A peine moins raté que les deux précédents.

Ça commence très mal par une horreur de la lignée du "Art Official Cage" de l'année dernière. Le morceau s'appelle "Million $ Show" et est attribué à Prince (feat. Judith Hill). En fait, à l'écoute on aurait tendance à considérer que c'est plutôt un titre de Judith Hill produit par Prince. C'est affreux.
Les trois suivants ("Ain't About 2 Stop" - avec 3rdEyeGirl - "Shut this Down" et "Like a Mack") sont d'une vulgarité à faire peur. Prince racole plus que jamais les fans de Arènbi bling-bling (et la présence d'une dénommée Curly Fryz - tout un programme ! - ou d'une Rita Ora n'arrange rien, bien au contraire). Il y a bien de-ci de-là des sonorités qui évoquent le Prince qu'on connaît sur "Like a Mack", mais c'est fort peu. Et peut-être qu'on pourrait mieux apprécier s'il ne s'évertuait pas à faire participer les plus vulgaires - pléonasme - rappeuses à son travail.

L'année dernière, Prince s'était déjà foutu de la gueule du monde en plaçant un hideux remix de "Funknroll" (le seul vrai bon morceau de Plectrum Electrum) sur Art Official Age. Cette fois-ci, il nous refait le coup en intégrant sur HitnRun un remix de la fadasse "This Could B us" déjà présente sur Art Official Age. La seconde partie (instrumentale) est toutefois plus écoutable. Il nous case aussi la version solo de "Fallinlove2nite", parue il y a quasiment 2 ans en single avec la contribution vocale de Zooey Deschanel, et plus loin on aura la joie d'entendre un remix de "Clouds" (du même Art Official Age) intitulé "Mr. Nelson". Vital. C'est un album de remix ou quoi ?

Entre ces divers remixes et les vomitifs morceaux trans-techno-dance, on se demande s'il s'agit bien d'un disque de Prince. (mal)Heureusement, la suite va nous prouver que oui car la seconde moitié de l'album est plus intéressante. Le meilleur passage étant "The X's Face" (le plus typiquement princer des titres de l'album - le meilleur) enchaîné à "Hardrocklover". Après l'insipide "Mr. Nelson" évoqué plus haut, on peut entendre une nouvelle version de "1000 Hugs & Kisses" (rebaptisée "1000 X's & O's"), vieux morceau enregistré en 1992 avec Rosie Gaines puis avec Nona Gaye l'année suivante. Le résultat est une ballade correcte. On ne regrettera que la disparition de la petite ponctuation des cuivres qui donnait de la couleur à la version de 1993.

L'album se conclut par "June" qui illustre tous les défauts actuels de Prince. Ce morceau aurait pu être génial si seulement il avait résisté à l'envie de nous coller encore une fois ces fichus claquements de doigts qui, heureusement, ne gâchent pas tout. Mais sans eux, cette chanson aux sonorités ambient aurait vraiment été une réussite de finesse et de simplicité. Ce qu'il sait encore faire... quand il veut. Et c'est pour ça qu'on aime la musique de Prince d'habitude. Parce qu'il est censé avoir un univers sonore qui lui est propre. Depuis l'année dernière, il ne semble vouloir publier que ce qui le banalise et le rend ordinaire (alors qu'à côté de ça, il produit encore de bonnes, voire d'excellentes choses : cf. les récents "Free Urself" - qui rappelle grandement le "Be Yourself" de Isaac Hayes (cf. Shaft), "Stare", "Extraloveable", "Da Bourgeoisie" ou même "Groovy Potential" et "Rock and Roll Love Affair" par exemples).

Bilan de HitnRun :
4 bons titres sur 11 ("X's Face", "Hardrocklover", "1000 X's & O's" et "June").
C'est mieux que Art Official Age qui n'en comporte que 2 sur 13 ("The Gold Standard" et "Way Back Home") ou que Plectrum Electrum dont seul "Funknroll" vaut vraiment quelque chose.
7 chansons au total : même pas de quoi faire un album.