For My Parents
7.6
For My Parents

Album de MONO (2012)

J’ai découvert Mono il y a de ça 4 mois. Depuis, les deux albums que j’avais pu trouver, Hymn to the Immortal Wing et Are you There, tournaient en boucle dans mes écouteurs et ma playlist. Même en connaissant les albums par cœur, je voyageais, me laissant surprendre par ce que je connaissais déjà.

Puis je me suis mis à chercher à droite à gauche et je suis tombé sur leur discographie. Ni une ni deux voilà que je prends le tout espérant me goinfrer de ce post-rock qui enchante tant mes oreilles. Mais je me sens un peu coupable, après tout c’est pas bien de télécharger et je me suis dit qu’il fallait au moins que j’achète un de leur album. Voilà que je tombe sur For My Parents. Je l’achète et me dit que je l’ouvrirai chez moi comme si c’était le premier cadeau de noël qu’un enfant recevait. Je fous la galette dans mon ordinateur, mes tympans sont prêts à jouir.

J’écoute l’album une fois, pas très convaincu. Une deuxième fois, je commence à me délecter de certaines mélodies. Puis je ne lui laisse pas le temps de se reposer, le bouton replay saute de mon clavier malheureusement sans grande conviction. Alors voilà, j’ai écouté un album de Mono. C’était bien, j’adore leur style, mais j’ai écouté du Mono, sans surprise, ou presque…

Les deux premières musiques m’ont directement fait penser à ma routine. C’est pas mal, ma vie me plait, mais bon je sais comment ça va se dérouler, quelques passages surprennent mais rien ne me fait vraiment décoller. J’écoute alors d’une oreille distraite. Puis vient Dream Odyssey, je me réveille doucement sous cet air mélancolique, la balade reprend, la nostalgie d’une journée excellente avec mes potes me revient. J’apprécie, je me délecte, je savoure l’instant, un sourire au coin des lèvres. D’autres souvenirs viennent se coller, un moment de bonheur intense qu’il faut bien, à un moment, laisser partir en douceur. Comme un fou rire qui se calme, les images s’en vont petit à petit laissant juste un sentiment d’apaisement. Putain voilà, ça c’est du Mono comme je l’aime, ça c’est du bon !

Unseen Harbor pointe le bout de son nez, les premières notes me happent dans ce qui, à mes yeux, va être un torrent d’émotions brutes. Une conversation qui commence plus ou moins mal avec mes parents. Fais chier le diner de ce soir va pas être agréable, le père a passé une sale journée et ma mère est crevée. La discussion laisse place à un silence jusqu’à ce que la question fatale, celle qui fâche, ne soit mise sur la table, au milieu de la nourriture. Je réponds, calmement, ma mère manque alors de tact, je lui rétorque quelque chose d’assez idiot puis la conversation s’envenime. Le père s’y met aussi de son côté, bien sûr qu’il ne va pas me soutenir. Puis la dispute, inévitable, débile, fout tout en l’air. Ca y est, on s’engueule. On ne s’écoute plus, on hoche la tête en se disant que, de toute façon, l’autre a tort. Tout fuse, les reproches, les quatre vérités jusque là jamais dites, on mélange torchons et serviettes, on s’en fout il faut vider son sac, tout doit y passer pour pouvoir tirer une croix dessus ensuite. Mais on est pris dans le tourbillon, on ne dose plus ses propos, aux chiottes la politesse si on doit jouer la carte de la violence parlée. Putain comment peut-on être aussi con ?
Chacun retourne dans son coin et les remords ne tardent pas à pointer le bout de leur nez. On regrette mais c’est impossible de le dire tout de suite, ce serait une défaite cuisante, ça anéantirait tout ce qui a été dit. Le serpent qui se mord la queue. On allume la console, se défoule sur les ennemis qui passent sans se soucier de ce qu’on est en train de faire. Puis vient le temps de la réflexion, calme et posée, délectable car elle nous rassure dans son inutilité.
Unseen Harbor pour moi c’était ça, un flot constant d’émotions qui ne s’arrête jamais, qui ne nous laisse respirer qu’à la fin. Une musique puissante absolument parfaite dans son instrumentation et dans ce qu’elle veut transmettre. Voyage introspectif déroutant mais aussi terriblement jouissif avec l’impression que la musique nous comprend, nous prend par la main pour nous dire qu’on est tous passé par là et qu’on peut en parler, autrement que par la parole. Un sentiment sensationnel et sensoriel inoubliable.

A Quiet Place vient parfaitement clore l’album. Alors qu’il était très dur de revenir après la musique précédente, on me conte une fin de soirée tranquille sur le balcon. On regarde tranquillement les étoiles en souriant. De la même façon que face à une comptine, on s’endort et la fin de l’album nous décrit le début d’un rêve, c’est à nous de le terminer, c’est à nous d’écrire la suite, c’est à nous de terminer l’histoire.

For My Parents est un superbe album qui ne se dévoile finalement que dans sa deuxième moitié pour nous noyer sous sa vague d’intensité musicale. Ce n’est évidemment pas parfait, ce n’est pas toujours dingue, mais j’ai encore vécu une histoire fantastique avec cet album, une routine qui est parfois ponctuée de moments incroyablement durs ou touchants. Mais j’ai peur pour la suite, j’ai peur que le groupe s’enferme dans ce qu’il fait très bien et les premières musiques me confortent dans cette idée, maintenant que je connais Mono, que j’ai un peu apprivoisé leur style, vont-ils ou peuvent-ils encore me surprendre par la suite ? Je n’attends que ça en espérant que le reste de la discographie sera à la hauteur !
Ray
8
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Créée

le 19 sept. 2014

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Ray

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