Album collectif supervisé par Kanye West et destiné à promouvoir les artistes du label GOOD Music, Cruel Summer parvient à conserver un style homogène, ce qui est moins le cas de la qualité des titres. On a ainsi une première moitié assez enthousiasmante, avec des chansons pourvues d’une certaine richesse sonore rappelant un peu celle de Watch The Throne de Kanye West et Jay-Z – sans atteindre toutefois le même niveau –, mais une fois les « To The World », « Clique », « Mercy », « New God Flow » et « Cold » (sans doute mon préféré d’ailleurs, une sorte de catharsis furieuse sur fond d’apocalypse) passés, l’enregistrement se perd dans une sorte d’inanité. Les morceaux suivants ne sont pas dépourvus d’intérêt et on trouve à chaque fois des choses qui méritent d’y revenir (la coda de « Higher » et ses harmonies vocales autotunées, l’atmosphère de « Sin City », le dépouillement sonore de « Creepers », les emportements un peu maladroits de « The One »…), mais ils sont souvent empreints d’une certaine laideur.
Cruel Summer demeure néanmoins plutôt agréable et intéressant, parfois même très réussi, mais sa production clinquante, ses paroles de qualité très inégale (« Let me see you put your middle fingers up » sur « To The World », ce sommet de rébellion…) et son envahissante autosatisfaction n’en font pas non plus l’œuvre la plus sympathique qui soit.