Moi, j'aime bien le bruit. C'est chantant, ça peut égayer, parfois.
Après, faut-il se poser la question de savoir si ce dit bruit doit avoir un quelconque intérêt pour exister.
Lorsque l'on écoute ce machin curieux, une première fois, on est prit par surprise. On cherche à se débattre, on fuit, où on reste en extase merveilleuse. Comme tout ce qui est post, c'est souvent après que le meilleur vient ( achevez moi ) et c'est difficilement aux premières auditions de ces notes hivernales que l'on peut goûter véritablement la quintessence de la chose. Je disais plus tôt, le bruit a t-il besoin d'un intérêt pour exister ? Si on applique la question au format MONO, il est clair que non. Ici, tout prend place dans un cadre marginal, rêveur, un peu somnolent, un peu fourbe dans sa construction, mais ce cadre, en dépit de son aspect hasardeux, est d'un strict certain. Lorsque l'on va puiser aux racines du genre ( Talk Talk, par exemple, ou GY!BE un peu plus tard ), on se rend compte d'une certaine instabilité, d'un rapprochement très osé du son pur, c'est à dire dénué de toute construction musicale formelle. Pour Talk Talk, la quiétude absolue des morceaux peu laisser croire à une pierre lisse, un pavé sans égratignure aucune, mais quelques bribes de son se perdent parfois pour ouvrir à chaque nouvelle audition des chemins différents. GY!BE, à contrario, propose immédiatement une forme plus chaotique et dévastatrice, comme une certaine impulsivité musicale se déchaînant par des rafales d'échos.
Mais, pour en revenir à l'intéressé, Hymn n'a, je pense, pas ce hasard et c'est à la fois son avantage et son problème.
Son avantage qui permet différents leitmotivs qui viennent souvent renforcer l'impression d'aventure émanent des sonorités, comme d'un conte épique par exemple. De la première note à la fin, on nous raconte une histoire ferme et précise qui ne laisse aucune place à d'autres interprétations. Chaque morceau est une page, le tout relié dans un ouvrage inchangeable, ce sans dépassements qui viendraient troubler la poésie mathématique se dessinant au sein des pages.
Mais, l'inconvénient de ceci, c'est le manque de vagabondage. J'aime me perdre dans la musique, voilà pourquoi je vais préférer les esthétiques de silence que présente Talk Talk. Et cette rigidité de l'album m'empêche cette évasion et me donne une seule et unique route à suivre, toute faite de bitume triste et neutre qui ne s'autorise aucun écart. A la première écoute, j'étais à la fois subjugué et paralysé, comme si une force inconnue venait de s'abattre sur moi. Mais à la longue, à la fois 35e écoute, on se lasse, on se lasse par la monotonie de la plupart des pièces. Si deux ou trois morceaux sont poignants par leur beauté, ils ne sont que d'un beau éphémère car va bientôt se perdre dans la prédiction trop évidente des notes. Je pense notamment à Burial at the Sea qui est franchement magnifique mais perd sa grandeur mortuaire après une dizaine d'écoute. Et c'est sans parler de ceux sans impact comme Follow the Map, ou moins grave avec Pure as Snow qui est magnifique à la première écoute mais dont la progression d'accords insipides à rapidement fait d'être niaise et fade au possible.


Je tiens à préciser que ces critères de perdition tiennent pour le post-rock ( même si c'est complètement con de genrer mais pas grand chose à foutre dites ).
Hymn est un album d'une fois, un album remarquablement éphémère mais dont toute la magie se perd après quelques écoutes. Bientôt une année que je l'écoute et malgré quelques instants rares de frisson, je ne retrouve plus cette magie initiale qui me transportait encore il y a quelques mois.
Si seulement cette structure n'avait pas été aussi exigeante.


J'ai conscience que cette critique va être reçue négativement pour les kilomètres de connerie qu'elle expose mais j'avais rien de mieux à faire de ma soirée donc foutez moi la paix oh

Aristhot
6
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le 23 oct. 2017

Critique lue 205 fois

Aristhot

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