Frequencies
7.6
Frequencies

Album de LFO (1991)

Le signal d'LFO continuera à se moduler

LFO signifie Low Frequency Oscillator, un composant du synthétiseur, permettant de rendre avec une qualité sonore adaptée des modulations de signal, sans que la fréquence infra-sonique soit audible (Merci Wikipédia). On devine donc qu'à travers ce nom, les LFO ont voulu rendre hommage à leur instrument de prédilection.


Suite au décès (il y a presque deux ans) de Mark Bell, fondateur et membre du groupe britannique LFO avec son compère Gez Varley, j'ai jugé qu'il me fallait revenir sur le travail d'un duo-pionnier de la musique électronique, qui malheureusement ne sera plus actif. Cela dit, personne n'envisageait un come back d'LFO, car les bons groupes de techno sont bien souvent éphémères, mais aussi parce que leurs trois albums excellent tellement dans leur genre qu'ils sont toujours d'actualité. D'ailleurs, quel est le « genre musical » d'LFO ? Je ne sais. Déjà que les catégories musicales réductivo-classificatrices ont tendance à me courir sur le haricot, je dirais qu'LFO ne rentre dans aucune case, touche à tous les genres de musique électronique, et en a profité pour innover. A la limite, je trouve que le terme abstrait d'IDM (Intelligent Dance Music) correspond bien à la recherche musicale de Mark Bell. Non pas que je sache différencier l'IDM d'un autre style de musique électronique, mais pour moi, cela veut dire ce que ça veut dire : LFO, c'est de la musique intelligente, simple, complexe, différenciée, novatrice, inspirationelle... En gros, (et je ne saurais guère expliquer clairement pourquoi), j'adhère. Je vais donc me baser sur l'album Frequencies pour revenir un peu sur l'histoire et le style du groupe.


L'histoire du duo a d'abord commencé dans les clubs, en surfant sur la vague de popularité d'LFO, leur première démo (morceau éponymationnel qui porte le nom du groupe, au fait). C'est donc le label Warp Records de Sheffield (aussi connu pour la production d'artistes tels qu'Aphex Twin, Nightmares on Wax, Boards of Canada ou encore Luke Vibert) qui publie la démo, ce qui procure au groupe un succès conséquent. Bell et Varley sont alors lancés pour renouveler la musique électronique avec leur album Frequencies, sorti en 1991. En effet, les LFO étaient à l'image de leur label : capables de produire de gros beats techno salaces comme de douces symphonies envolées. Si la mélodie percutant les suraiguës ne vous fait pas d'effet, le tsunami lyrique des basses vous esbaudira sûrement. Même si certains sons utilisés sont dignes d'une usine métallurgique en pleine activité ou d'un micro-ondes en implosion (c'est la musique électronique des 90s), l'ensemble est très mélodique, et selon moi, audible en toutes circonstances. Après, et comme pour tout le reste de l'article, ce n'est que mon humble avis. Mais personnellement, je peux tout aussi bien écouter Frequencies pour me réveiller le matin, passer le temps dans un train ou décompresser dans mon bain. Bien entendu, il se peut qu'un quidam quelconque, l'oreille en permanence perfusée à NRJ ou Skyrock, vous dise après écoute : "Ah, il y a des gens qui écoutent ce genre de bruits ?". Et je le comprendrai. Ça ne doit pas être facile de passer de Skyrock à LFO...


Les LFO remettent ça en 1996, en sortant leur nouvel album Advance (Le seul que je ne possède pas en CD, je prends donc part au décollage de ses vues surYoutube) qui est également un succès, bien qu'un peu plus modéré que celui de Frequencies. Le groupe prend une tournure plus ambient sur cet album, ce qui est tout aussi plaisant. Parallèlement au départ du groupe de Gez Varley, Bell commence une carrière de producteur. Il devient alors plus discret sur la scène musicale, caché dans l'ombre des artistes pour lesquels il fait des arrangements. Il travaille ainsi avec Björk et produit quelques un de ses albums, mais surtout avec Depeche Mode (groupe à propos duquel il a une admiration de longue date, ce que l'on peut comprendre en lisant l'intérieur de la pochette de Frequencies, et ce qui nous fait un point commun). Bref, j'aime bien m'apercevoir que les artistes que j'écoute forment entre eux une sorte de réseau musical. Il est de notoriété publique que Bell a travaillé avec Depeche Mode sur leur album Exciter, mais les LFO ont-ils participé plus tôt à l'instrumental de Shame sur Construction Time Again ? C'est la question que je me posais, car on croit réellement reconnaître la patte LFO quant aux percussions et au synthé du morceau. Bien sur, Bell n'a pas composé uniquement pour DM sur Exciter, mais je voudrais bien savoir si cette chanson précise a été réalisée avec la collaboration d'LFO, ou non. Si vous savez, merci de partager ! Dans tous les cas, Bell est seul et ne produit plus de musique au nom du groupe. Cela va d'ailleurs lui manquer, c'est pourquoi il fait un come-back attendu en 2003.


C'est avec Sheath, l'album solo de Mark Bell, qu'LFO fait son retour. Cet album ne surprend pas les fans, dans le sens où Bell a repris la recette du groupe avec toujours autant de recherche et des sonorités plus modernes. Rien à dire, il est la pierre de faite d'une trilogie technoïdale. Les ballades oniriques et les grinceries épileptiques s'alternent toujours. J'ai fait écouter certaines musiques de Sheath à un de mes amis, il m'a dit « ça, ça s'écoute la nuit dans sa caisse quand il y a pas un chat et que t'es un peu en mode drive, et ça passe !... ». Et il a raison, ça doit être plutôt orgasmique. A vous de vérifier, si il fait nuit, que vous avez une caisse mais pas un chat et que vous êtes précisément en mode drive. Tout ça pour dire que je trouve Sheath vraiment plutôt bon. Cependant, après cet album, on n'entendra plus guère parler de Mark Bell... Jusqu'à sa mort. Cela dit, avant que je ne me renseigne sur LFO, je n'avais jamais entendu parler de Mark Bell de son vivant. C'est aussi ça qui me plaît chez certains musiciens, leur musique passe avant leur nom, qui ne tombe pas pour autant dans l'oubli, vu qu'il n'a jamais été vraiment connu auparavant.


De base, j'étais parti avec un avis négatif de la techno, le peu que je connaissais dans ce domaine musical m'avait alors déplu. Puis je me suis intéressé à l'acid house, et de fil en aiguille en lien Youtube, j'ai découvert LFO. Et j'ai changé d'avis. D'ailleurs, j'aime globalement écouter tous les artistes signés sur Warp Records. Si vous appréciez le style d'LFO et que vous cherchez une sorte d'équivalent en dehors de Warp, je peux vous conseiller 808 State ou Orbital. Si vous voulez vous procurer les CD du groupe, ne vous déplacez pas à la FNAC (ils n'ont pas LFO en rayon, et si vous voulez commander là-bas, votre CD sera soit difficilement trouvable dans leur base de données, soit il mettra bien deux semaines à arriver). Optez plutôt pour la commande sur Amazon (je n'approuve pas toujours, mais il faut reconnaître que c'est le plus pratique et rapide) ou bien dirigez-vous vers un magasin spécialisé (bon courage pour le trouver). Eh oui, que voulez-vous, la bonne musique est parfois difficile d'accès. Sinon, si contrairement à moi, vous êtes rentrés de plein pied dans l'ère de la technologie du troisième millénaire, vous pouvez télécharger la chose. Mais personnellement (et bêtement) je tiens toujours à avoir mes indispensables en CD, c'est comme ça, c'est pourquoi je vous renseigne sur les conditions d'obtention des CD d'LFO, au cas où certains d'entre vous seraient atteints par la même maladie que moi.


Si je devais choisir, je dirais que mes trois préférées d'LFO sont Tan Ta Ra , Simon From Sidney, Psychodelik et Freak. Oui, j'aime beaucoup Frequencies ! A force de trop écouter ce CD, j'ai essayé de composer des rythmes similaires sur FL Studio... Le résultat fut aussi tragique que surprenant. Dans tous les cas, même si Mark Bell est décédé, sa musique reste une référence de l'IDM et va sans doute le rester.Voila, bon eh bien il ne vous reste plus qu'à écouter, parce que je suis bien gentil d'écrire indéfiniment sur ma perception de la musique d'LFO, mais c'est à vous de juger le bail.

Lefuneste
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le 23 janv. 2016

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