Earthling
6.7
Earthling

Album de David Bowie (1997)

Il y a les fans de Bowie qui n'aiment pas l'électro, il y a les fans d'électro qui n'aiment pas Bowie. Qui reste-t-il alors pour écouter cet album à part les fans de Bowie qui aiment l'électro ? Avec Earthling on est en plein dans cet période de la carrière du dandy, toujours excessivement décriée par les anciens fans, persuadés que leur idole a vendu là son âme au diable, mais qui d'un autre côté a permis aux nouvelles générations d'accorder enfin une oreille attentive à sa musique.

Ces fans de la première heure ont juste oublié que leur idole est polymorphe et que si elle n'est pas toujours capable de produire un chef-d'œuvre pour chaque genre musical, elle arrive quand même à en respecter les codes. Ici Bowie va plus loin et accouche d'un album électro-pop qui pourrait, pour peu qu'on tende l'oreille, réconcilier les fans de toutes les générations.

Earthling va vite, passe vite, il ne faut pas s'attendre à un instant de repos avec cet album, il est survitaminé, dopé à la nitroglycérine et donne une furieuse envie de se déhancher pendant une petite cinquantaine de minutes. Le rythme binaire propre à l'électro est bien présent et imparable, Bowie tournant autour de cette base avec une variété d'arrangements qui vont des sons purement dance floor à ceux, plus difficiles d'accès, de l'acid music.

C'est d'ailleurs sur ce type de composition que s'ouvre l'album avec Little Wonder, qui commence par faire mal aux dents avec un son que beaucoup jugeront désagréable car trop aiguë et qui se retranche ensuite derrière des arrangements parfois brouillons car trop nombreux, mais toujours uniques. Le sommet de l'album culmine sans doute dans l'écoute de Dead Man Walking, énorme morceau irrésistiblement dansant et qui rappellera d'excellents souvenirs à tous ceux qui ont piétiné les pistes des discothèques dans les années 90 au son d'une techno naissante.

Les mélomanes hermétiques aux morceaux déstructurés propres à des artistes comme Björk fuiront probablement cet album comme la peste. Pas ou peu de refrains et donc pas ou peu de couplets, juste des enchainements de tableaux et d'atmosphères. Le travail créatif est intense, déconcertant et déstabilisant, on sent que le studio d'enregistrement et tout le travail en amont ont dû ressembler à un laboratoire expérimental et comme pour toute expérience il y a souvent un peu de déchets et parfois des échecs. Earthling n'est évidemment pas le meilleur album de David Bowie, il sert surtout à démontrer que cet homme ne plie pas sous le poids des ans et de sa culture musicale accumulée aux cours du temps, il est probable que seule la mort pourra l'arrêter. Une nouvelle fois, il se remet en question et dévore les modes et tendances avec voracité, nous délivrant sa version de l'électro-pop, une électro-pop acidulée, innovante et réjouissante.
Jambalaya
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le 14 avr. 2013

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Jambalaya

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