Giù la testa (OST)
8.6
Giù la testa (OST)

Bande-originale de Ennio Morricone (1971)

Il était une fois au concert de Morricone

Il y a encore 1 an ou 2, je n'aurai jamais cru si on me disait que je payerai 80 euro pour un spectacle. Mais là, c'était différent: Ennio Morricone punaise, un homme qui a tellement marqué ma vie de mélomane.


Et y a aussi une autre raison un peu plus triste: Tonton Morricone n'est plus très jeune et approche déjà les 87 printemps. En plus, il a aussi des problèmes de dos et il a du donc subir une opération qui a fait suspendre ses dernières représentations pendant quasi 1 an. Je pense qu'il y a très peu de chances qu'il refasse une nouvelle tournée après celle-ci, il était par conséquent obligatoire que je saute sur cette occasion...


Au jour j (le 3 février), j'apprenais aussi que j'ai réussi tous mes examens. Ça m'étonnerai que je vive une meilleure journée cette année! Je vais donc à 19h avec une banane d'enfer au concert, qui se passe à Bruxelles Expo (jamais foutu les pieds là-bas, c'est chelou comme endroit), plus précisément dans le Palais 12. A mon grand étonnement, moi qui pensais entrer dans un opéra prestigieux comme ceux que je voyais dans les vidéos de d'autres concerts de Morricone, je suis tombé dans une salle de concert de ce qu'il y a de plus commun avec, devant l'entrée, un stand d'hot dogs et des distributeurs de bières fraîches comme si c'était les Gun 'n Roses qui jouaient ce soir! Ça casse un peu le fantasme et l'immersion mais bon...


Ensuite, j'étais pas vraiment surpris de voir que la moyenne d'âge du public était de 40 piges, les places "chaises roulantes" étaient remplies lol! J'ai croisé quand même quelques jeunots cinéphiles qui devaient avoir 25, 30 ans mais je pense avoir été le plus jeune (si on ne compte pas les gosses accompagnant leurs parents) et le seul noir (mais ça, j'ai l'habitude lol).


Allez, après presque 1 heure d'attente, il est temps de s'installer: je me suis mis bien, catégorie 2 à environ 50 mètres de la scène alors que j'ai vu plein de pauvres galériens sur les balcons. Ouais bon, comme tout se passait trop merveilleusement bien, fallait quand même une dame à la coupe afro pas possible qui s'assoit devant. A côté de moi, une vieille flamande qui me parlait parfois pendant la représentation et je me demandais si elle savait que je pigeais presque que dalle à ce qu'elle me racontait (3 ans de cours de néerlandais pour me rappeler que de "Ik ben" et "goedemorgen", check ça).


20h30, les lumières s'éteignent et le concert commence enfin. On voit débarquer les 100 (!) musiciens et les 50 choristes et ils commencent à jouer. Après quelques minutes, Maestro Ennio Morricone apparaît tel un ange venu nous bénir de sa musique céleste (j'en fais trop? ouais, un peu). Les applaudissements sont tonitruants! Le maestro s'assoit sur une chaise et ne va donc pas performer debout comme dans ses précédentes tournées à cause de son mal de dos et aussi de son grand âge.


Le premier son dirigé par sa baguette retentit, c'est le thème du jouissif "Les Incorruptibles" et on rentre directement dans le bain. Le son est bon bien évidemment, même si on peut regretter qu'il soit trop amplifié comme si c'était un concert de rock (normal, la salle du Palais 12 est adapté normalement pour ça). J'aurai aimé une sonorité plus brute et naturelle, une salle d'opéra comme celle des Bozar aurait été parfaite pour de la musique classique! Pour continuer sur les défauts, je trouve dommage de pas avoir passé des extraits des films dont les musiques sont tirées dans les écrans utilisées juste pour la captation live. Et enfin, pour ce qui est des sopranos invités, on a eu Susanna Rigacci qui a une voix tellement impressionnante que je me suis demandé si c'était pas du playback. Nan mais c'est dec, c'était vraiment dingue et l'envolée sur The Ecstasy of Gold est à se faire saigner du nez sérieux! Cependant, Ennio avait annoncé dans sa vidéo promo la présence de l'immense Dulce Pontes...et elle n'était même pas là alors qu'elle aurait apporté une dimension vraiment intéressante au concert! J'imagine qu'il l'a réservée pour des dates plus importantes genre pour Paris ou l'O2 de Londres (OSEF d'un patelin comme Bruxelles hein) mais ça me met en rogne: j'ai un peu payé pour elle aussi!


Après la musique du film de De Palma, Morricone enchaine les classiques dont les merveilleux Deborah's Theme, Legend of 1900, Il était une fois dans l'Ouest, Cinema Paradiso et Metti una sera a cena. J'ai eu la chair de poule, j'étais complètement emporté et hypnotisé. J'ai vu des milliards de fois ses concertos au petit écran de mon PC et c'est comme si je les découvrais vraiment pour la première fois, c'est dingue! Vient ensuite ma musique de film préférée: Giu la testa, magnifique, le sommet absolu du spectacle! Après 1h d'effort, Morricone a bien besoin d'une pause: petite interlude de 20 minutes donc où j'ai découvert en sortant prendre un peu l'air, un petit stand de merchandising où étaient en vente des tshirts, des posters, des CD et même des tasses à l'effigie de la star du soir. C'est marrant!


21h50, ça redémarre par une petite partie que j'ai jamais vraiment kiffé: celle où Ennio privilégie de la musique plus "agressive", "guerrière" du genre La classe operaia va in paradiso. Franchement, t'aurai pu glissé un petit Cosa avete fatto a Solange?, un Mon Nom est Personne ou un Pensiero Stupendo pour rester dans une ambiance envoûtante. Soit, les goûts et les couleurs hein!


Après plus de 2h10 de périple musical d'une rare beauté où j'ai pu en même temps me remémorer des œuvres cinématographiques aussi magnifiques les unes que les autres, Morricone se lève difficilement de sa chaise pour saluer son public une dernière fois, après plusieurs rappels, et disparaît définitivement de la scène...


P.S: Ouais bon SC, faudrait un moment vous décider pour une section "Spectacles" non?

Wobot
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le 12 févr. 2015

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Wobot

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