Mos Def is in the house. Scratch. Beat binaire puissant. Hymne pour B boys et lova girls. LOVE. Et le son est carrément old school. Real Hip Hop. Tout ce qui sonne old school est vu comme plus « real » par les nostalgiques. Ce genre de rythmique, minimaliste, ça sonne vieux. Le synthé réduit à la rythmique, ça sonne old. La sécheresse des arrangements... Pourquoi ? Et pourquoi le Hip Hop ça vieillit aussi vite ? C’est comme ça. Comme disait Akhénaton : « Le Hip Hop, c’est une chute de météorites ». Ça va, et vient, vite. Parlez à un petit jeune de Tupac Shakur. Il va vous demander qui c’est ? Mos Def n’en a cure. Sortir des sonorités pareilles en 1999, c’était déjà old school. Mais Mos est en mission. Il a l’esprit des pionniers. Love for the MCs, positive attitude. No drug, no sex, Rock N Roll. Les samples seront évidents, la musique simple et précise. Un tapis séduisant pour permettre au flow de se déployer, au MC de briller, dans une boucle sans fin. WORD !


   Quand on prétend être en haut du panier, il faut une technique vocale sans faille. Un flow de ouf patapouf ! Gagné. Mos c’est un virtuose du flow. Un lourd léger. Il donne l’impression de voler dans l’air, que ça a l’air facile de rapper aussi vite, en restant tout aussi cool.


  Miss Fat Booty. Tube. Mos est tombé sur une nana spéciale prénommée Shanice. L’humour permet beaucoup de choses. Et on peut être viril, avoir du mojo, sans être vulgaire. Et là j’ai une épiphanie. Black on both sides, c’est un album de rap devenu classique, dans lequel il n’y a pas un gros mots (?) Comment se fesse ? Ou sont mes : « F*ck you! Biyatche, kill you nigga? » Moi, longtemps abonné au rap hardocre, ça me fait tout drôle.


Le son est « old », reste le groove. Présent. L’efficacité. Présent. Les battle avec les copains. Présent. Speed Law. Do It Now. Les sons qui sont de plus en plus secs, et syncopés. NY represent. Le son d’une époque. Avec une guest-star que tout le monde reconnaitra. Tiens… Busta Rhyme ?


  Désolé, Busta. Mais quand j’entends ta voix sur un album, je me dis : « Album des années 96 par là ». Ses tics, son flow, ça « fait » old school. De plus en plus, avec la chute de la météorite Hip Hop. Battle amicale, faîte dans l’urgence, dans la chaleur, pour briller, se distraire, et voyager. Sortir de NY. De Brooklyn. Oublier la jungle un moment. Oublier Brooklyn.
Avec des figures acrobatiques qu’on utilise plus depuis un moment, comme le gars derrière qui fait des : Oooh ! Aaah ! Et le MC qui poursuit sa route :


Don’t get me (x2)


Dont gg ggg get me…Wow ! C’est cool.


Respiration. Sortir, et partir pour les caraïbes. Le flow devient jamaïcain, sans doute aucun. La batterie jazzy. Syncopé en diable. UMI Says. Pas mal du tout. Mélange pop. Avec un MC qui lance des feulements à la MJ dans le fond. Ça fait : Aww…Hi ! Hi !  LOL. MJ est dans la place. Et un texte sans ambiguïté. Black people unite. Si même MJ est d’accord…
Mos Def fait partie du lot des rappeurs dits conscients. Il n’aime pas le terme, mais on l’a classé dans le genre, avec l’étiquette collé sur lui. Conscient, voire écologique. Quand il parle de la pollution de l’eau, au profit des grands groupes, il n'y a aucune ambiguité. New World Water. Ou quand il devient : Rock N Roll. Mise au point historique.


 Elvis Presley ain’t got no SOUL.


Little Richard is ROCK N ROLL.


Parler du rock, produit de consommation blanc par excellence, c’est bien; et remettre les choses à leur place, c’est mieux. Dire ça sur un beat black puissamment évocateur, c’est aussi bien.


You can dig the Rolling Stones, but they could never ever rock like Nina Simone. Word. Black rock, black Métal. Un rock metal black sur blanc. Know That.


Retour à l’épure urbaine. NY. Underground. Battle. On ne rappe plus comme ça non plus. C’est pas grave. Mos c’est pas un commercial. C’est un pilier de la tradition. Avec les musiciens, et la batterie carré, pas machine, juste carrée. Et les MC qui montrent leurs muscles. Et ils se rentrent dedans. Et on est obligé de bouger, la tête en cadence, de droite à gauche, négro. Avec un message : Stay Black. Sauf que :
Climb. Ce genre de beat, ça me gave au bout d’un moment. Même si le MC susurre du Diana Ross. C’est une belle envolée, mais le beat me gave. Brooklyn. Brooklyn niche pour rappeurs modernes. Pour Stakhanovistes du verbe. Tous évacués derrière l’ombre de JayZ, virtuose et homme d’affaires, à la réussite exceptionnelle. Mos Def nous rappelle que même riche, on reste noir. Ici c’est la jungle.


 Mr Nigga. Nigga. Nigga. Lui qui a faillit se faire refouler de l’avion, parce que l’hôtesse de l’air trouvait bizarre de voir un NOIR en première classe ( ?!)


 Mr Nigga ? Nigga. Nigga.


 Réalité toujours. Humour et militantisme. Ne pas se plaindre et continuer le jeu. Je suis noir, et riche. Ça te pose un problème ? Le beat demeure simple, voire pauvre, le texte l’est inverse. Et c’est mathématique.


Mathematics. Les maths c’est simple. Les USA, c’est mathématique. Qui est blanc, qui est noir ? Qui est riche ? Qui est condamné à rester pauvre ? Brillant, engagé. Morceau clair comme une solution à un problème qui n’a pas de solution. Pas de bling bling, de frime, de coups de feu, de meurtres, pas de uzis, de femmes battues ; et ça arrache quand même. Pas mal du tout. Par contre, le son va faire rire les jeunes. C’est old school, mais avec contenu.


Et comme une impression, d’un acte manqué. Comme si cet album était brillant, mais qu’il sortait deux ou trois ans trop tard, après que la déferlante hardcore ait tout balayée sur son passage. Après que le mainstream et le business aient tout avalés, après que le rap game soit. Mos est de la race des rappeurs dont on a envie de lire les textes. Pour lui, Black, c’est pas un gros mot. Et il veut revenir à l’essence de cette musique, qui semble s’être perdue en route, dans le business et la consommation de masse. Pas mal, non ?

Angie_Eklespri
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le 10 oct. 2017

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