Guilty Species
7.2
Guilty Species

Album de Jessica93 (2017)

Le futur du Rock français ? Son présent, plutôt !

Nous savons depuis deux ou trois décennies que le Rock est devenu une histoire à répétition, une sorte d’éternel retour des mêmes idées, des mêmes sons. Quelques fois, vieux vétérans que nous sommes, nous nous sentons un peu fatigués par ces bégaiements de l’Histoire, et nous avons du mal à partager l’enthousiasme général vis-à-vis de musiques déjà entendues. Sauf, avouons-le honnêtement, quand il s’agit de faire revivre les sensations extrêmes inoubliables de l’un des plus beaux courants musicaux du Rock, le "post-punk" (que l’on qualifiait alors de "cold wave", ne l’oublions pas). D’où notre faiblesse coupable envers des Interpol ou des Editors, ou plus récemment un Vietcong / Preoccupations. D’où notre intérêt à l’écoute de la rumeur grandissante concernant la musique de Jessica93, le projet de Geoffroy Laporte


"Guilty Species" est déjà le quatrième album de ce compositeur multi-instrumentiste surdoué, ce qui explique sans doute le sentiment de "maturité" musicale qui nous saisit dès l’intro de "R.I.P. In Peace" : voici une musique qui est certes près de ses racines, le post-punk donc, mâtiné d’une indéniable brutalité typique des 90’s, mais qui sait s’élever vers le ciel, vers la lumière. Si les premières écoutes laissent un léger sentiment d’uniformité, les titres s’enchaînant avec une intensité constante, sans que jamais les potentiomètres de sortent de la zone rouge, on réalise rapidement la vitalité des mélodies de Geoffroy, qui rendent l’album terriblement addictif, et en font la bande son incontournable d’un mois de novembre parisien sombre et gris.


Entre une basse qui évoque Joy Division, des guitares saturées qui oscillent entre les débuts de Nirvana ou la transe de Slowdive, Jessica93 tire habilement son épingle du jeu en 8 morceaux intransigeants, insoumis, qui font honneur à une scène Rock française qu’on a trop souvent tendance à réduire à ses composantes électro. On regrettera à la limite une production un peu terne, qui affadit bêtement une musique pleine de bruit et de fureur, et on se prend à rêver : qui sera le Martin Hannett ou le Butch Vig qui permettra demain à Geoffroy de pondre le chef d’œuvre absolu qu’il porte certainement en lui ?


[Critique écrite en 2017]
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Créée

le 26 nov. 2017

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Eric BBYoda

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