J'avais vraiment hâte d'écouter cet album. Avant ça, je m'étais passé en boucle La mort dans la Pinède et À l'aube qui m'avaient en quelque sorte redonné confiance en la musique chantée et jouée en français par des français. Oui, parce que ce n'est pas du Fauve, ce n'est pas du Saez, ce n'est pas du Brel, ce n'est pas du Ferré etc. Parfois, ça rappelle Thiéfaine ou Noir Désir, le premier par l'extrême inventivité et littérarité des paroles, loin d'un Fauve qui utilise le vocabulaire de tous les jours pour parler de la tristesse de tous les jours. Ici, pas de ça, souvent on comprend vraiment après la deuxième ou troisième écoute. Ils me font penser à Noir Désir pour le soin apporté à l'instrumental, avec un vrai talent derrière, là encore, loin des accords de guitare joués en boucle, plus une ambiance à la Radiohead mais à la française. Cet album semble exiger de l'attention, et une écoute attentive. Son exigence lui sera sûrement reprochée, mais c'est une belle exigence, avec de longs bouts d'instrumental pour souffler au milieu des mots et des vers développés par la voix suave du chanteur. Dans les paroles, on oscille parfois entre des ballades un peu cliché (Le Pont Marie) qui sont rattrapées par des étranges associations d'idée qui donnent à la situation (banale histoire d'amour qui finit mal il est vrai) une nouvelle dimension "Jure moi qu'importe le danger, que même si l'on crève, nos sanglots seront toujours reptilien". La mort dans la Pinède aborde par ailleurs un thème pas si courant, celle de la perte de la virginité, avec une douceur et une violence à couper le souffle.
C'est donc un début prometteur que nos donne ce jeune groupe, alliant des paroles ciselées et de beaux morceaux de musique, de vraie musique, de vrai talent. Presque un ovni. Un bel ovni. "Toutes les premières fois gauches" peut-être, mais pour Feu!Chatterton, celle-là ne l'est pas.