Diamond Eyes
7.3
Diamond Eyes

Album de Deftones (2010)

Le sixième album des membres du groupe de Sacremento aurait dû s’appeler Eros mais il n’en fut rien suite au drame touchant leur bassiste Chi Cheng. Voulant sortir Eros quand leur bassiste se serait rétabli (il décéda quelques années plus tard), Chino Moreno et sa bande se mirent en tête d’écrire un tout autre album. En à peine à six mois et avec l’aide du bassiste Sergio Varga, les deftoniens produisirent Diamond Eyes avec Nick Raskulinecz, signant là un drôle de retour aux ressources après le très planant Saturday Night Wrist.

Deftones est un groupe à fortes têtes, avec un esprit presque schizophrénique qui doit faire avec les envies du guitariste Carpenter de vouloir alourdir le son du groupe et Chino Moreno, qui lui de son côté, aime les ambiances new wave et contemplative. Diamond Eyes est un album dans la pure tradition deftonienne, avec ce son reconnaissable entre mille depuis le changement de direction musicale orchestré par le légendaire White Pony, avec ces lignes de guitares efficaces, ces refrains frémissants, cette ambiance céleste et les textes toujours aussi vaporeux de Moreno.

Deftones est prêt à en découdre. Deftones a la volonté de faire étalage de sa rage et de sa puissance tellurique (Royal) tout en gardant ses lignes mélodiques toujours aussi inspirée (Sextape). Diamond Eyes est premièrement marqué par sa production, ses riffs tranchants dans le vif teinté de groove (You’ve Seen the Butcher), sa sonorité très 90’s où le groupe semble avoir faire un passage dans le passé où certaines compositions rappellent des albums tels qu’Around the fur où Chino se fait un malin plaisir de partir dans les aigus avec ses cris de « chat ». (CMND/CTRL)

Mais Diamond Eyes n’est pas qu’un simple retour en arrière, gardant un son moderne. Deftones a ce talent perpétuel pour donner une touche de vigueur à leur musique. Deftones arrive facilement à mélanger les périodes, jouant sur les ambiances contrastées, les petites touches électro de Delgado, décuplant la mutation de leur musique entre mélodie mélancolique et émotion viscérale féroce (Rocket States/Diamond Eyes). Deftones module ses atmosphères à sa guise prenant toujours un grand soin dans les lignes mélodiques de ses compositions. (This Place is Death)

Mais à l’instar de chansons comme Rivière ou Digital Bath, Deftones, c’est aussi une douceur, une fièvre romantique et Diamond Eyes regorge de moments forts en plages contemplatives et évanescentes, à l’image des deux ballades hallucinées et sublimes que sont Sextape et Beauty School faisant le pont avec le chemin entrepris par Saturday Night Wrist, et non sans rappeler le fantôme du side projet, Team Sleep. Diamond Eyes n’est pas sans défaut, car niveau production, l’album montre un semblant d’incohérence dans ses sonorités parfois assez éloignées. Mais ce disque est un album fait sur la brèche, à l’aura immédiate, à l’efficacité redoutable à défaut d’être d’une grande profondeur, et est composé de nombreuses pépites qui ne feront qu’alimenter la classe du groupe en live.
Velvetman
8
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le 2 oct. 2014

Critique lue 582 fois

7 j'aime

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