Les critiques de ce site ne rendent pas justice à l'album et pourtant sa moyenne est excellente.
Je vais donc essayer de synthétiser un peu ce qu'on peut en dire (on ne va pas chercher à le cacher, il y a un gros copier/coller, tant pis, j'assume), tant le scénario et les paroles sont travaillés en amont. (Au passage, j'assume également mon côté fanboy... c'est d'un bout de ma jeunesse que nous traitons ici!)



Sorti le 13 novembre 2000 sur le label Interscope Records., Holy Wood apparaît comme une introduction aux deux albums qui l’ont précédé, Mechanical Animals et Antichrist Superstar, les trois œuvres formant une sorte de trilogie.



Trois singles (Disposable Teens, The Fight Song et The Nobodies) en sont issus, ainsi qu’un roman qui n’a toujours pas été publié.



L'album se veut une réponse au massacre du lycée de Columbine qui eut lieu le 20 avril 1999, certains médias ayant pointé du doigt Marilyn Manson, en l’accusant d’avoir inspiré et encouragé l’état d’esprit violent des auteurs de ce crime au travers de sa musique et de son ambiance visuelle «gothique». En réponse, l'album souligne l’obsession de la société américaine pour les armes, la religion et la célébrité, notamment la notoriété (propagée par les médias) qu'une mort violente peut entraîner.



Ainsi, le sujet principal de l'album est la culture de la célébrité en Amérique, l’obsession pour les armes et la fascination pour la mort, le culte du martyr.



Le ton est donné avec la pochette choc de l'album, on y voit Manson tel un Christ amputé de sa mâchoire; comme si on voulait l'empêcher de s'exprimer... Cette pochette provoque de nombreuses protestations de la part d'associations chrétiennes, notamment pendant la tournée qui suit la sortie de l'album.



Les paroles de Manson contiennent de nombreuses références notamment à John F. Kennedy, John Lennon et d'autres personnes qui se sont élevées au statut de martyrs dans la culture américaine grâce à leur mort. La chanson King Kill 33° est une référence à l'essai du même nom des auteurs Michael A. Hoffman et James Shelby Downard qui décrit la présence d'un symbolisme maçonnique dans l'assassinat de John F.Kennedy.



L'intégralité de l'album repose sur un scénario millimétré découpé en 4 parties:



A: In the Shadow (Dans l'ombre)
1. GodEatGod
2. The Love Song
3. The Fight Song
4. Disposable Teens



D: The Androgyne (L'Androgyne)
5. Target Audience (Narcissus Narcosis)
6. "President Dead"
7. In the Shadow of the Valley of Death
8. Cruci-Fiction in Space
9. A Place in the Dirt



A: Of Red Earth (De la Terre rouge)
10. The Nobodies
11. The Death Song
12. Lamb of God
13. Born Again
14. Burning Flag



M: The Fallen (les Déchus)
15. Coma Black: a. Eden Eye b. The Apple of Discord
16. Valentine's Day
17. The Fall of Adam
18. King Kill 33º
19. Count to Six and Die (The Vacuum of Infinite Space Encompassing)



Le personnage principal de l'histoire est l'alter ego de Brian Warner, Marilyn Manson, qui est déjà apparu sous la forme de l'androgyne Omega dans Mechanical Animals et le Ver dans Antichrist Superstar. On peut noter que le titre Coma Black est une allusion au précédent album dans lequel figurait Coma White.



L'album raconte la montée du personnage central de l'album, anonyme, au pouvoir; sa lutte contre Dieu, la montée du peuple de la vallée de la Mort, jusqu'au suicide.



Plus précisément, on suit le parcours de ce personnage, un rebelle de la vallée de la Mort, essentiellement composée de «rebuts de l’humanité», qui mène une révolution contre Holy Wood, un endroit habité par les gens riches et célèbres décrits dans la chanson The Beautiful People. La révolution est une réussite au goût amer car pendant qu’il démantèle Holy Wood, les médias grand public transforment la révolution et la rendent fausse, intéressée, et aussi vaine que ce qu’il détruit. Tout cela amène à son présumé suicide.



Dans Mechanical Animals, on suivait l’aventure de l'androgyne. Il s’agit d’«Omega», un décadent et androgyne extraterrestre qui, tout comme pour Ziggy Stardust de David Bowie, tombe sur Terre, se fait capturer et est lancé comme un produit en tant que star du rock. Un personnage secondaire «Alpha» apparait sur l’album et ressemble plus à Marilyn Manson, lui-même. Omega est attiré par Coma. En tant que rock star, Omēga devient dépendant aux drogues, émotionnellement détaché et dissocié, ainsi que nihiliste. Sa relation avec Coma devient de plus en plus dysfonctionnelle et se termine, sans retour possible. Tout comme dans Holy Wood, il craque.



Dans Antichrist Superstar, on y suit le personnage principal à deux périodes de sa vie : en tant que The Worm (le ver) et que The Disintegrator (le désintégrateur). The Worm est décrit comme une ombre insignifiante qui cherche son chez-soi dans un monde infini de lumière. Au cours de sa recherche, il devient tyrannique, l’éponyme Antichrist Superstar. Il finit par devenir The Disintegrator qui, avec sa critique amère, trahit tout ce que la révolution avait combattu et détruit en chemin tout, tout le monde autour de lui, ainsi que lui-même.



Et puis au delà de tout ça, on retrouve ce qui a fait le succès de ce groupe:
- la voix de Marilyn Manson, inattaquable, innée, puissante, envoutante
- la musique, certes parfois formatée et répétitive mais toujours aussi addictive
- le côté subversif, un peu atténué cette fois paraitrait-il... encore que!
- la scénarisation


Cet album est plus calme et moins trash, et bien soit! Il n'en est pas pour autant moins bon. Il s'en dégage une mélancolie et un dégoût profond de ce qu'est l'Amérique profonde sous ses strass et paillettes, prête à pointer d'un doigt accusateur les prestations d'un artiste dès qu'il y a une catastrophe... (ce n'est plus l'adolescent rebelle qui parle aujourd'hui, mais bien l'adulte fatigué...)


C'est un excellent préquel à la rage d'Antichrist Superstar et à la plongée de Mechanical Animals, le calme avant la tempête, n'en déplaise à ceux qui n'aiment que la tempête!
En ce sens, on peut lui reprocher son côté non fragmentable, certaines pistes ne passant que dans la continuité des autres, l'album s'écoutant d'une traite. Certains lui reprocheront sa longueur à ce niveau, mais "quand on aime, on ne compte pas"! Comment peut-on reprocher à un artiste d'en avoir fait plus que le minimum syndical?


En conclusion, Holy Wood fait partie intégrante de la trilogie dont les 3 albums sont ce que le groupe a fait (et aura fait, je le crains) de mieux depuis sa création. Il pourrait constituer une excellente porte d'entrée à l'univers de Marilyn Manson tout comme les 2 autres.

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le 27 sept. 2019

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