Un album plus mature, plus sombre et pourtant éclatant de beauté

Huit ans. Huit ans que les deux amis, Miles Kane (The Rascals) et Alex Turner (Arctic Monkeys) se sont associés pour former le groupe récréatif le plus jouissif de ces dernières années, The Last Shadow Puppets. Huit ans que le bombesque "The Age Of The Understatement" est venu s’imposer comme un album pop rock monumental et innovant. Les fans de la première heure ont donc dû s’armer de patience. Mais ça y est : "Everything You’ve Come To Expect", le nouvel opus du duo anglais est enfin là. Mais comment effectuer un retour réussi lorsqu’on a placé la barre si haut ?


N’en déplaise à certains, les deux Anglais ont changé. Fini les look de Beatles, place au crâne rasé pour Miles Kane et aux cheveux gominés pour Alex Tuner, le tout avec une allure résolument plus rock n’roll. On change aussi de décennie; tandis que le premier effort penchait résolument du côté des 60’s, le second est plus orienté 70’s. Enfin, Alex et Miles ont quitté Sheffield et Liverpool pour la Californie où ils ont enregistré ce nouvel effort et quoiqu’ils en disent on ressent une certaine influence américaine notamment sur l’entêtante "Sweet Dreams, TN". Pourtant, l’ensemble reste authentique et comme on ne change pas une équipe qui gagne, on retrouve James Ford à la production et à la batterie. Mais aussi le désormais indispensable Owen Pallett aux orchestrations, qui effectue un travail formidable sur l’envoûtante "Pattern" notamment. L’expression "rock orchestral" prend alors tout son sens. Et Miles s’y distingue par un chant ensorcelant qui contraste avec son rôle de shooter assumé sur la plus punk "Bad Habits".


Alors que "Aviation" et "Miracle Aligner", qui introduisent l’ensemble, se rapprochent plus des sonorités du premier effort avec un rock doux et des mélodies entraînantes, la plus soul "Dracula Teeth" surprend par sa beauté sombre. On décèle aussi une certaine nostalgie sur l'éponyme "Everything You've Come To Expect" et sur "The Dream Synopsis", dernier superbe morceau de l’opus, où l’on entend Alex Turner évoquer sa ville d’origine : "And a wicked gale came howling up through Shieffield City Centre", mais aussi son acolyte : "It was you and me and Miles Kane". Niveau songwriting, Alex avoue avoir changé de méthode et ne plus chercher à forcément faire sens d’un vers à un autre. Le résultat n’en est pas moins travaillé et bluffant. "Black-light animal print boogie/Left in a heap/A kiss on either cheek/I’m a phoney, I’m a fake/A fraud, a snake/Gimme all your love so I can fill you up with hate", chantent-ils en choeur sur la poisseuse "Used To Be My Girl".


Alors que TLSP reprenait "In The Heat Of The Morning" de David Bowie en B-side en 2008, Alex Turner confiait dans une récente interview que le duo avait écouté en boucle "Young Americans" du génie anglais lors de l’écriture de ce second effort. Une influence qu’on ne peut nier, comme celle des Beach Boys, de Scott Walker ou encore de Serge Gainsbourg. Ainsi, les onze morceaux sont encore plus variés, dans les styles et les influences, que le précédent effort studio. Un changement nécessaire pour surprendre les fans mais pas non plus radical au point de les déconcerter.


Avec une pop rock toujours aussi cinématique, TLSP nous offre donc un album plus mature, plus sombre et pourtant éclatant de beauté où la complémentarité entre Miles Kane et Alex Turner est permise par une complicité évidente qui se ressent jusque dans les accords de guitare. Déjà un classique !


Chronique sur RockUrLife
Report du concert du 29/03 à l'Olympia

Neelic
9
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le 5 avr. 2016

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