Otoboke Beaver, dont le nom provient d'un love hôtel d'Osaka, est un groupe japonais en provenance d'une autre ville importante de l'empire du soleil levant à savoir Kyoto, et qui s'est formé en 2009.
Disons-le d'entrée il s'agit d'un groupe complètement déjanté composé de quatre japonaises bien allumées, survoltées. Pourtant leur look, bien sage, ne paie pas de mine et ne présage en rien la déflagration qui va arriver. Quatre filles qu'on s'attendrait davantage à rencontrer dans un bar à chats tokyoïte entrain de siroter tranquillement une menthe à l'eau ou un soda qu'à voir sur la scène d'un concert keupon. Otoboke beaver en effet joue une musique entre punk, hardcore et noise rock, le tout, et on ne peut pas faire plus beau compliment, rappelant parfois Melt Banana, autre groupe extrême nippon, plus dans l'expérimental toutefois mais qui reste LA référence absolue du genre.
Et avec parfois aussi quelques influences surf garage rock (peut être inspirées par leurs compatriotes de Supersnazz), le tout baignant dans une atmosphère très dessin animé...
Si tout l'album est excellent j'ai décidé de mettre un titre en avant et de me concentrer sur le morceau phare, en l'occurrence « Don't light my fire », prétexte en fait pour parler du groupe et de l’album plus globalement.
En effet « Itekoma hits » reste leur meilleur disque, le plus abouti et le plus représentatif (mélange de nouveaux titres et d'anciens singles), le plus surprenant aussi, celui qui capitalise le plus les innovations qu'Ototoke Beaver apporte au style, (en tout cas supérieur à « Okoshiyasu !! Otoboke beaver » paru en 2016).
Le morceau, « Don't light my fire », sorti en single et qui figure sur « Itekoma hits », quasiment grindcore, reste leur titre le plus dévastateur, presque terrifiant et totalement halluciné musicalement parlant, proprement incroyable et d'une agressivité sonore rare mais surtout des plus originaux. Le clip, très psychédélique, vaut également le coup d'œil mais vu le rythme effréné et saccadé attention aux effets secondaires (à éviter de regarder après avoir fait un bon gueuleton et bien picolé).
C'est incontestablement le titre phare de du disque, celui qui vous saute littéralement à la gueule. , Brutal et rafraîchissant à la fois, magnifiquement dissonant.
Le tout avec vraiment quelque chose en plus. Ce plus c'est indéniablement la voix de la chanteuse Accorinrin, au phrasé surprenant et complètement atypique dans le punk et dont je n'ai à ce jour que très rarement entendu quelque chose s'en rapprochant. Mélange de paroles et de sonorité ultra agressives, sorte de distorsion vocale, avec un goût pour le saccadé, c'est épileptique, imprévisible, quasiment démoniaque (et encore plus quand tout est repris en chœur devenant cartoonesque, comme si les voix nous attaquaient littéralement). Chant qui se complète à merveille avec la musique car les changements incessants et ultra rapides de tempos, et la folie qui ressort globalement des titres participent au côté délirant. Des accélérations foudroyantes qui arrachent tout mais tout en restant très fun. Avec un côté hypnotique quasi irrésistible…
Otoboke beaver amène incontestablement un vent de fraîcheur dans l'univers punk rock.
Des groupes 100% féminins assez ultimes comme The Gaia puis Yellow Machine Gun étaient déjà apparus par le passé au Japon, sans oublier Flagitious idiosyncracy in the dilapidation, groupe de grindcore mais là on passe à la vitesse supérieure et Otoboke Beaver s'inscrit en digne successeur de Melt Banana.
Le tout dans un univers propre, très particulier et vraiment très original, si tant est qu'on arrive à l'apprivoiser.
Le rock japonais au sens large reste trop méconnu en Europe ; pourtant quel que soit le style musical proposé il reste des plus novateurs.
Pour en revenir à l'album signalons que l'autre grand titre en est « Love is short » mais que l'ensemble, que je recommande vivement vous l'avez bien compris, est vraiment très bon. Une tornade punk des plus sympathique !
https://www.youtube.com/watch?v=fkWfFXnLpYg