Et si c'était ça, l'avenir du punk-rock français ?

Heroes on empty streets constitue le 3ème album des rennais de The Decline!.
Sorti encore une fois sur Kicking Records (Les Sheriffs, Flying Donuts, Rebel Assholes...), ce disque reste dans la continuité de la professionnalisation du groupe.


Le son de l'album en est un fidèle reflet, notamment avec ce travail sur les choeurs (on en parlera un peu plus tard), ainsi que sur les guitares rythmiques qui construisent avec brio l’atmosphère de cet opus, titres après titres. On a pas peur de mettre du clavier ici et là (Someday somehow par exemple) pour appuyer les refrains.
Les titres sont de plus en plus posés, de moins en moins "chansons à boire" (Joyful thrill fait office d'exception).


C'est un son assez atypique dans le paysage punk-rock français, et qui s'assume encore plus avec Heroes on empty streets. Les trois premiers singles (Heroes on empty streets, Outsiders et We love our scars) ont donc été un peu déstabilisant (du moins, pour moi). Uniquement la dernière des trois me laissait présager du bon, les deux premières me semblaient alors trop plates. On est loin de l'effet coup de poing lors de la sortie de A smiling beast, a crying angel pour 12A, Calvary road, les qualités se dévoilent écoutes après écoutes, et surtout après découverte de l'ensemble de la galette.


La face B (à partir de We love our scars) est vraiment poignante une fois qu'on a un peu assimilé le son de l'album. Les fameux choeurs portent vraiment les titres, toute la mélancolie des compositions est super bien retranscrite sur les "Everlasting, ever fading" et les refrains. Cette réussite est selon moi à son paroxysme sur Own goals.


La professionnalisation du groupe se ressent aussi sur scène. Le concert est un peu chorégraphié (sans être kitsch pour autant), on sent que les gars ont bossé un set de bout en bout. J'ai trouvé la différence entre les vieux tubes et les nouveaux titres assez frappante. J'attendais alors rien des dernières compos, et c'est pourtant bien elles qui m'ont mis une grosse claque (même Outsiders que je trouvais moyenne à la maison). Les vieux titres étaient presque décevants en comparaison.
Voir l'orchestre en live a vraiment changé ma perception de l'album, et aussi du groupe, qui trouve ses motivations et ses références ailleurs que ce qu'on voit habituellement en France sur cette scène.
Le fait de partager la tournée où je les ai vu avec Not Scientists n'était certainement pas dû hasard : ce sont deux fleurons du punk-rock (semi-)pro, qui sont tout sauf des vendus, mais surtout des excellents groupes réellement originaux.


En conclusion, cet album m'a paradoxalement marqué : initialement je trouvais les compos assez routinières et moins folles, mais en réalité elles sont très bien maitrisées et bien plus riches que sur les albums précédents. C'est un album blindé de qualités, si on veut bien oublier qu'un groupe de punk-rock n'est pas nécessairement là pour envoyer uniquement des titres de 2 minutes calibrés et faits pour le pogo.


Les groupes français deviennent de plus en plus pros, et ce qu'en j'en vois me plaît.
Mon moi de 17 ans était vraiment con.

Tikoud
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le 13 août 2017

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Tikoud

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