Abysses électroniques

Qu’on se le dise, les Birdy Nam Nam sont talentueux. Certains les critiquent ouvertement, allez savoir pourquoi mais je pense que quand on à été lauréat des DMC en équipe, c’est qu’il y a quelque chose derrière. Encore faut-il ensuite utiliser ce talent correctement, réaliser des choses de qualités. A mes yeux c’est ce que font les Birdy Nam Nam depuis leur début, dans un style toujours différent à chaque nouvel album. La routine n’est pas pour eux, et ils l’ont encore bien fait comprendre avec Defiant Order.

Pourtant c’était pas gagné, et on peut même dire qu’ils y ont probablement perdus quelques plumes. Certains se souviendront probablement du tragique incident de Facebook peu après la sortie de l’album, les pauvres types se faisant insulter de toutes parts parce qu’ils n’avaient pas produits la musique que le public attendait. Là aussi qu’on se le dise, il y aura toujours des gens qui voudront qu’un artiste produise autre chose. Forcément après un Manual For Succesfull Rioting électrique et dont j’ai moi-même vécu l’ambiance en concerts, les « fans » ont du être bousculés. Au final cet évènement m’a poussé à évaluer de nouveau cet opus, qui s’est révélé finalement être leur meilleur travail.

Defiant Order est d’autant plus difficile qu’il tranche de manière directe d’avec un opus très électro, très brut et dont le but même était de faire bouger les foules. Il en résultait d’ailleurs des concerts monumentaux. Ici l’approche est bien différente, beaucoup plus posée et expérimentale, le but étant avant tout de s’évader. Malgré une première piste, Jaded Future, qui rappelle un peu l’ambiance de Bonne Nouvelle, l’album surprend par la suite. Le titre éponyme Defiant Order imposant dès lors ses sonorités futuristes pour nous plonger dans un album sombre et pessimiste. Le ticket pour un autre univers est donc pris et on se laisse soudainement emporter au fil des morceaux.

Ce pourquoi cet album des BNN est si réussi c’est que malgré que les tracks ne soient pas liés entres-eux, la continuité est parfaite et longiligne. On ne ressent même pas le changement de piste, tout s’enchaînant parfaitement, comme si l’on était dans un wagon qui change de paysage toutes les quatre minutes. Parfois mélancoliques, radicales ou abstraites, les sonorités proposées par le quatuor dénotent une véritable volonté de création. On ne s’ennuie donc pas, continuant d’avancer toujours plus profondément dans les abysses de leur univers. La cassure s’exécutant à partir du morceau The Golden Era qui propose immédiatement une envolée ; on croirait presque entendre un mix réalisé par des DJ de différents horizons. Un pur bonheur. Le seul problème de Defiant Order viendra lors de ses deux dernières pistes, trop discrètes et semblables si bien qu’on ne verra pas arriver la fin de l’album, trop brusque.

En bref Defiant Order est un petit bijou. Une vraie plongée dans un univers futuriste et sombre, aux multiples envolées. Chaque morceau à sa personnalité et son univers à présenter et on constate que les quatre DJ se sont réellement fait plaisir, préférant créer un album qui risquerait de choquer plutôt qu’une soupe réchauffée dans la continuité du précédent. En live la différence est bien là, et il est beaucoup plus difficile d’apprécier cet opus à cause des trop fortes basses. Peut-être que les sensations d’écoutes sont meilleures en salle qu’en extérieur. Malgré tout l’énergie et le respect des BNN pour leur public se fait toujours ressentir, et ça c’est bien le principal.