"You're singing too much, get back to rap, you're T-paining too much !". Ces paroles cinglantes, prononcées par un JAY-Z révolté dans le titre D.O.A sur l'album The Blueprint 3, pourraient très bien s'adresser au Duc de Boulogne lui-même tant elles traduisent, à merveille, la voie musicale empruntée par ce dernier à partir de l'album 0.9 sorti en 2008.
En effet, c'est dans son quatrième album solo que Booba fit la découverte du vocodeur. Hélas pour nos oreilles affûtées, ce fût le drame ! Suivront Lunatic en 2010 puis Futur en 2012 dans lesquels B2O ne manquera pas de réitérer l'expérience Auto-tune au grand dam des fans de sa grosse voix de nounours et pour le plus grand plaisir des aficionados du nouveau "style de rap".
Dès lors, c'est sans surprise que je découvre ce septième album du gentil ourson truffé, pour ne pas dire exclusivement composé, de titres aux sonorités auto-tunées. Dans un sens, on aurait tort de critiquer le bougre dans la mesure où, chiffres à l'appui, cette évolution de carrière a trouvé bon public. En revanche, en ce qui me concerne, je l'ai mauvaise puisque, dans le morceau Temps Mort 2.0 (seul espoir à l'horizon par ailleurs), entouré de l'illustre Lino, Booba nous fait bien comprendre qu'il sait toujours dégainer de la lyric en s'affranchissant de toute modification vocale.
Oui mais voilà, par fainéantise, par simplicité ou tout bonnement par stratégie commerciale, B2O, tel un enfant avec son hochet, ne quitte plus l'auto-tune. De rappeur, il devient davantage chanteur et seules les prods, qui, au demeurant sont d'une grande qualité, parviennent à rattraper un carnage vocal déjà amorcé en 2008.
Le constat est donc amer. Et ce d'autant plus qu'il a les moyens, financiers (il n'y a qu'à voir le clip Tony Sosa), comme artistiques (Temps Mort 2.0), de confectionner le meilleur dans le domaine dans lequel il a excellé il y a de cela une décennie. Mais non, au lieu de multiplier les choix judicieux (featuring avec Lino) et d'exploiter des prods taillées sur mesure pour lui, Booba préfère pousser la chansonnette en trafiquant sa grosse voix qui plaisait tant avant.
En définitive, trois maigres petites étoiles pour ce septième album. Une évidemment pour des prods très intéressantes. Une autre pour la franche rigolade face à certains titres d'une médiocrité à faire pleurer. Et une dernière pour l'espoir ... l'espoir que le titre Temps Mort 2.0 m'inspire ... celui d'un retour aux sources de l'ourson du 92 pour son prochain projet ... Get back to RAP !