Ce qui devait être son tout dernier concert, à la fin de la tournée issue de son splendide album Sean-Nos Nua de reprise de chansons traditionnelles irlandaises (« Je n’arriverai pas à avancer tant que je n’aurai pas chanté ces chansons »).
Devant une assistance recueillie, dans un théâtre de son Dublin natal, Sinéad O’Connor entre simplement sur scène, souriante, elle branche ses micros, elle remercie, salue.
En sandales, pantalon large et chemisier mystique, quelques cheveux sombres encadrent la beauté pure d’un visage au regard lumineux. Au fond, quelques lueurs éparses, comme un grand ciel étoilé. Molly Malone . Le son est magnifique, l’image parfaite, la réalisation sobre et précise, sans à coups, avec de nombreux gros plans.
On est instantanément pris, capturé, captivé, sous le coup de l’émotion.
Sinéad O’Connor, authentique, sans aucun artifice, chante. Et on est parcouru de frissons. Violon, violoncelles, accordéon, flûtes, guitares, percussions : le petit orchestre qui l’entoure est superbe, sage, comme recueilli lui aussi. Les morceaux s’enchaînent, tous plus beaux les uns que les autres, tous issus de ce poignant et incomparable folklore irlandais .
« Ceux d’entre nous qui avons de la voix pleurons la douleur de ceux qui ont peur de l’exprimer tout haut» . Porte-parole des tourments universels, c’est une artiste investie et généreuse qui se donne ce soir, avec une profondeur, une pureté et une sincérité hors du temps, hors des modes et hors des concepts. Et avec sa voix bouleversante, incomparable.
Nothing compares 2 U. Nouveau frisson. Version dépouillée et bouleversante de cette merveilleuse chanson signée Prince et dont elle a fait un tube, son tube… et quel tube !
Treize chansons dont une grosse moitié extraite des Sean-Nos, mais aussi d’exceptionnelles versions de Fire in Babylon, John I love you, Thank you for hearing me…
Le concert se termine avec Sinéad seule à la guitare, belle, souriante pour The last day of our acquaintance qui explosera magnifiquement à mi-parcours avant de sonner la fin d’une soirée d’exception, miraculeusement rendue sur ce support DVD dont on bénit les vertus de conservation d’instants magiques comme ceux-là…
Dans les bonus qui suivent, on pourra considérer comme anecdotiques les clips filmés dans une ferme irlandaise, avec une Sinéad O’Connnor aux paupières lourdement dorées. Le play-back (très gênant après avoir vu le concert !) et la mise en scène un peu minimaliste n’offrant qu’un intérêt limité.
Par contre, le documentaire sur la réalisation de l’album « Sean-Nos Nuas » est remarquable. L’artiste s’exprimant sur fond de verte campagne irlandaise, Moorlough shore a capella dans sa cuisine, devant une tasse de thé et les prises sur le vif lors des sessions d’enregistrement, valent leur pesant d’or.