et ça sera donc le noir. Ici, aucune chanson d'amour, ou alors abordée via l'angle de la souffrance d'un amour à sens unique ("Warning"). Non, ici, la seule source de joie est apporté par un mage et son harmonica lugubre ("The Wizard"). A part cela, nous naviguons dans un épais brouillard où se croisent Lucifer ("N.I.B"), la dope ("Behind The Wall of Sleep", titre emprunté à Lovecraft, que nous retrouverons régulièrement dans ce courant musical), des femmes malintentionnées ("Evil Woman") pour finir sur un constat alarmiste et pessimiste du monde moderne ("Wicked World").
Alors, bien sûr, c'est un 1er album, fait en quelques jours avec une poignées de livres sterling. Il n'est donc pas parfait, et il y a quelques longueurs au fil de ces 8 titres. De même, l'influence bluesy est encore largement palpable, et c'est définitivement à partir de l'album suivant, paru plus tard dans cette année 1970, que l'identité du groupe sera affirmée.
Il n'en reste pas moins que cet album se doit d'être possédé, écouté et respecté, ne serait-ce que pour "Black Sabbath", pierre fondatrice du mouvement tentaculaire du heavy metal. Un riff, trois notes, une légende.

Shubby
7
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le 23 oct. 2016

Critique lue 385 fois

2 j'aime

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