Me voici bien ennuyé.
En dépit d’une petite déception peut être liée à une attente trop grande, je ne veux pas dire quoi que ce soit qui laisse entendre que Mac Demarco a sorti un disque ennuyeux ou sans relief, parce que comme pas mal de monde, je pense qu’il reste un des jeunes song writers les plus talentueux des années 2010, un personnage touchant et romantique bien planqué derrière sa nonchalance, ses abus de bières et ses provocs potaches, capable en quelques accords, une guitare à trois sous et un ou deux claviers de créer des chansons d’une beauté à tomber par terre.
Mac Demarco avait jusqu’à présent une discographie aussi courte qu’irréprochable faite de trois albums superbes, du déjanté Salad Days à l’introspectif This Old Dog. La réussite de l’ensemble s’est toujours faite sur le fil du rasoir entre des mélodies très pures et des arrangements essentiels, j’entends par là réduits à leur plus simple essence, mais souvent agrémentés d’effet complètement décalés qui font passer la chanson sur laquelle ils s’appliquent dans une autre dimension (ah les hallucinants échos de guitares sur la ballade Moonlight on the River…) L’ensemble étant donc un parfait équilibre entre le pure et l’épure, saupoudré d’une pointe de folie, le tout agrémenté de textes assez personnels, souvent doux amers.
Je reviens donc à Here Comes the Cowboy que je viens d’écouter (quand même !) cinq ou six fois. Ce qui me frappe d’abord, c’est que cet opus est, disons, totalement sous produit. L’équilibre dont je parlais est rompu : oui, il y toujours de belles mélodies (quand même, Finally Alone Heart ot Heart ou On the Square sont par exemple des petites perles dont Demarco a le secret), mais l’épure est vraiment poussée très loin, si bien qu’on a plus l’impression d’écouter une maquette qu’un album totalement achevé. En cela, la comparaison est rude par rapport au précédent This Old Dog qui apparaissait comme le summum de la science du musicien. Le bon côté de la chose, car il y en a tout de même un, c’est une grande impression de proximité, un peu comme si le micro était placé à coté de votre oreille.
La seconde chose, et c’est sans doute la plus dommageable, est que l’album est un peu plus inégal que ce à quoi Demarco nous avait habitué. Le délire pseudo country du premier morceau éponyme est un peu lassant, Hey Cowgirl un peu faiblard et la ballade K un peu longuette…
Petite déception donc, mais de mon point de vue, il est impossible de détester ce disque, car toujours, ce que l’on entend très fort, c’est la sincérité de l’auteur et sa volonté d’être en marge d’un système qui en a poussé plus d’un, et pas des moins doués, à vendre leur âme (bye bye Coldplay…)
Mac Demarco reste ce qu’il a toujours été, et tout au plus si cet album en demi-teinte est un petit passage à vide, il n’est pas pour autant dénué d’intérêt.
Ceux qui tirent des conclusions négatives de cette relative faiblesse, devraient toujours garder à l’esprit qu’un artiste, aussi bon soit-il ne peut être à 100% sur l’ensemble de sa période créative. A seulement 29 ans et avec tout ce talent, celui-ci a bien le temps de nous écrire de très belles choses.
Allez Mac, pas de doute, le prochain album sera excellent !

Kabloona
7
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le 12 mai 2019

Critique lue 290 fois

5 j'aime

Kabloona

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