Nous sommes milieu 1996, Vince Neil retourne au bercail. Pourquoi donc ? Il faut déjà savoir que l'ange blond ne s'investissait pas assez dans Mötley Crüe, d'où son départ forcé par Nikki Sixx et Tommy Lee en 1992 (Mick Mars s'en branlait). Il fut remplacé par le talentueux John Corabi, à la voix plus grave, plus Heavy. Mötley Crüe sortit un album éponyme très bon malgré quelques titres décevants et un EP novateur pour le combo.
Mais le changement de Mötley Crüe lui sera fatal : la tournée prévue pour l'album éponyme fut un véritable flop, les fans manquaient à l'appel malgré la grande motivation du quatuor (le groupe voulait à l'époque, retournait à quelque chose de plus Rock N'Roll, de plus simple vis-à-vis du public).
Il faut savoir que Vince Neil n'est pas revenu de bon coeur, il faut attendre 2005 pour que le groupe soit enfin soudé comme au début (et encore, Tommy Lee ne pouvant plus blairer Vince Neil). C'est juste une histoire de dollars, d'un gros coup de pub et d'un procès finalement oublié que Mötley Crüe retrouva son line-up mythique. Les deux parties gagneront avec le come-back de Neil : sa carrière est en chute libre depuis le bide de Carved In Stone (plutôt bon, mais jugé avant-gardiste pour beaucoup de personnes) et pour Sixx et Co., c'est aussi la désillusion. Bref, tout le monde est gagnant dans ce coup ! Les avocats, producteurs et promotteurs le savaient bien.
Pas drôle pour John Corabi, qui tomba quasiment dans l'oubli après ce triste départ (aujourd'hui, il reprend souvent des titres de Mötley Crüe en version acoustique, Hooligan's Holiday en particulier).


Toute cette introduction pour dire que la musique n'a pas fait revenir Vince Neil, ce qui est assez désespérant quand on y pense. Ce qui explique sûrement ce Generation Swine qui ne plaira pas à certains.


Ceux qui s'attendait à un Dr. Feelgood bis vont être extrêmement déçus. Effectivement, Mötley Crüe sonne différement sur ce skeud, il n'y a plus rien du son d'antan. Beaucoup de choses électroniques et d'arrangements ici. Pas le piano ou l'harmonica, non on est plus prêt de l'ordinateur. Le son parait synthétique. Glitter par exemple, est une nouveauté pour le groupe : batterie truquée, jolies nappes de synthétiseurs, voix féerique de Vince Neil, ambiance limite atmosphérique, passages Indus bref, on a affaire à un tout nouveau Mötley Crüe.
Sur tout l'album le mot d'ordre est Indus. Et oui, qui aurait imaginé que Mötley Crüe enregistrerait un jour un album à prédominance Indus ?
Mais, aussi improbable que cela puisse paraitre, la bande bariolée réussie haut la main ce nouveau pari.
Flush (bonne mélodie), Beauty (une chanson noire dans son ensemble, les arrangements Indus vont à merveille), Let Us Prey (un putain de bon riff, et Vince Neil retrouve sa voix du bon vieux temps, le refrain est un vrai défouloir avec des hurlements incontrôlés et une violence maîtrisée), Confessions (écrit par John Corabi à l'origine, doté d'un très bon solo de Sir Mars), A Rat Like Me (un peu en dessous du reste de l'album malgré un riff à tendance Grunge) et Shout At The Devil '97 (meilleure que l'originale. Un orgasme musical, où Mötley Crüe explose les enceintes) sont les exemples mêmes de la nouvelle direction musicale de Mötley Crüe.


Generation Swine est à prédominance Indus, comme je l'ai dit plus haut, oui. Mais, tout ne sonne pas comme tel.Mötley Crüe est un groupe rempli d'énergie brute : Find Myself est une ouverture grandiose très grasse, quasiment Punk dans la force et l'énergie, la chanson explose littéralement à la fin avec un Vince Neil qui hurle comme jamais (la voix de la gamine aide bien). Anybody Out There est la chanson la plus rapide de Mötley Crüe : Tommy Lee cogne sec contre ses fûts, tandis que Mick Mars nous envoie des courts mais très bon soli dans les gencives. Generation Swine est aussi un belle démonstration, avec quelques petits passages Indus qui renforce la chanson et des couplets géniaux.
Le single Afraid est un peu à part. Sonnant carrément Grunge et Indus à la fois (le son de la batterie y est pour beaucoup), Afraid est à la fois une belle chanson avec son refrain rempli d'espoir et une fin magnifique, superbe !


Autre première pour Mötley Crüe (décidément), Nikki Sixx et Tommy Lee chantent chacun un titre. Et quels titres mes amis ! Rocketship est comme un voyage dans l'espace, la voix lointaine mais magnifique de Nikki Sixx nous accompagne très loin avec de superbes arrangements et une guitare acoustique qui procure une atmosphère intimiste. Brandon est une ballade chantée au piano par Tommy Lee, qui est accompagné ici par un violon touchant. Dédié à son fils avant de naître de son union avec Pamela Anderson, Brandon est un bien bel hommage où Tommy Lee montre qu'il est aussi doué au chant qu'à la batterie (les poussées sont géniales).


Revenons un peu à Vince Neil. On sait donc que le bonhomme est revenu surtout pour les gros sous (et ça marchera). Avant l'écoute de Generation Swine, on aurait pû se méfier de sa future prestation (manque de motivation, je m'enfoutisme) mais aucune inquiétude, Vince Neil est en grande forme et module à merveille sa voix. Grave sur Beauty, nasillarde sur Afraid et Confessions, hurlée sur Find Myself et Let Us Prey etc.. Le blondinet teint alors en l'époque en rouge/rose couvre un très large panel (il en couvre un si gros qu'on se demande des fois si c'est bien lui qui chante).
Mick Mars est celui qui est mis le plus en retrait sur l'album, même si il place d'excellents riffs (Find Myself, Let Us Prey, Afraid) et des soli géniaux (Anybody Out There, le modifié de Glitter, Confessions). Tommy Lee brasse, comme d'habitude, un très bon boulot (quel régal ces parties de batterie modifiée). La basse de Nikki Sixx est toujours aussi présente, on se délecte de son jeu parfait.


Generation Swine est un album déroutant au premier abord, c'est vrai. Il coupe totalement avec le reste de la carrière du groupe. Mais, à force d'écoutes, il révèle ses nombreuses facettes et on l'apprécie à sa juste valeur. Mötley Crüe signe encore une fois un très bon album.


(critique publiée précédemment sur Nightfall sous le pseudonyme KingKilling)

Nikki
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le 25 nov. 2015

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