J’ai pris des mois avant de faire ma critique de Is This The Life We Really Want de Roger Waters. En vérité, j’avais peur de ne pas être à la hauteur. Je ne suis pas un connaisseur en musique et suis rarement capable de dire en quoi une musique est bonne ou non.
Le truc, c’est que quand j’ai écouté ce Is This The Life We Really Want, dans mon car, j’ai ressenti quelque chose de singulier. J’avais vécu quelque chose d’intense comme avait pu le faire un The Wall ou Dark Side of The Moon. J’écoutais les chansons, et je lisais le livret en même temps pour comprendre les paroles, et j’en étais venu à cette conclusion :
Cet album est un avertissement. Une mise en garde face à la puissance destructrice que pourrait être les USA sous Trump. Une mise en garde face aux lobbystes, face au conformisme, à la propagande, aux médias, au extrémistes religieux (Déjà Vu et son magnifique « If I have been God »). Un album qui pleure les réfugiés qui meurent dans l’océan et dont les corps inertes viennent s’échouer sur les plages. Un album qui rigole de la douce odeur du gaz mortel (Smell The Roses). Bref, un album pessimiste dont chacun des vers est un cri de guerre contre tous les maux de notre société, où chaque note de guitare sonne comme un cri de douleur accompagnées par la voix sombre et démoralisante de Waters.
C’est du Waters tout craché ! C’est ce à quoi je m’attendais en écoutant cet album, et très vite, je l’ai idolâtré, je l’ai fait écouter à un maximum de mes amis pour qu’eux aussi, reçoivent les messages que Waters s’efforce de donner au monde entier.
Puis j’ai vu que les gens n’ont pas vraiment apprécié cet album. Qu’ils en avaient un peu rien à foutre du message de Waters. Que c’était un mec barjo, persuadé qu’on vit dans un monde de merde alors que tout va bien dans notre merveilleuse société de consommation. Le cuistot de mon internat (avec qui je m’entends très bien), m’avait dit après son écoute que Waters était un peu maboule, que son père était mort pendant la Seconde Guerre Mondiale et que ça l’a mis dans tous ses états.
En fin de compte, même mes amis les plus fans de Pink Floyd s’accordaient à dire que cet album était oubliable, aucunement marquant voir même risible. Piochant dans d’anciennes mélodies des Pink Floyd (et je ne le nie pas, cependant, Gilmour faisait déjà ça pour Division Bell), Waters se mentait à lui-même à se prendre pour le messie du monde et à crier sur tous les toits pour nous mettre en garde !
J’avais l’impression d’être le seul qui avait accueilli son message avec sérieux…
J’ai toujours fait gaffe à ce que disait Waters, ça m’arrive souvent de regarder ses interviews, et toutes ses paroles, je trouvais que ça avait du sens. Il faut lire Huxley et Orwell, il faut ouvrir les yeux sur la réalité, il faut prendre du recul sur sa vie et ce qui nous entoure car qui sait, ne serions-nous pas dans une forme de totalitarisme ? Waters prend ces choses au sérieux, et même si je ne suis pas entièrement d’accord avec son propos, je m’y suis attardé, et j’ai trouvé une part de vérité dans ses avertissements, et ça m’a touché.
Quant à la musique en elle-même, c’est posé, pas forcément entraînement ni marquant, mais ça porte le message, ça lui donne un sens, et c’est la fonction que Waters donne a sa musique, et ça a toujours été comme ça. C’est juste que pour le coup, c’est vraiment calme et démoralisant, et que ça peut frustrer pas mal de personnes.
Je comprends parfaitement qu’on puisse ne pas accrocher à Is This The Life We Really Want, ses paroles sont démoralisantes, sa musique est calme et très difficile, et il y a effectivement des longueurs.
Mais Is This The Life We Really Want est un album passionnant à décortiquer pour son propos, pour le message et pour ce qu’il nous révèle sur notre société actuelle. Bien évidemment, d’ici cinq années, cet album sera démodé, Trump ne sera certainement plus au pouvoir (sauf si les américains sont assez cons pour le réélire), les enjeux mondiaux ne seront plus les mêmes et si sa se trouve, Waters sera six pieds sous terres et beaucoup de personnes se souviendront de lui comme étant un artiste agité, horrifié par la puissance américaine, et antisémite (celui-ci étant très investit pour la protection de la Palestine, il s’oppose à Israël). Mais j’aime cet album, il m’offre une vision du monde, qui est personnelle, qui est celle de Waters, mais qui a du sens, et je trouve ça bien qu’il y ait des artistes comme Roger Waters qui s’investissent pour dénoncer ce qu’on fait subir aux plus opprimés.
C’est juste dommage qu’il soit si peu écouté…

James-Betaman
8
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le 1 déc. 2017

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James-Betaman

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