Honeymoon
6.8
Honeymoon

Album de Lana Del Rey (2015)

On peut louer la productivité de Lana Del Rey, dont Honeymoon est le quatrième album en un peu plus de trois ans, ainsi que sa capacité à faire de chacune de ses œuvres des entités assez distinctes alors même que le style de ses compositions varie peu. Ainsi, l’artiste crée avant tout des atmosphères sur lesquelles elle pose sa voix de façon de plus en plus en plus maîtrisée, mais ses chansons demeurent au fond plutôt similaires, ce que cet album a du mal à dissimuler. Après l’extatique Born To Die, marqué par des sonorités hip-hop qui dynamisaient le chant de l’Américaine, celle-ci se débarrassait de son énergique candeur dans un Paradise très maîtrisé mais plus terne, avec heureusement de grands moments, puis Ultraviolence la voyait renaître plus libre et détendue, grâce à des guitares qui orientaient l’album vers des territoires blues-rock mais aussi à une poignée d’excellentes chansons à forte tonalité mélancolique.


Honeymoon marque hélas une régression : la production se fait similaire à celle de Paradise mais ne retrouve pas les envolées lyriques de ce dernier. Dans l’ensemble, on reste proche des chansons qu’elle écrit pour les bandes originales de films, en général assez réussies mais toutes plus ou moins similaires et évanescentes. Il faut ainsi de nombreuses écoutes avant de parvenir à déceler et différencier les mélodies, au sein d’un album qui ressemble à un couloir un peu trop long, avec des orchestrations un peu trop envahissantes. Ces mélodies se révèlent néanmoins peu à peu, et quelques très bonnes chansons apparaissent. « Music To Watch Boys To », notamment, possède le panache de la plupart des compositions d’Ultraviolence, tandis que « High By The Beach » propage un parfum de décadence estivale spleenétique. Et c’est finalement l’originalité de certains arrangements qui magnifie l’enregistrement, les sonorités orientales qui ponctuent « Freak » et « Art Deco », le mellotron de « Salvatore » où les cuivres bondiens de « 24 » valant plus le détour que les compositions elles-mêmes. Drôle d’album que cet Honeymoon où Lana Del Rey semble s’être trop reposée sur la production, et qui est finalement bel et bien sauvé par cette production. Très évanescent, assez difficile d’accès, parfois funèbre, mais finalement réussi avec quelques très grands moments.

Skipper-Mike
7
Écrit par

Créée

le 18 sept. 2017

Critique lue 169 fois

Skipper Mike

Écrit par

Critique lue 169 fois

D'autres avis sur Honeymoon

Honeymoon
RustinPeace
9

Dark Paradise.

Après plusieurs albums et EP aux fortunes diverses, dans lesquels elle développait un univers hybride, à la fois pop, R'N'B, et symphonique, "Honeymoon" semble marquer la maturité de Lana Del Rey...

le 18 sept. 2015

21 j'aime

Honeymoon
EricDebarnot
8

J'ai côtoyé la Beauté

Lana telle qu'on l'attendait, débarrassée autant des tics RnB de "Born to Die" que de l'horrible production "lynchiano-rock" concoctée par Dan Auerbach pour son "Ultraviolence" largement raté : sa...

le 25 sept. 2015

10 j'aime

3

Honeymoon
Caroline4
9

Moonrise Kingdom

Lana. Ô Lana. Toi et moi, c'est une grande histoire musicalement profonde, qui dure, et que rien ne semble pouvoir briser. Je t'ai découvert il y a quelques années, un peu par hasard, avec Blue...

le 27 sept. 2015

9 j'aime

3

Du même critique

The House That Jack Built
Skipper-Mike
10

Übermensch unter alles

Que filmer après avoir réalisé son œuvre somme, et comment le filmer ? En poursuivant les explorations déjà entamées tout en dynamitant ce qui faisait son cinéma, répond Lars von Trier. Le Danois...

le 10 oct. 2018

11 j'aime

7

Too Old to Die Young
Skipper-Mike
10

Le grand remplacement

Adepte des films courts, Nicolas Winding Refn semble sortir de sa zone de confort en passant au très long format, mais les premières minutes laissent en fait plutôt penser qu’il s’agit pour lui d’une...

le 22 sept. 2019

7 j'aime

2

Wendy et Lucy
Skipper-Mike
9

Far from the wild

C’est juste l’histoire d’une femme qui perd sa chienne, et c’est pourtant le film le plus pesant au monde. Le registre ultra-minimaliste n’y est pas pour rien, avec des décors sobres (les quartiers...

le 18 janv. 2019

7 j'aime